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Réseaux sociaux, presse

Lévothyrox : une affaire «d’hyperinformation-désinformante»

« 13 morts sous Lévothyrox ! » Avec cette affirmation à la une des journaux nationaux, le pire de l’information a été atteint et les médecins spécialistes de la question ont été scandalisés.

Lévothyrox : une affaire «d’hyperinformation-désinformante» CHAMUSSY/SIPA




Depuis quelques années, la médiasphère est secouée d’affaires retentissantes dans le domaine de la santé : vaccins, Médiator, statines, anti-ostéoporotiques, Lévothyrox… Tout ceci est suivi attentivement par un groupe de médecins renommés dont nous nous efforçons ici de transcrire les réflexions.

La presse court après les réseaux sociaux

Si l’affaire du Mediator ne serait jamais sortie sans l’obstination d’un médecin bien connu et les réseaux sociaux. Ces derniers y sont apparus comme un allié de la presse mais, depuis, on a l’impression que « la créature a échappé au maître ». Reflets d’une « perte de confiance totale dans les institutions et les référents », les réseaux sociaux les plus bruyants sont à la limite de la « dérive sectaire », voire de la « théorie du complot » et, malheureusement, « la presse lui court après ».

Une hyperinformation-désinformante

Le paroxysme a été atteint la semaine dernière à la une de plusieurs grands quotidiens nationaux où apparaissent les racines du mal français : une « hyperinformation-désinformante » et « des média qui courent à la poursuite des réseaux sociaux », parfois même sous la plume de vieilles gloires de la presse écrite. A peine diffusées, et non contextualisées (13 morts chez des personnes avec plusieurs maladies associées sur 3 millions de malades), ces informations sont immédiatement relayées par les grands média qui ne veulent « surtout pas rater un sujet en or pour l’Audimat » et surtout « le train de la promotion sur Google Actualités ». C’est « la course à l’Audimat ».

Le piège de l'Audimat

Les réseaux sociaux « lancent une information, (sectaire, forcément sectaire - ndlr), et forcent les journalistes à prendre position rapidement, pour répondre au plus tôt à l’attente chez leurs lecteurs ». Publier une semaine après, « c'est trop tard pour Google Actualités et pour l’Audimat ». Ces médecins, souvent de grands experts hospitaliers et renommés dans leur spécialité, sont « forcément déçus quand cela concerne des titres prestigieux », avec lesquels ils ont souvent partagé leur expertise dans le passé, mais c'est une réalité. Cela donne d'ailleurs du « grain à moudre aux blogueurs scientifiques, qui peuvent parfois réagir plus vite que les médias traditionnels ».

Revaloriser le rôle de la presse

La presse et les média ont « tort de courir après les réseaux sociaux ». Ils devraient être là pour vérifier et rationaliser l’information. Le « nouveau temps journalistique n’exclut pas la le travail et la réflexion », justement avec l’aide d’experts scientifiques et médicaux de valeur qui sont nombreux dans notre pays. La réflexion serait de proposer une information de qualité en 2, voire en 3 temps, ce que justement Google Actualités encourage théoriquement. Mais là encore, la « course à l’échalote » joue à plein et une certaine « suspicion » est passée par là avec la non-consultation des meilleurs experts, même si ce sont souvent ceux qui font le plus de recherche avec l’industrie. Dans un pays où il n’y a pas beaucoup de recherche publique, ils ne sont pas pour autant achetés !

Rendre l'ANSM efficiente

« Inquiétude supplémentaire dans cet immense gâchis, c’est l’ANSM (et l’administration) : bourdes répétées en matière de communication, absence de rigueur scientifique, petit niveau des experts maison, goût du secret, arrogance de fonctionnaires n’admettant ni leurs faiblesses ni leurs erreurs ». C’est un « vrai problème pour notre pays d’avoir une agence du médicament de ce calibre » (y compris à l’heure où il a fallu choisir le futur siège de l’Agence Européenne du Médicament – ndlr). Les « éléments de langage » ne peuvent masquer ce problème fondamental.

Prendre les réseaux sociaux pour ce qu'ils sont

Les réseaux sociaux sont une avancée à double face pour la démocratie : il y a le meilleur comme le pire. Tout n’est donc pas à y prendre au pied de la lettre, même quand cela fait beaucoup de bruit. On a bien vu récemment que ces réseaux pouvaient être manipulés lors de l’élection présidentielle dans un grand pays démocratique. Ce ne sont pas les réseaux sociaux qui doivent faire l’information. Ils doivent juste être pris comme « un indicateur de la santé paranoïaque de notre pays ». Et c’est à la presse nationale et spécialisée, avec l’aide des d’experts ayant les compétences idoines, de faire le travail d’investigation, de vérification et de contextualisation nécessaire pour une information de qualité.

Remettre certains diagnostics en question

Il est à noter que que l'on utilise dans ces autres pays la nouvelle formule du Lévothyrox sans poser de problèmes particuliers, et ce depuis plusieurs années. Il est donc indispensable de réexaminer attentivement les malades qui se plaignent de ces troubles et de bien vérifier qu'ils ont besoin de ce traitement. Plus de 3 millions de malades sont traités en France ! C'est au taux très supérieur à ce qui est trouvé dans les autres pays et il est possible que certains d'entre eux souffrent d'une autre maladie, même avec une anomalie thyroïdienne associée. Ce pourrait être cette autre maladie qui pourrait générer ces troubles ... et qui pourrait les malades exposer à d'autres problèmes.

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