Neuf personnes sur dix qui succombent du virus de la grippe ont plus de 65 ans. Il serait simpliste d’interpréter ce chiffre comme la manifestation d’une plus grande vulnérabilité des personnes plus âgées à l'agent pathogène. Car en réalité, ce n’est pas le virus qui leur serait fatal, affirment des chercheurs de l’université de Yale (Etats-Unis). C’est la réaction immunitaire elle-même qui entraine des complications, d’après leur étude publiée jeudi dans Science.

Pour arriver à cette conclusion, ils ont simulé un déficit du système immunitaire chez des souris, en inactivant certains gènes. Elles se trouvaient ainsi dans un état de vulnérabilité comparable à celui des personnes âgées, dont les défenses s’affaiblissent.

« Nous avons découvert que la réplication du virus n’était pas suffisante pour tuer les souris, explique le Professeur Akiko Iwasaki, immuniobiologiste à Yale, responsable de l’étude. La réponse de l’hôte est nécessaire. » Cette réponse implique des cellules sanguines appelées neutrophiles, et des globules blancs, qui provoquent l’inflammation censée combattre l’infection. Mais ce faisant, ces cellules détruisent aussi les tissus pulmonaires, et entraînent des complications.

Une alternative au vaccin ?

Cette découverte pourrait mener à de nouvelles stratégies thérapeutiques. « Elle est prometteuse quant à la manière dont nous pourrions traiter les personnes âgées contre la grippe, poursuit le Pr Iwasaki. Si ce que nous avons observé chez la souris se vérifie chez l’homme, nous pourrions cibler les cellules du système immunitaire plutôt que de bloquer la réplication du virus ».

Un médicament qui combattrait l’inflammation pourrait aider à prolonger l’espérance de vie de personnes âgées avec la grippe. Mais en attendant, le vaccin reste une valeur sûre.