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Attentat de Nice : limiter les syndromes de stress post-traumatique

Au moins 120 personnes en état de choc psychologique ont été prises en charge au lendemain de l’attentat de Nice. L'objectif est de limiter les syndromes de stress post-traumatique.  

Attentat de Nice : limiter les syndromes de stress post-traumatique Claude Paris/AP/SIPA




Ils étaient 30 000 à marcher le long de la promenade des Anglais à Nice, à l’issue du feu d’artifice du 14 juillet. 84 ont perdu la vie en l’espace de quelques minutes, fauchés par un camion qui ciblait la foule. Pendant son parcours meurtrier, le conducteur a également blessé 202 personnes. Ce dimanche, 85 étaient encore hospitalisées et pour 18 d'entre elles, dont un enfant, le pronostic vital était toujours engagé, selon la ministre de la Santé Marisol Touraine. Si les blessures physiques sont nombreuses, l’esprit des victimes et des témoins a lui aussi subi un choc terrible.

« Un emballement du système neurologique »

Dès le 15 juillet, quelques 120 personnes avaient été prises en charge pour choc psychologique au sein des cellules d’urgence médico-psychologique déployées à Nice et ses alentours. Les victimes bénéficieront d’un accompagnement actif destiné à éviter la survenue d’un syndrome de stress post-traumatique. « La prise en charge consiste à accueillir des victimes, le mettre à distance, les faire parler, et introduire un traitement anxiolytique pour dormir, se décontracter », résume Bruno Millet, psychiatre à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris).

Les CUMP s’occupent de traiter le stress aigu qui est une réaction naturelle face à un danger. « C’est un emballement du système neurologique qui se place en situation de défense », explique le Dr Millet. Cet état d’extrême vigilance se manifeste par un rythme cardiaque accéléré et une respiration plus rapide. Il ne doit pas durer.

Avec le temps, la mémoire émousse les souvenirs et les émotions qui leur sont associés. « L’esprit fonctionne par la résilience : nous sommes capables d’accepter tout même l’effroyable, développer Bruno Millet. Il tente de se reconstruire, même sans médicament. » Mais il arrive que l’esprit reste bloqué sur l’événement traumatique. C’est alors que survient le stress post-traumatique, souvent assimilé à un dysfonctionnement de la mémoire : le souvenir reste aussi vif qu’au premier jour.

14 000 appel traités

Plus de 120 personnes sont mobilisés au sein de la Cellule Interministérielle d'Aide aux Victimes (CIAV). Elle réunit des agents des ministères de la Justice, de l'Intérieur, de la Santé et des Affaires étrangères, des professionnels de la santé, ainsi que les fédérations d'aide aux victimes et de victimes (INAVEM, FENVAC). 
Pas moins de 76 répondants apportent une réponse téléphonique aux proches des victimes et aux victimes. Un numéro de téléphone unique a été diffusé (01 43 17 56 46). Ce sont, à cette heure, près de 14 000 appels et 1 200 mails qui ont été reçus.

Pour rappel, 84 personnes sont mortes suite à la folie meurtrière du terroriste Mohamed Lahouaiej Bouhlel.

Un lien Paris-Nice

Le stress post-traumatique est « un état chronique, qui se confirme au bout de trois mois lorsque les symptômes persistent malgré une prise en charge adaptée », détaille Bruno Millet. Des psychothérapies sont alors proposées, ainsi que des traitements médicamenteux. Outre cette prise en charge classique, une équipe franco-canadienne a lancé en février des essais sur un bêta-bloquant, le propranolol. Toute personne souffrant de stress post-traumatique à la suite des attentats du 13 novembre peut être intégrée au protocole « Paris : Mémoire Vive ».

Le propranolol restaure rapidement le processus naturel de mémorisation, dans le cadre d’une thérapie adaptée. En effet, il inhibe un neurotransmetteur qui influence les émotions négatives et renforce certains circuits de la mémoire : la norépinéphrine. Coordinateur de l’étude, Bruno Millet n’exclut pas d’étendre les travaux aux victimes niçoises. « Bien sûr je vais entrer en contact avec mes collègues de Nice et leur proposer notre aide », approuve-t-il. Mais il faudra patienter avant d’organiser une collaboration : le propranolol a été testé en traitement du stress aigu. Or, « il n’est pas reconnu car il n’a pas été montré que cela fonctionnait », indique le Pr Millet.

Projet 13 novembre : pas d’extension vers Nice

L’attentat de Nice a sans doute ravivé de douloureux souvenirs chez les victimes des attentats du 13 novembre dernier. Des scènes de guerre en plein Paris ont plongé des centaines de personnes dans un état de sidération. Pour comprendre comment la mémoire se construit après de tels traumatismes, l’Inserm a lancé le projet 13-Novembre à mi-chemin entre neurologie et histoire. Son coordinateur, Denis Peschanski, exclut d’élargir les travaux aux victimes niçoises. « Si nous le faisons, il faudra l’appliquer à tous les attentats à venir, et ce n’est pas le protocole, juge l’historien. Cela ouvre un autre questionnement. »

D’autres travaux seraient donc nécessaires pour évaluer l’impact de l’attentat sur la société. Mais le chercheur est bien conscient que les événements tragiques du 14 juillet auront une répercussion sur sa propre étude. « Ce drame apportera une complexité supplémentaire à notre étude. Nous allons intégrer cette réplique d’attentat terroriste à nos recherches. »

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