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Nord : les pompiers et l'hôpital de Roubaix condamnés pour avoir mal diagnostiqué un AVC

Le service départementale d’incendie et de secours (SDIS) du Nord et l’hôpital de Roubaix ont été condamnés à verser 300 000 euros à un homme devenu tétraplégique après le mauvais diagnostic d'un AVC en 2012. 

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Le tribunal administratif de Lille a condamné mercredi 16 mai le service départementale d’incendie et de secours (SDIS) du Nord et l’hôpital de Roubaix à verser 300 000 euros à Christophe pour l’avoir mal diagnostiqué lors d’un accident vasculaire cérébral (AVC). L’homme, aujourd’hui âgé de 44 ans, est tétraplégique depuis le drame.  

Le 17 août 2012, Christophe Blard se sent mal. Vers 20 heures, il appelle les pompiers et leur décrit ses symptômes : vertiges, vomissements, troubles de l’équilibre et de l’allocution. Pensant à un coup de chaud, le pompier de permanence au bout du fil lui conseille de rentrer chez lui. Mais sur le chemin, l’homme s’effondre. Environ deux heures plus tard, une passante le découvre inconscient dans la rue et le conduit à l’hôpital Victor-Provo de Roubaix.

Sur place, les médecins attendent deux heures avant de se décider à l’envoyer au CHR de Lille "compte tenu de la gravité de son état de santé". Arrivé sur place à 3h30 du matin, il est trop tard : Christophe présente déjà une "tétraplégie flasque aux quatre membres" suite à son AVC. Un examen neurologique diagnostique qu’il souffre du "locked in syndrom" ou syndrome d’enfermement. Si ses facultés intellectuelles sont intactes, il est aujourd’hui tétraplégique et dépendant. Il est conscient, entend et voit mais ne peut plus parler.

"L'opérateur qui a pris l'appel n'a pas fait le nécessaire" 

Au bout de six ans de procédure, le tribunal administratif de Lille a finalement condamné le SDIS et le centre hospitalier de Roubaix à lui verser 315 287,43 euros ainsi que 18 000 euros à ses parents. En effet, selon la justice, les 3h30 de retard dans la prise en charge du patient l’ont privé de "30% de chances de subir une évolution neurologique moins défavorable et de conserver des séquelles moins lourdes de l'accident vasculaire cérébral dont il a été victime".

"Il ressort clairement de l'appel qu'il passe aux pompiers qu'il est en état de détresse et en tout état de cause que l'opérateur qui a pris l'appel n'a pas fait le nécessaire. C'est un dysfonctionnement du service", a témoigné Blandine Lejeune, l'avocate de Christophe, à BFMTV. Pour sa défense, le SDIS du Nord, affirme que le pompier de permanence qui a pris l’appel a répondu à la victime de "manière adaptée au vu du nombre important d'appels ce jour-là, de ses compétences médicales très limitées et des symptômes décrits par l'intéressé pouvant évoquer d'autres pathologies qu'un accident vasculaire cérébral". A la suite de la condamnation du tribunal, il a indiqué "prendre acte de la décision" dans un communiqué mais n’a pas encore indiqué s’il allait faire appel.

Les secours français sont-ils dépassés ?

Cette affaire n’est pas sans rappeler celle de Naomi Musenga, décédée fin décembre après avoir contacté le Samu de Strasbourg qui s’était moqué d’elle au téléphone. Cinq mois plus tard, les révélations concernant les circonstances de sa mort ont déclenché une vaste tempête médiatique et conduit à l’ouverture de plusieurs instructions. Le parquet de Strasbourg a ouvert une enquête préliminaire du chef de non-assistance à personne en péril et les parents de la victime ont déposé une plainte pour connaître les causes exactes de la mort de leur fille. En parallèle, une enquête administrative a été ouverte par les hôpitaux universitaires (Hus). La ministre de la Santé Agnès Buzyn doit notamment rencontrer les médecins urgentistes pour faire le point sur le drame.

Depuis ces révélations, les témoignages relatant des faits de négligence affluent dans les médias. Dernièrement, les cas de deux femmes âgées de 90 ans décédées dans la salle d'attente des urgences de Tours à quinze jours d'intervalle a fait scandale. Toutes deux étaient en fin de vie des suites d'une maladie grave et sont restées entre 4 et 6 heures allongées sur un brancard dans la pièce. Le premier décès est survenu dans la nuit du 11 au 12 avril, le deuxième le 3 mai dernier. Ceci suggérant que le premier décès n'était pas un cas isolé.

Le médecin rappelle pourtant que "les équipes sont formées pour accompagner des patients dans les derniers moments de vie". Dans le cas présent cependant, les deux patientes ont rendu leur dernier souffle sans assistance dans une salle d'attente surpeuplée de 12 et 15 brancards, alors qu'elle ne peut en accueillir que six.

 

 

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