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QUESTION D'ACTU

Primaire de la gauche

Manuel Valls : «Le choix, ce n'est pas moins de solidarité ou plus d'impôt»

Les sept candidats à la Primaire de la gauche répondent aux questions de Pourquoidocteur. En ce jour de 1er débat télé, la série continue avec l'ex-Premier ministre Manuel Valls.

Manuel Valls : \ PDN/SIPA




Après le succès de la Primaire de la droite et du centre (4,4 millions d’électeurs au second tour) qui a couronné François Fillon, c’est au tour de la gauche française d’élire - les 22 et 29 janvier prochains - son candidat pour la présidentielle de 2017. Et un changement notable s'est opéré par rapport au précédent scrutin, la santé est au centre des débats. Assurance maladie, hôpital... les Français voulaient en entendre parler, ils sont servis.

Mais à quelques heures du premier débat télévisé organisé ce soir à 21h (1), Pourquoidocteur souhaite élargir la liste des sujets médicaux à aborder (cannabis, environnement, etc.) Notre série d'entretiens avec les sept candidats à la Primaire de la Belle Alliance populaire laisse place ce jeudi à l'ex-Premier ministre Manuel Valls. Dans son projet pour la France intitulé « Une République forte, une France juste », le candidat promet de renforcer notre modèle social et de santé. Son slogan : « la solidarité comme fondement de la dignité ».

 

La collectivité ne pourra plus prendre en charge le coût des médicaments innovants. Doit-on consacrer un budget spécifique à la prise en charge de ces thérapies, et comment le financer ?
Manuel Valls
 : Je ne laisserai pas des laboratoires pharmaceutiques prendre les patients et l’assurance maladie en otage par leurs pratiques tarifaires excessives. Nous avons montré avec les médicaments de l’hépatite C qu’il est possible de maîtriser le coût des traitements, même si cela suppose d’âpres négociations. Mais il est vrai qu’il faut aussi mieux préparer notre système à absorber des vagues d’innovation pharmaceutique. C’est le sens du fonds qui vient d’être créé au sein de l’assurance maladie, dédié à la prise en charge des thérapies innovantes. C’est une avancée importante, il faudra voir si d’autres mesures s’imposent pour qu’aucun Français ne renonce à des soins efficaces en raison de leur coût.

Pour assurer la prise en charge des dépenses de santé, faut-il limiter les remboursements obligatoires aux maladies lourdes et/ou chroniques (panier de soins), ou plutôt agir sur le financement en élargissant l’assiette des prélèvements (par exemple avec la CSG) ?
Manuel Valls : 
Le choix, ce n’est pas moins de solidarité ou plus d’impôt ! Nous l’avons montré ces 5 dernières années. Nous avons réduit de 70 % le déficit de l’assurance maladie par une maîtrise sans précédent des dépenses de santé. Mais ces économies n’ont jamais mis les malades à contribution (pas de déremboursement, pas de nouvelle franchise, contrairement à la politique menée par la droite). C’est une ligne rouge absolue que nous nous sommes fixée, si bien que nous avons, dans le même temps, rétabli nos comptes et augmenté la part des dépenses de santé prises en charge par la sécurité sociale. Je veux poursuivre dans cette voie, celle qui fait aller solidarité et bonne gestion main dans la main.

 

Hôpital  
Les hôpitaux ont aujourd'hui besoin de stabilité, il n'est pas souhaitable de changer les règles du jeu en permanence.


L’hôpital doit à la fois concilier l’excellence médicale avec ses missions sociales. Compte tenu des contraintes budgétaires, la tarification à l’activité (T2A) vous paraît-elle adaptée à cette double exigence ?
Manuel Valls : Depuis 2012, nous avons apporté d’importantes corrections au modèle de financement de nos hôpitaux ; elles ont permis de tourner la page du « tout-T2A ». Les hôpitaux de proximité bénéficient désormais de financements spécifiques, indépendants de leur activité. Le financement des soins de jour, des soins critiques, comme la réanimation ou les soins intensifs, mais aussi des soins palliatifs a également été adapté pour sortir d’une logique purement quantitative. La part des financements destinée à l’enseignement et à la recherche a été non seulement sanctuarisée mais promue. Les hôpitaux ont aujourd’hui besoin de stabilité, il n’est pas souhaitable de changer les règles du jeu en permanence.

 

Déserts médicaux
Je veux continuer à augmenter le nombre de médecins en supprimant le numerus clausus dans les études médicales. 


Un généraliste sur quatre ne sera pas remplacé d’ici 2025. Comment comptez-vous lutter contre les déserts médicaux ?
Manuel Valls
 : Il faut d’abord rappeler qu’il n’y a jamais eu autant de médecins en France (198 000 en activité régulière), mais leur répartition sur le territoire est souvent inégale, notamment dans un contexte de nombreux départs à la retraite. Je veux donc continuer à augmenter le nombre de médecins en supprimant le numerus clausus dans les études médicales. Nous proposerons une politique volontariste quant à l’installation des médecins. Ces réponses devront être construites en lien étroit avec les professionnels, qui souhaitent d’ailleurs de plus en plus des modes d’exercice regroupés, sur le modèle des maisons de santé que nous déployons sur tout le territoire depuis 2012 : en 2016, près de 90 % des nouvelles installations se sont faites en maison de santé.

 

Cannabis
Je veux quant à moi maintenir un interdit fort sur l'usage du cannabis...


La France est la championne d’Europe de la consommation de cannabis. C’est aussi le pays qui a la loi la plus prohibitive. Faut-il dépénaliser l’usage et l’Etat doit-il organiser la production et la distribution de cannabis ?
Manuel Valls 
: C’est un vieux débat qui revient régulièrement … Je veux quant à moi maintenir un interdit fort sur l’usage du cannabis, tout simplement parce que le cannabis est une substance dangereuse. Légaliser n’est pas la solution ! Il faut au contraire mieux protéger, avec une politique de prévention à destination des plus jeunes, mieux repérer les comportements addictifs et mieux les soigner.

 

Dans un manifeste, des médecins français ont reconnu avoir aidé des couples lesbiens et des femmes seules à recourir à la PMA à l’étranger. Peut-on continuer à la réserver aux couples hétérosexuels ?
Manuel Valls
 : La question du recours à la procréation médicalement assistée pour les couples homosexuels touche à des sujets d’éthique complexes, délicats, comme celui de la filiation. Il faut prendre le temps de la réflexion. Comme je le dis dans mon projet, j’assumerai d’ouvrir ce débat. Le rôle du président de la République, tel que je le conçois, c’est de construire un consensus, de garantir que ces débats n’abîment pas l’unité de la Nation.

 

Environnement 
Je veux faire de la santé environnementale une grande cause nationale...


Quelle serait la première mesure concrète que vous adopteriez pour limiter les effets néfastes de la pollution dans notre vie quotidienne ? Et à quelle échéance ?

Manuel Valls : Je veux faire de la santé environnementale une grande cause nationale : on ne peut pas rester sans rien faire alors que la pollution urbaine est la troisième cause de mortalité en France. De cela découleront toutes les mesures : des incitations, notamment fiscales, pour que les vieux diesels (voitures, autobus, camions) quittent progressivement nos villes, des transports collectifs de plus en plus écologiques, … L’avenir est aux tramways, aux bus électriques et à faibles émissions. Je veux accompagner ce mouvement, soutenir les filières industrielles françaises, qui sont très prometteuses dans le domaine.

(1) Jeudi 12 janvier : premier débat des Primaires citoyennes. Les 7 candidats, Jean-Luc Bennahmias, François de Rugy, Benoît Hamon, Arnaud Montebourg, Vincent Peillon, Sylvia Pinel et Manuel Valls débattront à 21h sur TF1, RTL et L'Obs.

Vendredi 13 janvier, retrouvez notre entretien avec Vincent Peillon

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