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QUESTION D'ACTU

Atlas de l'Ordre des médecins

Démographie médicale : les disparités se creusent en France

Alors que la France n'a jamais compté autant de médecins, l'accès aux soins se détériore dans un grand nombre de régions et de départements. 

Démographie médicale : les disparités se creusent en France VALINCO/SIPA




A la veille de la présentation du plan gouvernemental de lutte contre les déserts médicaux, le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) dresse un sombre tableau de la situation dans son nouvel atlas de la démographie. Alors que la France n’a jamais compté autant de médecins – 290 974 praticiens sont inscrits à l’Ordre –, l’accès aux soins se détériore, et en particulier dans les régions déjà en difficulté.

« Depuis 1979, le nombre de médecins a quasiment doublé. Mais cette progression a ralenti au cours de la dernière décennie, a décrit le Dr Jean-Marcel Mourgues, président de la section santé publique et démographie au CNOM, lors de la présentation de l’atlas ce jeudi. La part des médecins en activité stagne alors que celle des retraités augmente. »

Source : Evolution du nombre depuis médecins actifs et retraités depuis 1979, CNOM.

6 % de retraités actifs

De fait, entre 2007 et 2017, la proportion de médecins actifs a reculé de 10 points. Aujourd’hui, plus de deux tiers des médecins inscrits à l’Ordre travaillent dans leur cabinet, à l’hôpital ou les deux. Dans le même temps, la part des retraités est passée de 14 à 20 %. Sur les 75 000 médecins retraités, 6 % ont renfilé leurs blouses en 2017. Ils sont 6 fois plus nombreux à avoir fait ce choix par rapport à 2007.

Ces nombreux départs en retraite et l’arrivée de sang frais favorisent la féminisation de la profession. A en croire l’atlas 2017, quasiment un médecin sur deux en France est une femme. « Si la tendance se poursuit, on atteindra la parité parfaite en 2020 », a précisé le Dr Jean-Marcel Mourgues. Les médecins actuellement en activité sont aussi plus jeunes : 20 % ont moins de 40 ans en 2017 contre 14 % dix ans plus tôt.

Vive le salariat !

En 10 ans, le mode d’exercice des médecins a profondément changé. Au cours de la décennie qui vient de s’écouler, le salariat est devenu la pratique majoritaire (46,5 % de praticiens salariés contre 42,8 % de libéraux). A cela s’ajoutent les professionnels qui découpent leur temps de travail entre leur cabinet, l’hôpital public, les cliniques privées ou encore les centres de PMI.

Les départements de la Meurthe-et-Moselle, des Hauts-de-Seine, de la Seine-Saint-Denis, de Paris, du Val-de-Marne, de l’Orne, de la Vienne, de la Côte-d’Or, du Puy-de-Dôme et des Hautes-Alpes ont la particularité d’avoir « une sur-représentation des médecins qui exercent en salarié », note l’Atlas démographique 2017.

Pénurie de médecins généralistes

Mais cette nouvelle génération ne suffit pas à satisfaire les besoins de santé de tout le territoire français. Une difficulté liée, en partie, « à la baisse préoccupante du nombre de médecins généralistes ». Ces praticiens de premier recours ne sont plus que 88 137 dans l’ensemble du pays alors que la population augmente.

Peu nombreux, ils sont également mal répartis sur le territoire. La quasi-totalité des départements est en manque de médecins. Il faut ainsi se rendre dans le Sud de la France ou sur la façade Atlantique pour trouver un généraliste. En 10 ans, seuls le Finistère, la Loire-Atlantique, la Savoie et les territoires d’outre-mer ont gagné des médecins généralistes. Ils sont toutefois peu nombreux.

Source : Densité de médecins généralistes en France métropolitaine et territoires d'outre-mer, COM

Les ARS n'arrivent pas à séduire les médecins

L’Ordre des médecins a également constaté que les incitations mises en place par les Agences régionales de santé (ARS) dans les départements sous-dotés sont inefficaces. Au lieu d’accueillir des nouveaux médecins, ces zones déficitaires ont vu leur démographie diminuée de 7 % contre 8 % pour la moyenne nationale. Les praticiens ont préféré s’installer dans des zones plus attractives. « C’est l’échec du zonage des ARS », résume simplement le Dr Mourgues.

Pour les habitants de la fameuse « diagonale du vide », cette pauvre densité médicale complique l’accès aux soins. Lorsqu’ils ont besoin de consulter un médecin, ils parcourent au minimum 8 km. Or, cette diagonale qui traverse la France du Nord-Est ou Sud-Ouest accueille une population plus âgée et souffrant davantage de maladies chroniques comme le diabète.

Source : Distribution des actes par tranches d'âge. A gauche : 75 ans et plus, à droite : entre 60 et 74 ans. CNOM


S’ajoute à toutes ces vulnérabilités une couverture numérique qui laisse à désirer. « Environ 40 % du territoire n’est pas couvert. Et à l’heure où l’on parle de télémédecine et d’e-santé, nous voulions montrer que ce sont encore et toujours les mêmes territoires qui sont défavorisés », a insisté le Dr Mourgues.

Le gouvernement sera sans doute très sensible à cet argument de la fracture numérique. Ces solutions numériques au manque de médecins devraient, en effet, être au cœur du projet gouvernemental visant à un garantir un bon accès aux soins. La feuille de route de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, stipule que des mesures de déploiement seront mises en œuvre « dès 2018 ».

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