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Allaitement : la campagne de l’UNICEF agite les réseaux sociaux

La dernière campagne de l'UNICEF en faveur de l’allaitement enflamme les réseaux sociaux. Les internautes pointent des des arguments irrecevables et culpabilisants pour les femmes.

Allaitement : la campagne de l’UNICEF agite les réseaux sociaux Capture d'écran compte twitter UNICEF




En pleine semaine de l’allaitement, la campagne de l’UNICEF en faveur de cette pratique passe mal sur les réseaux sociaux. L’agence des Nations Unies a en effet publié plusieurs messages sur son compte twitter incitant les femmes à nourrir leur enfant au sein. Mais les arguments avancés font grincer des dents pas mal d'internautes.

 

Des arguments pseudo-scientifiques

Selon l'UNICEF, l’allaitement stimulerait la santé d’un enfant, mais aussi son QI (Quotient Intellectuel), ses performances scolaires et son revenu à l’âge adulte ! Si l’on sait que le lait maternel contient des anticorps qui participent au développement du système immunitaire du bébé, le lien est beaucoup moins certain pour les autres bénéfices avancés. « Les bébés allaités ont en moyenne un QI plus élevé de 3 à 4 points par rapport aux bébés nourris autrement. Cela a fait l’objet d’une étude parue dans le Lancet, une publication scientifique de référence », justifie France Bégin, conseillère nutrition au sein de l’UNICEF, contactée par Pourquoidocteur. Une affirmation qui est loin de faire consensus dans le milieu scientifique.

L'article en question a été publié en mars 2015 dans le Lancet Global Health, une sous-publication déclinée du Lancet. Les auteurs y restent prudents et parlent de "liens" entre allaitement et développement de l’intelligence « à confirmer ». La différence observée entre les enfants est réelle, mais elle-même est discutable. Un écart de quelques points de QI n’est en effet pas considéré comme significatif. Par ailleurs, les autres variables (performances scolaires et revenu à l’âge adulte) sembleraient découler de cette hausse de QI. Là encore, le raccourci est un peu rapide. Les adeptes des réseaux sociaux tournent d’ailleurs en dérision ces affirmations. Ils comparent ainsi l'allaitement à un super-héros qui résoudrait tous les problèmes de l’humanité, du réchauffement climatique au paiement des impôts.

 

 

 

Une campagne jugée contraire aux droits des femmes

Les internautes s’insurgent aussi contre l’aspect culpabilisant des messages portés par l’UNICEF. Une femme qui ne veut ou ne peut pas allaiter son enfant ne devrait ainsi pas se plaindre que ce dernier ne grandisse pas bien, ne fasse pas d’étude ou stagne dans la pauvreté. Une responsabilité bien trop importante sur les épaules des mères et qui ne faciliterait pas le choix des femmes. Cette impression d’injonction est renforcée par le slogan « l’allaitement n’est pas qu’une affaire de femmes », qui figure sur de nombreux messages. Les femmes y voient une dépossession de leur corps, et revendiquent le droit de disposer de leurs seins comme elles l’entendent. La formulation de la phrase, certes maladroite, inciterait selon elles les hommes à intervenir dans la décision de leur femme, voire à leur mettre la pression.

 

 

Interrogée à ce sujet, France Bégin rectifie : « Nous voulons souligner le besoin de soutien des femmes dans leur décision. Le personnel médical, la famille, et même l’employeur peuvent être des freins et inciter les femmes à se résigner ». Elle ajoute que « chaque femme doit pouvoir choisir librement d’allaiter son enfant, pour sa propre santé et celle de son nouveau-né ».

Mais là encore, le message ne passe pas. Certaines femmes accusent l’UNICEF de mélanger les problématiques de santé des pays riches avec celles des pays en développement. Certes la mortalité infantile est encore haute dans beaucoup de pays du sud, et l’allaitement la réduit fortement. Mais l’enjeu n’est pas le même pour une femme qui accouche dans un pays développé, où l'eau est potable, les laits maternisés de bonne qualité, et le système de soins performant. Les arguments de l’agence onusienne sont ainsi qualifiés de « malhonnêtes ».

 

Le lait maternel, un vaccin ?

Moins flagrant, mais peut-être plus dangereux, un autre slogan de l’UNICEF : « le lait maternel est le premier vaccin d’un bébé ». Dans un contexte de méfiance vis-à-vis des vaccins, ce discours pour le moins confus pourrait inciter certains parents à ne pas faire vacciner leur enfant, pensant qu'il est protégé par le lait de sa mère. France Bégin parle d’un « vaccin initial, qui ne remplace bien sûr pas les autres vaccins proposés dans les premiers mois de vie du bébé ».

L’important, semble-t-il, est donc de rappeler que le lait maternel a des propriétés incomparables pour les bébés, mais que des alternatives sûres existent – au moins dans les pays développés – pour que ce geste reste avant tout un choix des mères.

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