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QUESTION D'ACTU

Adolescents de 17 ans

Tabac : consommation en hausse chez les jeunes

Un tiers des jeunes de 17 ans fument quotidiennement du tabac. Le message de prévention peine à atteindre cette population vulnérable.

Tabac : consommation en hausse chez les jeunes POUZET/SIPA




A 17 ans, on ne pense à la mort. On grille ses clopes avec insouciance ; on sourit poliment devant les messages de prévention. A 17 ans, un adolescent français sur trois fume tous les jours -un taux qui se place au-dessus de la moyenne nationale des fumeurs quotidiens (29%). Parmi eux, la moitié mourra prématurément des causes du tabagisme.

Addict plus vite

Les dernières données du Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire de l’InVS (Institut National de Veille Sanitaire), publiées à l’occasion de la Journée Mondiale sans tabac, ne sont pas des plus réjouissantes. Certes, elles confirment une tendance à la baisse sur le long terme, qui rappelle qu’à la sortie du lycée, les deux tiers des élèves ne fument pas. Malgré cela, depuis 2011, le nombre de jeunes de 17 ans qui consomment quotidiennement du tabac augmente, en dépit des mesures de prévention.

Ainsi, de 31,5 % en 2011, ce taux est passé à 32,4 % en 2014, selon l’enquête Escapad menée par l’OFDT (Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies), menée sur 22 023 adolescents et relayée dans le BEH. « Cette augmentation résulte principalement d’un usage quotidien parmi les filles (+1,7 point) », écrivent les auteurs, même si les fumeurs intensifs (+ de 10 cigarettes par jour) sont davantage des jeunes hommes (9,3%, contre 6,1% de filles).

De plus, les jeunes de 17 ans semblent tomber plus rapidement dans le piège de l’addiction. « Moins d’un an s’écoule en moyenne entre la première cigarette et un éventuel comportement de tabagisme quotidien », notent les chercheurs. En 2003, ce délai s’élevait à un an et demi.

Faire du fumeur un « ringard »

C’est dans ce contexte que s’inscrit le PNRT (Plan National de Réduction du Tabac) mis en place par Marisol Touraine. Il prévoit de réduire de 10 % le nombre de fumeurs d’ici 2010, et de parvenir à une génération sans tabac en 2035. « C’est la première fois qu’un plan national donne de la cohérence aux mesures de lutte contre le tabac, se félicite François Bourdillon, directeur général de l'InVS. Jusqu’ici les actions restaient trop locales, trop marginales ».

Pour les instances sanitaires, il s’agit de « donner de l’autonomie » aux adolescents afin qu’ils soient en mesure de refuser une cigarette. « Par un geste d’humour, grâce à une pirouette… Quand ils sont en groupe, il faut leur donner la possibilité de dire non au tabac sans qu’ils paraissent ringards. Cela passe par une communication à travers des spots plus ciblés et les réseaux sociaux, ou encore par le biais de l’école, avec un renforcement des compétences psycho-sociales. Au terme de ce travail, c’est le fumeur qui doit passer pour un ringard, et non l’inverse. »

Ecoutez...
François Bourdillon, directeur de l'InVS : « Quand on veut parler aux jeunes, il faut distinguer ce qui relève de la connaissance (le cancer) et ce qui relève du comportement. »

Quand Bercy fixe le prix du tabac

Autant dire qu’il s’agit là d’un travail de longue haleine. Et si beaucoup de spécialistes des addictions et du tabac saluent les mesures engagées en faveur d’un « monde sans tabac » - interdiction de fumer dans les aires de jeux pour enfants, paquet neutre… - certains s’interrogent sur la volonté du gouvernement de ne pas augmenter les taxes sur le tabac, malgré l’efficacité avérée de ce moyen, notamment chez les jeunes.

« Sur le court terme, nous sommes en échec, estime Bertrand Dautzenberg, pneumologue à l'hôpital de la Pitié Salpêtrière.Ces combats sont symboliques, mais il faut prendre des mesures efficaces. Offrir des vouchers pour prendre en charge ceux qui arrêtent de fumer sans qu’ils aient à avancer les frais de la consultation. Et surtout, jouer sur les taxes ! Mais c’est le ministère de l'Economie qui décide du prix du tabac. Or, il cède au lobbying pro-tabac et sabote le travail du ministère de la Santé, qui a bien peu de pouvoir… Du coup, cela mène à une politique peu active, qui satisfait les buralistes et les compagnies de tabac. »

Ecoutez...
Bertrand Dautzenberg, pneumologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière : « C'est un échec organisé par Bercy, qui a fait adopter la suppression d'une taxe sur le tabac lors du vote du budget. »


Cette situation n’est pourtant pas une fatalité, puisqu'avec la loi de santé, le ministère de la Santé pourrait être mené à fixer les prix du tabac avec le ministère du Budget sur des objectifs de santé publique. « Espérons-le, soupire Bertrand Dautzemberg. On ne peut pas regarder les 78 000 morts du tabac les bras croisés. Il faut se réveiller. »

 

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