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Médecins sans Frontières

Porte de la Chapelle : «L'épidémie de gale aurait pu être anticipée»

ENTRETIEN – Face à l’épidémie de gale qui frappe le camp de migrants de la Porte de la Chapelle, MSF déplore le manque d'action des pouvoirs publics.

Porte de la Chapelle : \ Décontamination du site - 9/05/2017 - Goodman/LNP/Shutterstoc/SIPA




Une épidémie de gale frappe le camp de migrants de la Porte de la Chapelle, à Paris. L’alerte a été lancée par Médecins sans frontières (MSF) et relayée par France Info. Loin d’être une première, une telle épidémie s’était déjà déclarée dans la « jungle » de Calais. Elle est en fait le lot des populations qui vivent dans l’extrême précarité, la promiscuité, les conditions d’hygiène délétères.

La clinique mobile de MSF prend en charge ces cas, palliant le déficit des pouvoirs publics pourtant maintes fois interpellés. Mondane Berthault, médecin généraliste, revient sur la situation que traverse ces réfugiés.


A quoi doit-on la recrudescence des cas de gale dans les camps de migrants ?

Mondane Berthault : En fait, il ne s’agit ni d’une émergence, ni d’une recrudescence de cas. La gale est une maladie très contagieuse, qui se propage très facilement en conditions de promiscuité. Il y a régulièrement des épidémies dans les hôpitaux, les maisons de retraite, les camps de vacances… Donc il ne s’agit pas d’une émergence en France.

Simplement, nous avons affaire à une population de migrants qui vivent dans des conditions d’hygiène très précaires. Le terrain est favorable pour que la maladie se propage. On peut observer cela dans tous les camps mais celui de Porte de la Chapelle est touché car les réfugiés y sont très nombreux et les places, très rares. Donc ils dorment les uns avec les autres, partagent leur couverture, leur sac de couchage…


Avez-vous un accès suffisant aux traitements ?

Mondane Berthault :  Le traitement se fait en deux volets. Il faut d’abord traiter les patients avec des comprimés en deux cures à huit jours d’intervalle. Puis, il faut traiter l’environnement, les vêtements, les draps, les sacs de couchage, les couvertures… Cela se fait avec des sprays qu’on leur fournit, qui permettent d’éliminer le parasite.

Mais les conditions sont loin d’être idéales. Car normalement, il faudrait pouvoir laver les vêtements et le linge, avoir accès à des machines à laver, mettre les couvertures et les draps à 60 degrés… Souvent, les refugiés n’ont qu’une seule tenue donc ils ne peuvent pas forcément se changer. Nous, nous avons les traitements, mais les conditions pour les mettre en œuvre ne sont pas bonnes. Par ailleurs, il y a un impact psychologique lié à cette maladie. Les gens se grattent, cela les empêche de dormir, or ils sont déjà extrêmement fragilisés, anxieux et épuisés. Cela n’arrange vraiment rien.

Pourquoi rien n’a bougé ?

Mondane Berthault : Je l’ignore… Mais dès qu’il y a des rassemblements, comme c’était le cas à Calais, on peut s’attendre à des épidémies. C’est un problème récurrent qui existe depuis longtemps, auquel on peut s’attendre à chaque fois qu’il y a des vagues de migrants. Il est donc possible d’anticiper.

Ce qu’il faudrait, c’est que ces personnes puissent avoir accès à des conditions de vie décentes, qu’ils ne soient pas obligés de dormir dans la rue, serrés les uns contre les autres parce qu’il fait froid et qu’il pleut. On parle là de la gale, mais le problème de la prise en charge est global.

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