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De plus en plus pure

Cocaïne : les intoxications multipliées par six depuis 2010

Le nombre d'intoxications à la cocaïne et à ses dérivés (crack, free base) a été multiplié par six depuis 2010. Les signes d'un marché florissant.

Cocaïne : les intoxications multipliées par six depuis 2010 Nomadsoul1 / Epictura




Elle se répand comme une traînée de poudre. D’après l’Agence du médicament (ANSM), qui vient de rendre publiques des données issues de son réseau national d’addictovigilance, les cas d’intoxications liées à l’usage de cocaïne ou de produits dérivés ont flambé ces dernières années. Le nombre de signalements est ainsi passé de 68 cas en 2010 à 416 en 2017, soit une multiplication par six !

Les intoxications sont non seulement plus fréquentes, mais aussi plus sérieuses. Le nombre de cas graves a ainsi été multiplié par huit entre 2010 et 2016, avec 44 décès en 2015. Dans la plupart de ces intoxications, c’est la cocaïne poudre qui est en cause, suivie du crack et de la free base (voir encadré).

Source : ANSM (2018).

D’après l’ANSM, qui a analysé les données d’hospitalisation entre 2008 et 2014, les complications les plus fréquentes sont d’ordre psychiatrique (35 %), cardiovasculaire (30 %) et neurologique (27 %). Bien que plus rares, des complications infectieuses (12 %), respiratoires (8 %) et touchant la sphère ORL (3 %) sont aussi rapportées.

De la cocaïne de plus en plus pure

Cette hausse des intoxications à la cocaïne s’explique surtout par l’extension du domaine de la lutte. Non seulement la drogue se vend de plus en plus, mais la concurrence exacerbée conduit les dealers à adopter des stratégies de différenciation. La « qualité » de la poudre est ainsi devenue un argument marketing à part entière. On est passé d’un taux de pureté moyen d'environ 30 % en 2009 à une situation où la majorité des saisies dépasse les 70 % de pureté.

Source : Office français des drogues et des toxicomanies (2016).

Dans la majorité des cas, la cocaïne est coupée au lévamisole, un vermifuge utilisé surtout en médecine vétérinaire, qui accentue les effets psychostimulants de la cocaïne. Malheureusement, il est aussi responsable d’effets indésirables gastriques (diarrhées, mal de ventre) et allergiques (éruptions cutanées), et peut favoriser les overdoses (syndrome sérotoninergique). L’autre produit de coupage le plus fréquent est la caféine, avec des effets indésirables moindres.

Une hausse généralisée

Reste à savoir pourquoi ces données émergent maintenant, alors que l’agence du médicament avait déjà communiqué sur le sujet en août dernier et que le rapport définitif ne semble pas encore disponible. Le 25 janvier dernier, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb confirmait la mise mise en place d’amendes forfaitaires pour l’usage de stupéfiants, sans allègement des autres sanctions pénales encourues. Simple coïncidence ou communication bien orchestrée ?

En tout état de cause, la flambée de la consommation de cocaïne et de ses dérivés ne laisse d’inquiéter les autorités. À la clé, des enjeux de santé publique importants mais aussi de troubles à l’ordre public, concernant notamment le crack. Cette hausse de la consommation n’est d'ailleurs pas propre à la France : après une période de déclin, la tendance mondiale semble à la hausse en Europe et aux États-Unis, mais aussi en Afrique de l’Ouest.

La cocaïne et ses dérivés

La cocaïne existe sous de multiples formes, qui correspondent à des usages et des réseaux de vente bien différenciés. La cocaïne poudre (chlorhydrate) est plutôt consommée dans les milieux urbains à fort pouvoir d’achat, et bénéficie encore d’une image positive de « drogue branchée ». Sa consommation est en hausse.

Le crack et la free base se présentent sous la forme de « cailloux » ou de « galettes » qui peuvent être inhalés ou fumés. Ils résultent de la transformation de cocaïne poudre en cocaïne base, selon des procédures distinctes. L'effet est immédiat et puissant, de plus courte durée que la cocaïne poudre.

Le crack, obtenu par chauffage et ajout d’ammoniaque, est souvent vendu comme tel. Surtout consommé en région parisienne et dans les Antilles française, il est souvent associé à des populations très paupérisées. Son trafic tend à se propager, notamment à Paris. La free base est quant à elle obtenue par adjonction de bicarbonate de soude, souvent par les consommateurs eux-mêmes. Elle est plus associée aux milieux « festifs », électro et techno.

Très proches au plan de la composition (de la cocaïne base presque pure), le crack et la free base bénéficient d’images très différentes, négative pour le premier et positive pour la seconde, alors que leur dangerosité est similaire.

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