La qualité de l’air en Europe laisse à désirer. Dans son dernier rapport sur la pollution de l’air dévoilé le 11 octobre, l’Agence européenne de l’environnement indique que la situation « s’améliore lentement ». Les grandes villes européennes sont toujours asphyxiées par des nuages de particules fines, d’ozone et de dioxyde d’azote. Un environnement toxique responsable de plus de 530 000 décès sur le continent.
A elles seules, les particules fines de 2,5 microns capables de se loger profondément dans nos poumons sont responsables de la mort prématurée de près de 430 000 personnes chaque année dans 41 pays d’Europe. Le bilan est de 399 000 si les calculs sont réalisés dans les 28 Etats membres de l’Union européenne.
Suivent ensuite le dioxyde d’azote et l’ozone qui tuent respectivement 78 000 et 14 4000 personnes par an. Des chiffres très similaires si l’on prend en compte seulement l’Union européenne.
Source : Concentration annuelle de particules fines 2,5 microns en Europe en 2015, Agence européenne de l'environnement.
Source : Concentration annuelle de de dioxyde d'azote en Europe en 2015, Agence européenne de l'environnement.
AVC et infarctus
Selon l’Agence européenne de l’environnement, l’accident vasculaire cérébral (AVC) et l’infarctus sont les principales causes de ces décès. La pollution de l’air est en effet un facteur aggravant de ces pathologies, car elle endommage les parois des artères. Des études ont, par ailleurs, montré que les particules fines pouvaient s’infiltrer jusqu’au cœur.
Les pathologies respiratoires et les cancers du poumons sont également responsables de milliers de décès chaque année, après de longues années d’exposition à la pollution. A plus court terme, la mauvaise qualité de l’air exacerbe l’asthme et les autres troubles respiratoires, obligeant parfois à hospitaliser les malades.
La France mauvaise élève
A l’échelle de l’Union européenne, l’Allemagne est le pays qui paie le plus lourd tribut (80 000 décès). Viennent ensuite la Grande-Bretagne (64 000) et la France (63 000). Soit les pays les plus peuplés d’Europe, note le rapport. Mais en prenant compte le nombre d’habitants, on constate que les pays d’Europe comme la Pologne ou la Bulgarie sont les premières victimes de la pollution.
A l’inverse, les pays d’Europe du Nord tels que la Suède, la Norvège ou la Finlande déplorent moins de morts attribuables à la pollution.
Quid des législations mises en place par les Etats pour protéger la santé des populations ? Début 2017, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Grande-Bretagne et l’Espagne s’étaient fait sermonner par la Commission européenne en raison « d’infractions continues aux limites en matière de pollution atmosphérique ». Dans l’Hexagone, la pollution dépasse régulièrement les seuils limites à Paris, Marseille et Lyon.
Un plan en 2018
La Commission avait conseillé aux pays de réduire leurs émissions issues de la circulation routière, et en particulier celles des véhicules diesel. Bruxelles avait prévenu que si ces pays ne rentraient pas dans le rang, des sanctions pourraient être prononcées par la Cour européenne de justice. Des actions en justice sont déjà en cours contre ces pays pour non-conformité en ce qui concerne les particules PM10 et le dioxyde d’azote.
Par la voix de Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique et solidaire, la France a indiqué qu’un plan devrait être présenté d’ici à mars 2018. Une annonce faite fin septembre dans la vallée de l’Arve (Haute-Savoie), un petit coin de France qui étouffe à cause des camions et du chauffage au bois (voir encadré).
Vallée de l'Arve : la pollution tue 85 personnes par an
La vallée de l’Arve, au pied du Mont Blanc, retient sa respiration depuis des décennies. Voie de passage pour les camions qui transitent entre la France et l’Italie, cette belle région coincée entre les montagnes est confrontée à des émissions de particules fines, d’ozone et de dioxyde d’azote qui battent tous les records. Au trafic routier s’ajoute une utilisation importante du bois de chauffage.
Une situation que connaît bien le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot. En déplacement fin septembre dans la vallée, les habitants lui on rappelé que dix ans auparavant il faisait partie des rangs des militants exigeant de respirer un air de meilleur qualité.
Des revendications qui s’entendent encore plus au vu des résultats d’une étude menée par Santé publique France. L’agence sanitaire estime qu’entre 2012 et 2013, 8 % des décès sont attribuables à l’exposition chronique aux particules fines, soit 85 morts par an. Dans les grandes villes, la pollution de l’air est responsable de 13 % de la mortalité.
Par ailleurs, les habitants des 41 communes de la vallée perdent en moyenne neuf mois d’espérance de vie à 30 ans.
Si les émissions de particules fines diminuait de 30 %, la population gagnerait 5 mois d’espérance de vie et 45 personnes auraient la vie sauve chaque année, rapporte l’étude.