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Hôpital Pompidou

Suicide à l’hôpital Pompidou : la direction sévèrement mise en cause

Des médecins dénoncent dans la presse une "maltraitance institutionnelle" et pointent du doigt le rôle de la direction dans le suicide d’un cardiologue à l'hôpital Pompidou.

Suicide à l’hôpital Pompidou : la direction sévèrement mise en cause DURAND FLORENCE/SIPA




Après le suicide de Jean-Louis Megnien, professeur de cardiologie à l’Hôpital Européen Georges Pompidou, des voix s’élevent. Elles s’expriment, sous couvert d’anonymat, dans les colonnes du Parisien ce samedi pour décrire un hôpital qui croule sous les « dossiers » et les affaires de chantage, de pressions, de vengeance. « Un univers impitoyable », précise le quotidien.

« Adhésion ou éjection »

La direction de l’hôpital est directement attaquée par les témoins, qui affirment que ceux qui osent critiquer les choix de la hiérarchie s’exposent à un sévère retour de bâton. « En gros, c'est adhésion ou éjection », explique l’un d’entre eux, cité par le journal.

Des mesures de rétorsion auraient ainsi été prises à l’encontre des contestataires, selon ce témoin qui cite des « privations de moyens (secrétariat, bureau, lits...) », des « chicanes », ou encore des dysfonctionnements dans les procédures de nomination des chefs de service. « Les successions doivent en principe se faire par appel d'offres, mais ils sont régulièrement pipés », affirme-t-il. Certains employés n’utiliseraient plus leur boîte mail professionnelle pour communiquer entre eux, par crainte du piratage.

« Tout a été fait pour le détruire »

A en croire ses confrères, Jean-Louis Megnien se serait attiré les foudres de la direction, et aurait été progressivement isolé. « Il a été prié de quitter le septième étage — d'où il a fini par se jeter — où il avait un bureau, ses consultations, accès à l'hôpital de jour, puis de faire avec un bout de secrétariat seulement », peut-on encore lire dans le Parisien. De retour de son arrêt maladie de neuf mois, le verrou de son bureau aurait été remplacé. « Tout a été fait pour le détruire », concluent les témoins.

Dans un mail accusateur adressé à Martin Hirsch, directeur général de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP), un chef de service psychiatrie de l’AP-HP a lui aussi dénoncé des « luttes claniques de l’hôpital Pompidou », qui « constituent le terreau sur lequel se développe une maltraitance institutionnelle incarnée en premier lieu par la directrice du groupe hospitalier, qui a choisi son camp plutôt que de se situer au-dessus de la mêlée ».

Ce mail, rendu public par son auteur, Bernard Granger, vise directement Anne Costa, directrice du groupe hospitalier Paris Ouest qui comprend l’HEGP. « On ne peut pas impunément jouer des divisions entre médecins d’un même hôpital pour asseoir sa domination (…) Personne ne comprendrait que cette directrice soit maintenue à son poste après de tels événements. Il est même troublant qu'elle y soit encore », écrit encore le Pr Granger.

"Maltraitance banale" à l'AP-HP 

L’administration est accusée d’avoir couvert la direction dans ses « postures partisanes », et d’avoir fermé les yeux malgré les alertes récurrentes. « Dans plusieurs autres endroits de l’AP-HP, il existe une forme de maltraitance banale, tolérée et sournoise, mais ravageuse. (…) Notre institution ne prend pas les mesures appropriées dans ce domaine ».

De fait, le psychiatre évoque un précédent mail envoyé fin novembre 2014 par un collègue de Jean-Louis Megnien à Anne Costa, Martin Hirsch et Sylvie Escalon, directrice du site de l’HEGP. Le courrier, intitulé « risque suicidaire », mettait en garde la direction sur l’état psychologique du cardiologue. « Sachez, Madame la Directrice, qu'il est actuellement en très grande souffrance. Vous en connaissez la cause (harcèlement moral…) mais vous en ignorez son degré d'affliction ! ».

Son auteur concluait, de manière prophétique : « Prendre une décision, aujourd'hui, qui irait contre son souhait ou ses intérêts risquerait de le pousser au fond du précipice au bord duquel il se trouve actuellement. J'espère que vous saurez lui tendre la main et lui apporter tout l'aide qu'il mérite ».

 

 

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