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Rapport de l’Inserm

Hypnose médicale : ce qui marche et ce qui ne marche pas

L'hypnoses'avère bénéfique dans l'anesthésie, la prise en charge de certaines maladies digestives, d'après l'Inserm.

Hypnose médicale : ce qui marche et ce qui ne marche pas Virginia Mayo/AP/SIPA




L’hypnose est-elle efficace ? La question agite le monde médical depuis plusieurs décennies. L’Académie nationale de médecine a apporté sa contribution en 2013. C’est à présent l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) qui évalue l’efficacité de cette discipline. Un rapport très complet a été remis ce mardi à la Direction générale de la santé. Au fil de plus de 200 pages, les experts font le tri entre les applications efficaces et celles qui n’ont pas fait leurs preuves.

L’hypnose, rappelle l’équipe de Bruno Falissard (Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations), décrit un état modifié de la conscience. Son utilisation en médecine peut être déclinée selon trois techniques : l’hypno-analgésie – qui permet le contrôle de la douleur –, l’hypno-sédation – qui est utilisée en anesthésie – et la désensibilisation et retraitement par mouvements oculaires (EMDR).
Les domaines d’application, eux, sont très larges : de la prise en charge des troubles féminins (accouchement, ménopause…), digestifs, psychiatriques, à l’utilisation en chirurgie et en radiologie, en passant par le sevrage tabagique.

L’hypnose en complément de l’anesthésie

Trois indications sont retenues comme efficaces, d’après la méta-analyse. L’anesthésie est la première, que ce soit pour l’extraction des dents de sagesse, la biopsie mammaire ou l’interruption de grossesse. D’ailleurs, l’Institut Curie (Paris) met l'hypnose à profit depuis 2011 dans le traitement des cancers du sein : une centaine d’interventions ont été réalisées sous hypnose.

« L’hypno-sédation est possible dans les chirurgies pour lesquelles les techniques actuelles permettent une analgésie suffisante, résume le Dr Aurore Marcou, anesthésiste à l’Institut Curie. Elle combine une analgésie de la région opérée, une sédation intraveineuse et une mobilisation de la conscience par l’hypnose. Cette technique est là pour éviter d’utiliser des hypnotiques ; cela permet de faire des chirurgies éveillé, mais de placer la conscience dans un lieu de sérénité pour le confort du patient. »

Ecoutez...
Dr Aurore Marcou, anesthésiste formée à l’hypnose : « A l’Institut Curie, on l’utilise pour la chirurgie du sein – les mastectomies, mais aussi les coloscopies, certaines chirurgies gynécologiques… »


Le bénéfice est double : en plus de réduire le stress du patient, l’hypno-sédation permet de réduire le recours aux médicaments, ce qui est salué par le rapport de l’Inserm.

Plus efficace que l’approche standard

Mais l’hypnose peut aussi s’avérer plus efficace que le traitement standard. C’est le cas dans la prise en charge du syndrome du côlon irritable, ou colopathie fonctionnelle. Cette maladie se caractérise par des douleurs au ventre, des ballonnements et des phases de diarrhée ou de constipation. Des séances régulières réduisent la sévérité des symptômes. Le bénéfice à long terme reste toutefois à démontrer : les quelques études menées incluent un faible nombre de patients et présentent « des limites méthodologiques ».

Une forme particulière d’hypnose, l’EMDR, se montre aussi plus efficace qu’une psychothérapie traditionnelle dans le traitement du syndrome de stress post-traumatique. Utilisée dans le cadre d’une thérapie cognitivo-comportementale, cette méthode permet d’associer à un événement négatif une pensée positive. Elle améliore les symptômes dès la première séance.

Une discipline sûre

L’hypnose rencontre moins de succès dans les autres domaines. Elle est régulièrement utilisée dans la gestion des symptômes de la ménopause (bouffées de chaleur…) et des douleurs liées à l’accouchement. Si les différentes études font état d’une certaine efficacité, leurs résultats manquent de cohérence et elles peuvent présenter des biais de méthodologie. Conclusion similaire du côté de la radiologie interventionnelle et du sevrage tabagique.

Même en l’absence de bénéfice, l’hypnose se distingue par une absence de risques. Aucun effet indésirable grave n’a été signalé dans les différents travaux analysés. Aux yeux de Bruno Falissard, il faut tout de même garder en tête que la discipline reste très peu régulée : « Il y a des règles déontologiques très strictes, sauf que l’enseignement de l’hypnose est aléatoire. Il y a une tache sombre à corriger, comme pour la plupart des soins dits non conventionnels. Néanmoins, si l’on fait attention à ces aspects déontologiques, ces effets indésirables restent très faibles. »

Ecoutez...
Bruno Falissard, Directeur de recherche Inserm : « Patients et soignants pensent que l’hypnose est intéressante. Les études cliniques sont décevantes, ce qui veut dire que l’efficacité absolue est limitée. Il est possible qu’elle ait un intérêt, mais pas sous un angle classique. »
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