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QUESTION D'ACTU

300 cas chaque année

La puberté précoce dix fois plus fréquente à Lyon et à Toulouse

En France, plus de 3 800 cas de puberté précoce ont été diagnostiqués entre 2011 et 2013. Les perturbateurs endocriniens sont suspectés de jouer un rôle.

La puberté précoce dix fois plus fréquente à Lyon et à Toulouse Nomadsoul1/epictura




Quand la puberté devient pathologique… En France, près de 1 300 enfants traversent cette période trop tôt dans leur existence. 8 ans pour les filles, 9 pour les garçons : voilà les bornes de la puberté précoce. Pour la première fois, les autorités sanitaires françaises ont chiffré l’étendue du phénomène. Son ampleur est inquiétante.

Pendant trois ans, les experts de Santé publique France se sont penchés sur les cas de puberté précoce, dans le cadre d’enquêtes sur l’impact des perturbateurs endocriniens. « L’étude est centrée sur des indicateurs sanitaires dont le lien avec une exposition aux perturbateurs endocriniens, au sens large, existe », résume Sébastien Denis, directeur de la direction Santé et Environnement à Santé publique France.

Le déséquilibre des sexes

Un large panel de substances peut être mis en cause, comme les cosmétiques ou certains métaux… La puberté précoce, elle, correspond à une réalité bien concrète pour les enfants qui en souffrent. Un ou plusieurs signes de la puberté se manifestent avant l’âge normal. Cela se traduit par une croissance accélérée qui conduit à une petite taille à l’âge adulte.

Les jeunes concernés par un tel phénomène sont également plus exposés à des dérèglements hormonaux, avec des répercussions sur le poids, la fertilité mais aussi le risque de diabète ou de pathologies cardiovasculaires. Or, la précocité de la puberté atteint un niveau alarmant.

En l’espace de trois ans, 3 519 cas ont été diagnostiqués chez les filles, et 352 chez les garçons. « Nous ne disposons pas d’explication à ce déséquilibre », reconnaît Sébastien Denis. D’autres travaux, plus pointus, devront apporter des éléments plus précis à ce sujet.

Un gradient Nord-Sud

Outre ces disparités entre les sexes, un lourd déséquilibre géographique s’esquisse. Dans les régions de Toulouse (Haute-Garonne) et Lyon (Rhône), la puberté précoce est dix à douze fois plus fréquente. « On voit très bien l’apparition de gradients sur les cartes, souligne Sébastien Denis. Nous allons nous attacher à tester différentes hypothèses. »



Source : Santé publique France

Plusieurs suspects

L’exposition aux perturbateurs endocriniens est une cause « plausible » à ce développement précoce du corps d’adulte. Produits cosmétiques, métaux lourds, plastifiants sont omniprésents dans l’environnement des enfants. Les émissions industrielles sont aussi suspectées.

Mais toutes ces hypothèses doivent être confirmées au sein d’études plus fines. Car les facteurs de risque de puberté précoce sont nombreux. Au rang des accusés figure notamment l’obésité, qui touche 3 % des enfants. Sans compter qu’un gradient Nord/Sud a déjà été observé : plus on s’approche de l’Equateur, plus les signes de maturation surviennent tôt.

Une forte attente

En fait, ces travaux fournissent une photographie générale précieuse pour les études à venir. Elle permet de cibler les recherches en fonction de ces observations. « On a prévu de développer des indicateurs géographiques d’exposition, liés à des parcelles agricoles par exemple, afin d’étudier le lien qui pourrait exister entre nos observations et la proximité vis-à-vis de parcelles agricoles », développe Sébastien Denis.

Ces travaux sont très attendus, à la fois du milieu scientifique et du grand public. « On observe à la fois une augmentation de l’inquiétude et des investissements des agences sur ces sujets », confirme Sébastien Denis. L’inquiétude est justifiée. Non seulement la puberté précoce se fait plus présente, mais l’infertilité a en plus tendance à augmenter, tout comme les malformations génitales masculines.

Les plans nationaux sur les liens entre santé et environnement sont à saluer. C’est grâce à eux que le dynamisme français est à l’œuvre. « Cela montre qu’il n’est plus possible de faire l’impasse sur ces sujets-là », tranche le directeur de la branche Santé et Environnement.

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