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Génériques, virage ambulatoire...

Santé : les recettes de Marisol Touraine pour faire des économies

Avec le virage ambulatoire à l'hôpital et des actions sur le prix des médicaments et les génériques, Marisol Touraine veut économiser 3 milliards d'euros dans la santé.  

Santé : les recettes de Marisol Touraine pour faire des économies GILE MICHEL/SIPA




Le déficit de la Sécurité sociale sera inférieur à 13 milliards d'euros cette année et ramené sous les 10 milliards en 2016, s'est félicitée Marisol Touraine ce jeudi matin sur Europe1. Mais juste avant son audition devant la Commission des comptes de la Sécurité sociale, la ministre de la Santé avait aussi concédé de mauvaises perspectives pour la branche maladie. Son déficit devrait encore se creuser pour atteindre 7,4 milliards en 2015, indiquait-elle.  
La ministre de la Santé a ensuite présenté les recettes de son PLFSS 2016 (1) pour faire des économies. Objectif, 3,4 milliards d’euros dans la santé d'ici trois ans.

 

3,4 milliards d'économies attendues 

Premier axe de ce chantier, éviter « les actes inutiles ou redondants » comme les examens pré-anesthésiques, biologiques et le recours aux transports sanitaires. « Nous attendons, comme en 2015, 1,2 milliard d’euros d’économies à ce titre en 2016 ». En s'attaquant à ces dysfonctionnements, la ministre reprend en fait un sujet de prédilection de la Cour des comptes qui a récemment mis en cause dans un rapport « les transports de patients par taxi trop nombreux ». Les sages de la rue Cambon (Ier, Paris) ont donc été entendus.


Les nouveaux antidiabétiques dans le viseur 

Deuxième piste d'économie : « le prix des produits de santé et le développement des génériques ». 
A ce titre, la ministre a martelé sa volonté de faire baisser le prix des médicaments trop coûteux « pour qu’ils soient accessibles à tous les patients ». L'occasion pour elle de faire référence à la bataille récente gagnée par le gouvernement sur le prix du traitement de l’hépatite C "Sovaldi" qui est désormais commercialisé en France au prix le plus bas d'Europe.

Parmi les autres médicaments dans le viseur, les nouveaux antidiabétiques. Le gouvernement espère faire plus de 80 millions d’économies, dès la 1ère année, en incitant les médecins à ne prescrire qu’à certains patients les nouvelles molécules. Elles sont, il est vrai, beaucoup plus chères que les précédents produits. « Une politique à contre-sens des dernières études médicales », déplore de son côté le Pr André Grimaldi, ancien chef du service diabétologie de la Pitié-Salpétriêre (Paris).

Ecoutez...
Pr André Grimaldi, diabétologue à la Pitié-Salpétriêre : « La Sécu dit qu'il y a des millions d'économies sur ce poste. Un mois après sort une étude sur ces médicaments qui montre un avantage important pour le patient et le système de santé... »

 

Côté génériques, la ministre a appelé à intensifier leur utilisation. Les médecins, en ville comme à l’hôpital, seront donc davantage incités à les prescrire et une grande campagne de communication sera lancée dans le courant du premier semestre 2016 pour sensibiliser les Français, a-t-elle précisé. Ils permettraient 39 millions d’économies sur un an. Mais les industriels, eux, misent sur « encore plus », a indiqué à Pourquoidocteur Catherine Bourrienne-Bautista, déléguée générale du Gemme (2).  

Ecoutez...
Catherine Bourrienne-Bautista, déléguée générale du Gemme : « Ce chiffre porte spécifiquement sur l'hôpital. Le plan "Génériques" du Gemme propose un objectif à trois ans d'une économie de 350 millions d'euros si on l'étend à la ville... »

 

Le virage ambulatoire plébiscité

Enfin, la ministre a terminé la présentation de son PLFSS 2016 en réitérant une fois de plus son envie de favoriser le virage ambulatoire. « C’est ce qui permet de répondre à la demande des patients de passer moins de temps à l’hôpital et plus de temps chez eux, avec leurs proches ».
La première pose d’une prothèse de hanche en chirurgie ambulatoire, intervenue récemment à l’AP-HP (3), étend encore l’horizon des possibles, selon elle. Elle a rappelé que le patient en question était même rentré à pied chez lui. « Le taux de chirurgie ambulatoire était de 40, 8 % en 2012. Il est passé à près de 45 % en 2014. L’objectif d’une intervention chirurgicale sur deux en ambulatoire, que j’avais fixé, est donc en passe d’être atteint », pronostique-t-elle.

Parmi les pistes connues, les jeunes mères qui devraient être incitées, si leur état le permet, à quitter la maternité plus tôt. C’est-à-dire au bout de 3 jours contre 4,2 aujourd’hui. D’après un rapport de la CNAMTS publié en juillet, cette mesure entraînerait 78 millions d’euros d’économies en un an. Un chiffre sur lequel le syndicat des gynécologues et obstétriciens est « dubitatif », a confié à la rédaction Elisabeth Paganelli, secrétaire générale du syndicat national des gynécologues obstétriciens de France (Syngof).

Ecoutez...
Elisabeth Paganelli, secrétaire générale du Syngof : « On n'est jamais sûr des économies annoncées. Et le problème, c'est qu'en France, le retour précoce à domicile n'est pas très bien coordonné. On ne sait pas combien ça va coûter... »

 

Les patients opérés en orthopédie devraient également être mis à contribution. Ce virage ambulatoire ne fait cependant pas que des heureux. La Fédération Hospitalière de France (FHF) a rappelé dans le passé que cette mutation se traduirait par la fermeture de lits, notamment en chirurgie. Un scénario redouté par bon nombre d'élus locaux dans les territoires. L'enjeu est toutefois de taille pour Marisol Touraine, qui prévoit 500 millions d’euros d’économies dès 2016.
Pour rappel, le projet de loi de financement de la sécurité sociale sera présenté en Conseil des ministres le 7 octobre.

 

(1) Projet de loi de financement de la Sécurité sociale

(2) Association qui regroupe les professionnels du générique

(3) Assistance Publique - Hôpitaux de Paris

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