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Expérimentations du Pr Hirt

Strasbourg : des restes de victimes de la barbarie nazie retrouvés à l’université

Une commission historique dépêchée à l’université de Strasbourg a retrouvé des restes humains en lien avec les expérimentations du Pr Hirt, un médecin nazi.

Strasbourg : des restes de victimes de la barbarie nazie retrouvés à l’université Entrée du camp de concentration du Struthof


  • Publié le 10.07.2017 à 11h38
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  • Mise à jour le 10.07.2017 à 11h55
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L’université de Strasbourg ouvre enfin les yeux sur son histoire, et sur les exactions qui ont eu lieu dans ses locaux pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle a mandaté une commission historique indépendante, afin d’enquêter sur les agissements du Pr August Hirt, un anatomiste allemand de l’Institut d’anthropologie raciale Ahnenerbe, qui a mené des expérimentations sur des victimes de l’Holocauste.

Elle est notamment à la recherche de restes humains en provenance de victimes juives dans les collections anatomiques de l’université. Les recherches ont déjà abouti à la découverte d’une vingtaine de bocaux portant le nom du Pr Hirt, ainsi que 160 thèses de médecine rédigées entre 1943 et 1944, qui étaient jusqu’alors passées inaperçues.

« Une université qui a commis des crimes »

Rien ne prouve pour l’instant que ces restes proviennent de victimes juives des camps de concentration, mais cette trouvaille pose la première pierre d’une reconstruction historique, d’après Mathieu Schneider, le vice-président de l’université de Strasbourg, dont les propos ont été rapportés par France Bleu. « Malheureusement nous avons dû héberger dans nos murs une université qui a commis des crimes. C'est cette histoire que nous devons écrire ».

« Les premiers travaux de la commission historique montrent bien qu'il y a eu une intensification de la recherche entre 1943 et 1944 et que cette recherche était clairement destinée à servir les thèses raciales et les expérimentations médicales du nazisme », a-t-il notamment expliqué.

Les rapports historiques signalent que 86 personnes avaient été déportées du camp d’Auschwitz pour être gazées au camp de concentration alsacien du Struthof – le seul camp construit sur le sol français. Leurs dépouilles ont ensuite été disséquées à l’université de Strasbourg par le Pr Hirt et son équipe, à des fins de recherche et pour constituer une collection de squelettes.

Sujet sensible

Les restes de ces expériences ont en effet été retrouvés par les Alliés après la libération, et inhumés dans un cimetière juif de Strasbourg. Mais des rumeurs suggérant que certains restes n’auraient pas été retrouvés couraient dans les couloirs de l’université, créant un point de tension parmi les chercheurs et les employés.

La découverte en 2015 de fragments de peau et d’organes d’un détenu allemand, Menachem Taffel, identifié grâce à son tatouage de déporté, avait déjà alimenté le débat relancé par le Dr Michel Cymes quelques mois plus tôt. Le médecin-animateur de télévision avait en effet mentionné l’existence de ces restes dans son livre, Hippocrate aux enfers.

Reconstituer le puzzle

Face aux multiples bocaux de formol et lames que supportent les étagères des laboratoires d’anatomie, le travail des enquêteurs de la commission historique est colossal, estime Christian Bonah, professeur d’histoire des sciences à l’université de Strasbourg. « Il s’agit de milliers d’objets qu’il faut identifier et inventorier, explique-t-il. Il faut comprendre d’où ils viennent, et déterminer s’ils sont liés à des activités criminelles. »

Une tâche indispensable pour l’histoire et pour la science. « Il nous faut reconstituer les éléments du puzzle, ajoute Mathieu Schneider. Et à partir de là, présenter un récit cohérent, que nous pouvons assumer. Nous pourrons ainsi construire pour nos étudiants une réflexion sur l’éthique de la médecine. »

Une éthique bafouée, à laquelle l’entité morale de l’université de Strasbourg n’aurait pas participé. Dès 1939, et jusqu’à la Libération, les étudiants et leurs professeurs avaient déménagé à Clermont-Ferrand.

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