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QUESTION D'ACTU

Rapport de l'Académie de médecine

Hommes- femmes : la médecine sous-estime les différences

L’Académie de Médecine a émis un rapport qui milite en faveur d’une médecine sexuée, qui reflète davantage les différences biologiques entre les hommes et les femmes.

Hommes- femmes : la médecine sous-estime les différences iofoto/epictura




« Les hommes et les femmes ne sont pas égaux devant la maladie et doivent donc être traités différemment ». C’est avec cette formule que l’Académie de Médecine lance son plaidoyer pour un médecine sexuée, plus proche des réalités biologiques de l’être humain.

De fait, si la société multiplie les préjugés et les idées fausses sur les théories du genre, la médecine, elle, a au contraire tendance à lisser des différences pourtant bien réelles entre les hommes et les femmes. C’est particulièrement le cas en France, souligne l’Académie de Médecine, qui appelle à s’inspirer des approches américaines, allemandes ou encore suédoises, davantage centrées sur la médecine différenciée.
 

Des hommes, des femmes et des singes

« Si on compare les séquences d’ADN, on s’aperçoit qu’il y a 1 % de différences entre deux hommes ou deux femmes, explique la généticienne Claudine Junien, à l’origine de ce rapport. En revanche, parce que la femme a deux chromosomes X et l’homme, un chromosome X et un Y en plus, on se retrouve avec 15 fois plus de différences ! »

En fait, il y aurait autant de différences sur le plan de l’ADN entre un homme et une femme qu’entre un humain et un chimpanzé ! Ces disparités ont de nombreuses conséquences. Comme le montre le rapport de l’Académie de Médecine, certaines maladies touchent plutôt les femmes (Alzheimer, dépression, ostéoporose, sclérose en plaques…) quand d’autres atteignent davantage les hommes (autisme, tumeurs du cerveau, AVC ischémique…).

Des médicaments pour hommes

Par ailleurs, la réponse aux traitements diffère selon le sexe. Question de génétique, là aussi, mais pas seulement. « Les études cliniques ont oublié les femmes, car c’est compliqué de les intégrer dans les études, poursuit Claudine Junien. Il y a un risque qu’elles tombent enceintes et que le bébé soit affecté par les molécules expérimentées ». Même les tests de toxicité sont réalisés sur des animaux mâles…

En fait, nos médicaments sont tout simplement conçus pour les hommes. Résultat : les femmes ont presque deux fois plus d’accidents secondaires liés aux traitements que les hommes. Ni les dosages, ni les molécules, ne devraient être délivrés de manière indifférenciée, défend l’Académie. « Certaines molécules ne sont pas efficaces sur les hommes mais seulement sur les femmes, et vice-versa. Le problème, c’est que peu de cliniciens sont au courant de cette réalité ».

Ecoutez...
Claudine Junien, professeur de génétique : « Les traitements contre l’hypersensibilité à la douleur ne fonctionnent pas de la même manière selon le sexe. »

 

L'impact de l'environnement

Par ailleurs, l’épigénétique – la manière dont notre environnement va influer sur l’expression de nos gènes – est elle aussi empreinte de ces différences. « Il y a 30 % de nos gènes qui s’expriment différemment selon qu’on est un homme ou une femme, précise Claudine Junien. De récents travaux ont montré qu’au stade embryonnaire, dès les premiers instants après la conception, le mâle met en place des marques épigénétiques qui sont spécifiquement mâles, tout comme la femelle ».

Ainsi, dès les premiers instants de son existence in utero, l’humain réagit différemment à son environnement selon son sexe. L’exposition du fœtus à des polluants (perturbateurs endocriniens, par exemple) ou encore à des facteurs psychoaffectifs n’aura ainsi pas les mêmes effets.

Ecoutez...
Claudine Junien, professeur de génétique : « On sait que les mâles ont une croissance plus rapide, consomment plus de glucose… L’impact de l’environnement va être différent. »

 

Pour lutter contre cette injustice thérapeutique, l’Académie de Médecine recommande dans un premier temps de prendre conscience ce ces différences pour mettre au point des directives et des recommandations différenciées. Une perspective qui pourrait bouleverser le diagnostic et la prise en charge des patients en France.

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