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Rapport MSF

Syrie : victimes et soignants ont peur d'aller à l’hôpital

Dans les hôpitaux soutenus par MSF en Syrie, on compte 7000 morts et 155 000 blessés de guerre. Les structures sanitaires sont la cible prioritaire des tirs.

Syrie : victimes et soignants ont peur d'aller à l’hôpital L'hôpital de Ma’arat Al Numan après le bombardement du 15 février 2016 © MSF




Des hôpitaux réduits en poussière, des soins qui se raréfient, une main d’œuvre qui s’amenuise… La situation décrite par MSF dans son rapport sur les morts et les blessés de guerre en Syrie a de quoi alarmer. « Après cinq ans de guerre, les infrastructures sanitaires sont décimées », résume l’ONG.

101 attaques contre les centres de soins

Le document porte sur les structures soutenues par MSF en Syrie, situées autour de Damas et dans le nord-ouest du pays. Parmi ces 70 centres, 12 ont été entièrement détruits par les frappes et les tirs, et 18 partiellement. Ces attaques, au nombre de 101, ont blessé ou tué 81 médecins et paramédicaux.

De fait, le régime syrien a érigé la destruction des hôpitaux en arme de guerre. Lundi, des tirs de missiles ont encore visé cinq établissements médicaux, dont un soutenu par MSF. Une situation dénoncée depuis plusieurs années : en mai 2014, Physicians for Human Rights affirmait qu’en trois ans, le régime avait détruit la moitié des hôpitaux du pays.

Pour l’année 2015, dans les seuls centres soutenus par MSF, le nombre de blessés de guerre pris en charge s’élève à 155 000 ; 7 000 personnes y ont perdu la vie. « Et encore, nous savons pertinemment que les données reflètent une situation a minima », déplore Stéphane Roques, directeur général de MSF.

Des frappes à "double impact"

Deux raisons expliquent cette sous-estimation. D’abord, l’activité des centres soutenus par MSF ne couvre qu’une zone territoriale réduite. Mais surtout, ces attaques ciblées ont traumatisé la population, qui n’ose plus se rendre dans les hôpitaux pour se soigner.
« Les victimes ne veulent pas prendre ce risque. Même si on ne peut objectiver cette situation par des chiffres, on imagine très bien que les gens meurent, faute d’accès aux soins ». Parmi ces patients, on trouve non seulement les blessés, mais aussi tous les malades chroniques en rupture de traitement.

Dans son rapport, MSF dénonce une méthode particulièrement sordide, dite à « double impact », qui terrorise patients et soignants. Les frappes visent en premier lieu un centre, puis, une heure plus tard, les secours qui se dépêchent sur place. « On voit même le cas de triple attaque, précise Stéphane Roques. L’hôpital qui reçoit les blessés des deux premières frappes est alors la cible des troisièmes ».

Ecoutez...
Stéphane Roques, directeur général de MSF : « Il s’agit pour eux de faire le maximum de blessés mais aussi d’installer un climat de terreur pour que victimes et soignants n’osent pas se rendre dans une zone de soins. »

Guerre sale 

Les femmes et les enfants représentent 30 à 40 % des victimes, rapporte encore MSF. Cela suggère que les zones habitées par des civils ont été « constamment la cible de bombardements aériens ou d'autres types d'attaques », peut-on lire dans le rapport.

« Un tel indicateur montre que les atteintes au droit international humanitaire sont récurrentes », explique encore Stéphane Roques. Ce droit de la guerre implique de protéger les civils contre les violences liées au conflit. Or, en Syrie, écoles, cliniques, mosquées et places de marché sont délibérément visées. La guerre sale, dans toute son ampleur.

En décembre, le Conseil de sécurité a adopté à l'unanimité une résolution dans laquelle les différentes parties présentes en Syrie s’engageaient ne las cibler les populations et les infrastructures civiles.

Pourtant, le rapport relève que les pics de décès et de blessés enregistrés correspondent à « plusieurs grandes offensives militaires et à l'entrée des forces armées aériennes russes, françaises et britanniques dans le conflit en Syrie ».
« Quatre des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Etats-Unis, Russie, France et Royaume-Uni) étant activement engagés dans le conflit syrien via des frappes aériennes, cette incapacité à mettre en œuvre les résolutions de l’ONU semble indiquer que ce sont leurs propres armées et alliés qui ne parviennent pas à appliquer - ni à encourager leurs alliés à appliquer - ces dispositions ». 

 

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