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Tourisme médical

Soins dentaires: le low cost peut coûter cher

Avec la crise, de plus en plus de patients optent pour des pays qui pratiquent des tarifs santé  attractifs. Le travail vite fait et la composition des matériaux peuvent laissser de mauvais souvenirs.  

Soins dentaires: le low cost peut coûter cher ANSOTTE/ISOPIX/SIPA




De plus en plus de Français sont tentés d’aller à l’étranger pour avoir des soins dentaires moins chers. En 2011, 1 547 assurés français se sont rendus à Budapest pour des soins dentaires, selon les chiffres du centre national des soins à l ‘étranger (CNSE). Moins 50% pour la pose d’un implant en Hongrie ou en Bulgarie, cela fait réfléchir en temps de crise… D’autant que le voyage, voire « le tourisme », est compris dans le tarif !

Alors, la tendance s’accentue au fil des années. En Europe, la République tchèque, la Hongrie et la Roumanie se sont spécialisées dans la chirurgie dentaire. Et les sites internet  qui font la promotion de la qualité des soins dans ces pays se multiplient. Il suffit d’associer les mots « voyages », « tourisme », « soins dentaires », « couronnes » pour voir apparaître des sites particulièrement alléchants où l’on propose des packages (réservation, vol, hôtel, soins dentaires) « à prix doux ».

Une tendance qui inquiète les chirurgiens-dentistes. A tel point que les soins dentaires low cost ont été un thème du dernier congrès de l’Association Dentaire Française (ADF). « Ce type de soins pose deux problèmes, explique le Pr Patrick Missika, professeur à la faculté de chirurgie dentaire Paris VII. La première, c’est le temps. Les sociétés qui organisent ces voyages vantent le fait qu’on peut vous prodiguer un maximum de soins en un minimum de temps, ce n’est pas vrai. Si la personne a des problèmes de parodontite, c’est-à-dire de soutien de la dent, d’infection, si elle a des dents délabrées à extraire, on ne peut pas tout régler en une semaine... »
Le deuxième risque souligné par le praticien, expert auprès de la Cour d’appel de Paris, c’est le manque de transparence sur l’origine des prothèses ou des implants. « Souvent, dans les pays étranger, les patients reçoivent par exemple des implants dont ils ne connaissent pas la marque. Et lorsque ces patients sont confrontés à des difficultés, et ça arrive, ils contactent leur chirurgien dentiste habituel et lui demandent de réparer les dégâts. Or, il faut savoir que ce n’est pas possible car il n’aura pas l’identité des implants ou des couronnes utilisées ».
De plus, pour des raisons médico-légales, les praticiens ou les services d’odontologie peuvent refuser de prendre en charge des soins sur des implants qui n’ont pas été posés par eux. Donc la seul solution, c’est de tout retirer pour recommencer. 


Ecouter le Pr Patrick Missika
, chirurgien dentiste, et doyen de la faculté de chirurgie dentaire Paris VII :« Après, il peut y avoir un problème médico-légal ».
 


Résultat, la personne qui pensait réduire ses frais se retrouve avec une double facture. Et peut-être des complications inattendues. « Juste avant les vacnaces de la Toussaint, j’ai fait une consultation avec une femme qui est allée en Hongrie pour remplacer ses quatre incisives supérieures, témoigne le Pr Patrick Missika. Elle est revenue avec la totalité du maxillaire couronné, mal dévitalisé. Et au niveau des dents antérieures, elle avait quatre implants « aiguilles », des implants qu’on n’utilise plus du tout, qui ont été courbés dans sa bouche… » Donc, non seulement elle a été mal traitée, mais en plus, les erreurs peuvent être irréversibles. « Il faut comprendre que toutes ses dents ont été préparées pour des soins dont elle n’avait pas besoin... Quel recours ? Se retourner contre le dentiste hongrois ? « Bon courage… », soupire l’expert.

Quelles sont les solutions en cas dedifficultés économiques ? « Premièrement, il faut rappeler que les Français ont trop tendance à attendre la dernière minute pour aller consulter un dentiste », souligne le Pr Missika qui répète la règle d’or : consulter un dentiste une fois par an même si on estime avoir les dents en parfaite santé, ne serait-ce que pour faire un détartrage.
Mais si les dégâts sont là et qu'on ne peut pas aller dans un cabinet libéral. Selon un sondage fait par la société CMV Médiforce, les dentistes estiment que 63% de leurs patients repoussent leurs soins pour des raisons économiques. Et 27% tentent de négocier les prix des actes médicaux. "Avant de choisir l'étranger, ils peuvent aussi aller se faire soigner dans les centres d’odontologie des hôpitaux universitaires par des praticiens en formation sous le contrôle de professeurs », explique le Pr Patrick Missika, qui enseigne dans le service d'odontologie de l'hôpital Garancière Rothschild (APHP) à Paris.


Ecouter le Pr Patrick Missika:
 « Il existe des centres de soins dans tous les hôpitaux universitaires, avec des prix comparables à ce qu’ils auraient payés à l’étranger mais avec la sécurité. »
 


D’autres inaugurent en France des centres low cost avec des praticiens salariés. Pour proposer des tarifs alléchants, ces cabinets dentaires sont soumis à une organisation bien rodée. Les chirurgiens dentistes traitent plusieurs dents ou réalisent plusieurs étapes de la pose d'une prothèse dans une même séance. Exemptés en outre des tâches administratives, qui sont confiées à des secrétaires, les dentistes se concentrent uniquement sur les soins. L'astuce de ce modèle à bas prix réside donc dans un gain significatif de productivité. Mais ces centres low cost qui s’implantent à Aubervilliers ou à Bondy en Seine-Saint-Denis, mais aussi dans des grandes villes comme Paris et Lyon, ne sont pas toujours très bien perçus par leurs confrères. Ainsi, la Confédération nationale des syndicats dentaires déclarait : « Ces cabinets se concentrent sur les prothèses et implants où se fait la marge et abandonnent les soins de base, posant ainsi un problème de santé publique ». 

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