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QUESTION D'ACTU

Coopération franco-russe

La Russie gagnée par le diabète

La Russie n’échappe pas au diabète de type 2 et dépasse légèrement la prévalence occidentale, avec une progression annuelle constante.

La Russie gagnée par le diabète Andrey/Flickr




Que le diabète de type 2 (DT2) augmente dans le monde et soit qualifié d’épidémie n’est plus contesté. Reste à connaître l’ampleur de son augmentation selon les pays. Ces données sont essentielles pour établir des plans de santé publique adaptés. Des chiffres manquent cruellement selon l'article qui vient de paraître dans Nature Reviews (voir encadré).

L’étude Nation, réalisée grâce à une coopération franco-russe et présentée lors du premier Forum de santé publique et d'innovation médicale, organisé par la Fondation de l’Académie de Médecine, présente un grand intérêt. En Russie, 5,4% de la population adulte a un DT2, soit une prévalence légèrement supérieure à celle de la France (5%).

6,5 millions de diabétiques

Le but de  Nation a été d’évaluer la prévalence du DT2 sur quasiment tout le territoire russe, sa distribution en fonction de l’âge, du sexe et de l’obésité, ainsi que la différence de prévalence entre les régions urbaines et rurales.
Le recueil des données s’est fait par questionnaire (antécédents familiaux, pathologie associée, mode de vie…) et de la mesure de l'hémoglobine glyquée (HbA1c), qui a été préféré à la glycémie à jeun qui est de réalisation plus complexe. 

Pour cette première étude, dont l’envergure est à la hauteur du territoire, 26 620 personnes ont été analysées sur 63 des 85 régions que compte le pays. La superficie de la Russie est huit fois plus grande que celle des Etats-Unis pour une population équivalent à celle de la France, de l’Allemagne et l’Italie réunis.

Les résultats montrent que 5,4% de la population âgée de 20 à 79 ans souffre d’un DT2 ( HbA1c > ou = 6,5%), soit 6,5 millions de personnes. La Russie se retrouve ainsi en cinquième  position parmi les 10 pays les plus touchés par cette maladie. A noter qu’il y a plus de femmes diabétiques que d’hommes, - le contraire de la France-  et que la moitié de ces diabétiques ignorent leur maladie. La proportion est plus importante en milieu rural qu’urbain. Et la tendance augmente : en 10 ans, il y aurait 2,2 millions de DT2 supplémentaires.

Le nombre de prédiabétiques est encore plus préoccupant : 19,3% de la population est touchée (HbA1c compris entre 5,7% et 6,5%).

Et l’obésité aussi

Difficile de parler diabète sans évoquer l’obésité. Et là encore l’association se retrouve, près de 50 % des obèses (IMC > 30) sont diabétiques. 
La fréquence du DT2 augmente avec l’âge. Cependant, le pic ne se situe pas à 75 ans comme en France, mais à 70 ans. Cette différence tient, entre autre, à l’espérance de vie qui est inférieure à celle de la France.

 

Comment expliquer une situation épidémiologique assez similaire à celle observée dans les pays occidentaux? Si la façon de se nourrir en Russie se rapproche de plus en plus de celle des Occidentaux, elle ne suffit pas pour tout expliquer. Pour le Pr Bernard Beauduceau, diabétologue, ex chef de service de l’hôpital Bejin à Saint-Mandé (Val-de- Marne), et  participant au forum, il faut remonter... à la période stalinienne !
En effet, les populations les plus aptes à « mettre en réserve » gràce à leurs gènes d’épargne, ont survécu à cette période et une sélection " naturelle" s’est donc opérée au moment de ces grandes périodes de famine. Et malgré des conditions de vie plus clémentes aujourd’hui, cette population a conservé ses gènes et continue à mettre en réserve…

Ecoutez...
Pr Bernard Beauduceau, diabétologue : « La Russie a été soumise à de sévères famines. Il y a probablement eu une sélection des populations. Ceux qui survivent ont des gènes d'épargne et sont amenés à prendre plus facilement du poids. »


Côté traitement, un chiffre interpelle le Pr Beauduceau : la Russie avec ses 170 millions d’habitants dont 6,5 millions sont diabétiques, ne comptabilise cependant  que 900 endocrino-diabétologues … L’accès et le parcours de soins ne doivent pas être bien évidents dans ce territoire

Les spécialistes espèrent que nombre de centres, comme celui qui accueillait le forum de la Fondation de l’Académie de Médecine, se multiplie dans le pays. Cette vitrine  de la clinique et de la recherche dans lequel le ministère fédéral a largement investi, comptabilise  10 000 hospitalisations et 100 000 consultations par an…Mais un des patients recnontrés racontait qu’il avait fait 7 heures d’avion pour un bilan de quelques jours. Avec, certes, une prise en charge des soins couverte entièrement par l’état qui, en outre, débourse 50 % du billet d’avion !

Une épidémie sous-estimée 

La prévalence du diabète dans le monde serait sous estimée de 25 %, ce qui ferait grimper le nombre de personnes diabétiques dans le monde à 520 millions, selon un article paru dans Nature Reviews. L’impact sur la santé publique est colossal puisque, actuellement cette affection mobilise 12 % des dépenses de santé globales. Cette erreur tient aux différents modes d’évaluation de la glycémie ( HbA1c ou glycémie à jeun) et aux méthodes de calcul. Elle touche plus particulièrement les pays en voie de développement, chez qui peu d’études épidémiologiques ont été menées.

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