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QUESTION D'ACTU

Guinée, Libéria, Sierra Leone

Viols : la face cachée d’Ebola

Au cours de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, le nombre de grossesse chez les adolescentes a explosé. En cause : l’augmentation des viols et des agressions sexuelles.  

Viols : la face cachée d’Ebola Epictura/Lekha




Alors que le virus - responsable de 11 300 décès - gagnait du terrain au Libéria, en Guinée et en Sierra Leone, le nombre de viols et agressions sexuelles sur des adolescentes a bondi. Selon une étude publiée dans le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), les grossesses chez les adolescentes ont augmenté de 65 % dans certaines régions de Sierra Leone durant l’épidémie. Ce nombre aurait presque doublé dans les régions touchées, d’après d'autres travaux réalisés par l’Unicef avec plusieurs ONG.

Au cours de la crise sanitaire, des milliers d’hommes et de femmes sont restés en quarantaine. Et pour survivre, des jeunes orphelines se seraient même mariées avec des hommes plus âgés. Echange de sexe contre nourriture, chantages, sévices sexuels, rapports non-protégés, grossesses non-prises en charge… Une nouvelle urgence touche les femmes de la région. 

Le confinement pointé du doigt 

Pour le magazine Slate, cette augmentation des viols n’a rien d’une « coïncidence ». Les épidémies tel qu’Ebola rendent les femmes et les enfants plus vulnérables.  « Les épidémies sont identiques à des situations de conflit. Vous avez une lacune de gouvernance, vous avez du chaos et de l’instabilité. Autant de facteurs qui fragilisent les femmes face à la violence sexo-spécifique », explique à Slate Monica Onyango, chercheuse à l’Université de Boston. Le confinement, les couvres-feux, les quarantaines… Toutes ces mesures censées éradiquer la propagation d’un virus multiplient aussi le risque de viol. Comme le raconte Slate, pendant l’épidémie, les matchs de foot, les bars et les endroits régulièrement fréquentés par les hommes ont été fermés, les obligeant à rester en quarantaine, « d’où des poussées de violence et de viols dans ces foyers ». Dans une étude menée par l’ONG Save the Children en Sierra Leone, chez les 617 jeunes filles rapportant des agressions sexuelles, la plupart d’entre elles ont été agressés pendant la quarantaine. 

Autre fait préoccupant, certaines filles, censées subvenir aux besoins de leur famille, auraient échangé de la nourriture contre du sexe. « Ce sont des enfants, mais elles doivent assurer leur subsistance, explique au magazine Slate Marie Harding, du centre médical Star of the Sea de West Point. Ebola a tué leurs parents, et elles doivent faire ce qu’il faut pour joindre les deux bouts. » Les ONG présentes pendant l’épidémie n’auraient pas eu les moyens de gérer les cas de violences sexuelles. Comme l’explique Kaci Hickox, infirmière de Médecins Sans Frontières (MSF), ils n’étaient « absolument pas formés pour s’occuper des viols (…) l’ampleur de l’épidémie était trop importante. Tous les humanitaires ont été plus que débordés ».

Une nouvelle crise sanitaire à gérer 

L’épidémie laisse les régions en paix, puisque le Libéria et la Guinée ont entamé une période de surveillance accrue après avoir libéré leurs derniers patients ce 2 mai. Mais un autre problème sanitaire sévit : les inégalités scolaires se creusent. Au Libéria, les jeunes femmes enceintes n’ont pas le droit de se rendre à l’école la journée. Elles doivent donc travailler, empochant un salaire de misère. Comme le rapporte Slate, seul une poignée d’établissement accepte de recevoir ces élèves, renvoyées du système scolaire car leur grossesse "était trop visible".

Outre les inégalités sociales entraînées par ces grossesses, la santé des jeunes mères est aussi en danger. Très rarement suivies par des gynécologues, ces dernières sont lourdement exposées aux complications liées à la grossesse comme le risque de fausse couche, la mortalité infantile etc.

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