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QUESTION D'ACTU

Dr Isabelle Bossé

Allergie : «Plus elle est traitée tôt, plus elle a de chances de guérir»

ENTRETIEN – Le Syndicat français des allergologues interpelle les candidats à la présidentielle. Il demande plus d’actions afin de lutter contre ces pathologies.

Allergie : \ alexraths/epictura




Trois Français sur dix souffrent d’allergie. Et pourtant, cette pathologie n’est pas inscrite à l’agenda politique. Pas une ligne à ce sujet dans les programmes des 11 candidats à l’élection présidentielle. Ces prétendants à la fonction suprême, le Syndicat français des allergologues (SYFAL) les interpelle directement. La santé environnementale doit prendre plus de place dans les propositions car elles ont un impact direct sur les personnes atteintes d’allergie.

Sous-diagnostiquées et peu reconnues : voilà le bilan de ces affections d’origine auto-immune. La spécialité elle-même n’est reconnue que depuis très peu de temps. Le SYFAL réclame donc un plan dédié aux allergies. Parmi les suggestions, figure le lancement de davantage d’études sur l’évolution des allergies dans le pays, mais aussi l’inclusion des pollens allergisants dans les bulletins météo. Plus d’information, donc, mais surtout de meilleurs diagnostics.

Le SYFAL demande ainsi qu’un volet « allergies » soit inclus dans les visites annuelles obligatoires de la médecine du travail et de la médecine scolaire, ainsi qu’un dépistage annuel « volontaire et gratuit dans un lien public » destiné aux enfants de moins de 6 ans. Le tout afin de diagnostiquer plus précocement. Explications avec le Dr Isabelle Bossé, présidente du SYFAL et allergologue à La Rochelle (Charente-Maritime).

Que va changer un dépistage plus précoce des allergies ?

Dr Isabelle Bossé : On sait que plus une allergie est dépistée tôt, plus elle est traitée tôt et plus elle a de chances de guérir. C’est déjà une raison suffisamment importante. On sait aussi que le système immunitaire est encore modulable dans la petite enfance. On a donc beaucoup plus de chances de guérir les enfants définitivement que si on laisse traîner. Plus on attend, plus le patient est en contact avec les allergènes et plus les symptômes risquent d’augmenter. Ce n’est pas systématique, mais ça l’est pour 30 % des patients.

Cette évolution de la pathologie ORL à l’asthme peut être liée à un retard de dépistage, ou arriver d’emblée. Mais on évitera à un enfant qui a des problèmes ORL à répétition et un terrain allergique d’évoluer vers de l’asthme et des poly-sensibilisations. Par exemple, il peut être allergique uniquement aux acariens et, si on ne fait rien, devenir allergique aux pollens, aux moisissures, aux animaux… il est donc important de dépister le plus tôt possible.

Ecoutez l'intégralité de l'entretien avec le Dr Isabelle Bossé :  

Cela peut-il améliorer le ressenti des patients, qui se sentent abandonnés ?

Dr Isabelle Bossé : Je ne sais pas si le dépistage précoce améliorera leur ressenti sur ce plan. C’est plus une question d’information et de formation des médecins généralistes, qui ont tendance à prendre les manifestations allergiques à la légère. Ce n’est pas le cas de tous, fort heureusement. Mais on s’est aperçus depuis quelques années que les allergies deviennent de plus en plus sévères et complexes. Je pense que ce sont ces patients-là qui ne se sentent pas bien compris, parce qu’on les assimile toujours à une pathologie légère, pas grave, qui se soigne facilement et n’impact pas la vie quotidienne. Et ce n’est pas vrai.

Existe-t-il des traitements durables, au-delà de ceux saisonniers ?

Dr Isabelle Bossé : Le traitement de fond de l’allergie, c’est la désensibilisation. On injecte, ou on fait prendre par voie orale, le ou les allergènes auxquels le patient est sensibilisé. Cela a pour but de moduler le système immunitaire et le faire revenir à la normale, c’est-à-dire qu’il tolère les pollens, les acariens, les poils de chat… C’est le seul traitement étiologique de l’allergie. Il ne fonctionne pas dans 100 % des cas, mais il a une action symptomatique, qui évite de prendre d’autres médicaments en excès. Une fois la désensibilisation arrêtée, cela permet aussi d’avoir une action pérenne dans le temps, qui peut aller de quelques années à 20 ou 30 ans, voire toute la vie.

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