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QUESTION D'ACTU

Projet de loi Santé

Alcool : des addictologues dénoncent la remise en cause de la loi Evin

Dans une tribune publiée dans Libération, 4 addictologues s'alarment contre le projet de loi Santé. Ce texte, qui détricote la loi Evin, va créer les malades alcooliques de demain, d'après eux. 

Alcool : des addictologues dénoncent la remise en cause de la loi Evin Rafael Ben-Ari/Cham/NEWSCOM/SIPA




Alcool et tabac en quantité, peu de légumes et encore moins de fruits, le mode de vie des Français n’est pas exemplaire, d’après un récent rapport de l’OCDE (1) sur la santé des 34 pays membres de l’Organisation. Dans 19 pays, les fumeurs représentent moins de 20 % de la population, la moyenne de l’OCDE. 8,5 litres d’alcool sont aussi bus en moyenne, par habitant et par an.
Et à chaque fois, la France fait figure de mauvaise élève. Les plus de quinze ans consomment en effet 11 litres d’alcool annuellement, et 24 % fument chaque jour. Une situation que ne supportent plus certains addictologues qui montent au créneau ce lundi dans une tribune publiée dans Libération. 

Loi Evin : une coquille vidée

Ils sont quatre spécialistes (2) à avoir de sérieuses inquiétudes pour l'avenir. Ils s'insurgent notamment contre le projet de loi Santé qui sera voté à l'Assemblée nationale le 17 novembre. Plus précisément, ils dénoncent un texte dans lequel « il est de nouveau question d’ouvrir le champ d’exceptions à la loi Evin », relative à la publicité sur l’alcool : « Accès aux médias jusque-là interdits – comme la télévision et le cinéma qui s’imposent à tous –, liberté totale des contenus, qui pourront être incitatifs à la consommation, fin de l’obligation d’apposer l’avertissement sanitaire, et plus aucune protection de la jeunesse : la loi Evin ne serait plus alors qu’une coquille vide, qui aurait perdu toutes ses vertus d’encadrement », déplorent-ils.

... pour le vin mais pas uniquement

Aujourd'hui, la loi Evin prévoit une dérogation pour toute « boisson alcoolique disposant d’une identification de la qualité ou de l’origine, c'est-à-dire pour le vin. Les auteurs de la tribune redoutent que cette exception soit ouverte à d'autres boissons alcoolisées. Et la liste est longue : « rhums ultramarins, whiskies écossais, vodkas russes et polonaises, tequila mexicaine, bières d’abbaye, etc », citent-ils. 

Plus de publicité, plus d'alcool consommé 

Et pour ceux qui pensent que ce changement de législation serait sans effet, sachez que diverses études ont déjà montré qu’une simple augmentation de 1 % des dépenses de publicité fait grimper de 0,25 % la quantité d’alcool consommée, soulignent-ils.

Les médecins rappellent que leur mobilisation sert « à alerter le gouvernement, le législateur et l’opinion sur cet abandon des jeunes et des plus fragiles à l’influence publicitaire », et « sur cette défaite de la santé publique »...
Pour rappel, l'alcool tue près de 50 000 personnes par an en France.

 

(1) Organisation de Coopération et de Développement Economiques

(2) Michel Reynaud, président d'Actions Addictions ; Alain Rigaud, président de l'Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie ; Amine Benyamina, président de la Fédération Française d’Addictologie ; Mickaël Naassila, président de la Société Française d’Alcoologie

Catherine Lemorton dénonce le lobby de l'alcool à l'Assemblée

Interrogée ce jeudi par la chaîne LCP Assemblée nationale, la députée Catherine Lemorton est vent debout. La présidente de la commission des affaires sociales à l’Assemblée a découvert que la composition de sa commission avait changé à quelques jours d’un vote très serré sur l’assouplissement de la loi Evin. Les députés socialistes Jean-Jacques Vlody et Sylviane Bulteau ont été remplacés par Anne-Yvonne Le Dain et Catherine Quéré. Toutes deux sont signataires d’un appel de 60 parlementaires de la majorité demandant à Manuel Valls et François Hollande d’assouplir les règles encadrant la publicité sur l’alcool.
En intégrant "officiellement" la commission, le site internet de la chaîne LCP explique qu'elles ont gagné le droit de se prononcer sur un amendement "très disputé", défendu aujourd’hui par Catherine Lemorton. Il entend annuler la distinction entre publication pour l’alcool et information œnologique introduite par le Sénat en septembre.
Un pari gagnant pour le lobby de l'alcool puisque, en fin d’après-midi, ce lundi, la commission des affaires sociales a voté l’assouplissement de la loi Evin, permettant la publicité pour l’alcool.

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