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QUESTION D'ACTU

Antalgiques opiacés

De la morphine fabriquée sans pavot

Une équipe de scientifiques américains aurait réussi à mettre au point un nouveau type de morphine dont le pavot est absent.

De la morphine fabriquée sans pavot Allauddin Khan/AP/SIPA




Les recherches conjointes de scientifiques des universités de Concordia à Montréal (Canada) et de l’université de Berkeley en Californie (Etats-Unis) ont permis de mettre au point un nouveau procédé pour synthétiser de la morphine sans avoir recours au pavot, plante habituellement nécessaire à la fabrication de l'analgésique. Présentée dans la revue Nature Chemical Biology, cette découverte est une avancée majeure en pharmacologie, mais inquiète aussi les scientifiques car elle pourrait rendre plus facile la production illicite d'opiacés.

 

Une morphine moins coûteuse, moins addictive

Pour s'affranchir du pavot, les scientifiques ont eu recours à de la levure génétiquement modifiée et à du sucre. En introduisant un gène issu de la betterave dans la levure, les chercheurs ont réussi à transformer la tyrosine (un acide aminé) en réticuline, une substance utilisée dans la conception de la majorité des antalgiques.

L’objectif de cette recherche est de créer des analgésiques moins coûteux, le pavot étant un produit assez cher, et donc accessibles à un plus grand nombre de patients. Cette découverte pourrait permettre aussi de produire des analgésiques de meilleure qualité, et plus efficaces. Le risque de dépendance serait aussi réduit en comparaison avec les dérivés de la morphine traditionnelle, selon les auteurs de ces travaux.

 

Des recherches à risques 

En revanche, les scientifiques ont été très clairs dans leur publication. Si cette nouvelle recette de morphine se démocratise, il faudra encadrer la production de très près. Selon l’article, avec quelques connaissances basiques en biologie, il serait possible de fabriquer une « morphine maison », avec toutes les dérives que cela comporte.
« Il est facile avec cette substance de produire de l’héroïne, c’est un vrai problème », affirme John Dueber, de l’université de Californie. Cette inquiétude est d’ailleurs partagée par trois universitaires américains, qui, dans un éditorial publié sur le site de Nature appellent à une plus grande régulation de la part des autorités compétentes.

Si par malheur cette « recette » se retrouvait dans les mains de narcotrafiquants, les conséquences pourraient être désastreuses. Pour éviter cette déconvenue, les chercheurs appellent à une plus grande surveillance des laboratoires ainsi qu’à un nombre réduit de production de souches de levure afin d’éviter tout vol. Plusieurs équipes travaillent d’ailleurs actuellement sur la production de souches qui nécessitent certains produits spécifiques afin d’être activées.

Ce n’est pas la première fois que des chercheurs sont sur la piste d’une substance pour améliorer la qualité des antalgiques.
Ainsi, en 2014, une équipe américaine avait réussi à extraire un venin d’une espèce de cône marin à vertus analgésiques fortes. De même manière que la morphine sans pavot, la substance qui pourrait être produite grâce à ce venin serait 100 fois plus puissante et bien moins addictive que tous les produits utilisés actuellement.

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