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Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire

Immigrées : des grossesses à risque de complications

Les femmes migrantes sont trois fois plus à risque de présenter des complications sévères de la grossesse par rapport à celles qui sont nées en France.

 Immigrées : des grossesses à risque de complications LEVINE/SIPA




Pour les immigrés, l’arrivée en France ne signe pas toujours la fin de la galère. Cela vaut particulièrement pour les femmes. Par rapport aux Françaises, les expatriées sont plus à risque de complications lors de leur grossesse. Elles représentent pourtant une naissance sur cinq.

Les parturientes originaires d’Afrique subsaharienne sont particulièrement victimes de cette inégalité, comme le révèle le dernier Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH).

Dans un numéro dédié à la santé des populations immigrantes, la revue de Santé publique France consacre un article entier aux soins gynécologiques et obstétriques dont bénéficient – ou pas – les femmes qui ont choisi de quitter leur pays natal. Et elles sont clairement défavorisées, dès le début de leur gestation.

Des populations isolées

Par rapport aux Françaises natives, les femmes immigrées se rendent moins souvent en consultation dans le cadre de leur grossesse. L’exemple de 9 700 patientes des établissements du Groupement hospitalier Paris-Nord le montre bien. Plus d’un tiers de celles originaires d’Afrique subsaharienne n’ont pas été suivies correctement, tout comme un quart des femmes originaires d’Afrique du Nord.

Parmi les Françaises natives, 17 % seulement n’ont pas bénéficié d’un suivi adéquat. Ce fossé se creuse encore davantage chez les femmes qui se sont récemment installées en France. Cela vaut d’autant plus si elles sont dans une situation de précarité. Les explications de cette inégalité relèvent à la fois du statut migratoire et du contexte social.

Les grossesses sont moins souvent programmées, surviennent à un jeune âge et concernent des femmes peu éduquées. Si on y ajoute le manque de maîtrise de la langue française, dans certains cas, et l’absence de couverture sociale, de nombreux freins s’opposent à un accès aux soins. Ce que dénoncent les auteurs de cet article.

Un suivi inapproprié

« Une attention insuffisante est accordée aux inégalités structurelles, à la compétence linguistique, aux antécédents migratoires ou à la discrimination », déplorent les chercheurs de l’Inserm. Ils pointent aussi la « distance sociale entre médecins et patientes ».

Outre ce suivi irrégulier, les patientes d’origine étrangère n’ont pas non plus le même accès aux examens appropriés. 78 % d’entre elles ne reçoivent pas les soins recommandés par les autorités sanitaires et les sociétés savantes. Ce taux grimpe à 95 % chez les femmes venant d’Afrique subsaharienne.

Par rapport à celles nées en France, les immigrées bénéficieront moins de contrôle systématique de l’hypertension artérielle par tensiomètre automatique sur de longues périodes. Et si le contrôle des protéines dans les urines est plus souvent réalisé, les indicateurs alarmants sont plus souvent négligés.

Trois pathologies dominent

Les conséquences de ce manque d’attention peuvent se révéler catastrophiques. Par rapport aux Françaises natives, les femmes originaires d’Afrique subsaharienne sont trois fois plus à risque de morbidité maternelle sévère. Depuis 2007, le bilan s’est amélioré pour les femmes venant d’Afrique du Nord.

Trois pathologies dominent clairement le tableau des maladies maternelles. Les immigrées sont deux fois plus touchées par des complications sévères liées à une hypertension gravidique, par des hémorragies obstétricales sévères. La survenue d’un sepsis sévère est également trois fois plus fréquente.


Ce triste constat confirme l’intérêt du suivi prénatal, notamment en prévention du sepsis. Ces travaux montrent à quel point des soins sous-optimaux et un diagnostic tardif favorisent l’évolution d’une maladie vers un stade sévère.

Cet article rappelle aussi que les facteurs de risques génétiques doivent être pris en compte, notamment dans l’hypertension artérielle gravidique. Là encore, un défaut de suivi peut s’avérer délétère pour la mère comme pour l’enfant.

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