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Justice

Un médecin généraliste poursuivi par la Sécurité sociale pour refus de prescrire des génériques

Le médecin généraliste Julien Blain, installé à Saint-Brice-sous-Forêt, dans le Val d'Oise, est poursuivi par la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) de son département pour avoir arrêté de prescrire des génériques à ses patients.

Un médecin généraliste poursuivi par la Sécurité sociale pour refus de prescrire des génériques Iryna Imago /iStock




Le docteur Julien Blain comparaissait devant le tribunal de Pontoise le 27 juin dernier, accusé par la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) de son département d'avoir arrêté de prescrire des médicaments génériques ces cinq dernières années. Une position anti-génériques qu'il assume pleinement.

"Pendant dix ans j'en ai prescrit, pendant dix ans mes patients ne guérissaient pas", a-t-il déclaré au Parisien. Selon lui, cesser de les prescrire est "un principe de précaution", neuf de ses patients ayant "failli mourir" à cause de ces médicaments. C'est donc sans retenue que le médecin a apposé la mention "non substituable" sur les ordonnances de ses patients, empêchant ainsi les pharmaciens de leur délivrer des génériques.

Julien Blain avait déjà été convoqué une première fois par l'Assurance maladie en 2015. Selon Le Parisien, il avait écopé d'une amende de 400 euros pour 150 dossiers identifiés, mais avait refusé de payer, récusant toute faute professionnelle. "Je refuse de payer car je n'ai commis aucune faute", a-t-il martelé. C'est pour ce refus que le médecin a été poursuivi par l'Assurance maladie.

L'hostilité des Français vis-à-vis des génériques

Dans certains pays voisins, comme en Allemagne ou en Grande-Bretagne, la vente de génériques s'élève à 70%, contre 36% en France. La Sécurité sociale souhaite donc commercialiser au maximum les génériques, moins chers que les médicaments originaux de 30%. Car si le dernier rapport de la Commission des comptes affirmait début juin que le déficit global de l'Assurance maladie serait "quasiment à l'équilibre" en 2018 - pour la première fois depuis 2001 - en passant de 2,2 milliards d'euros à 300 millions d'euros, un trou béant reste à combler. 

Selon le sociologue Étienne Nouguez, spécialiste des relations santé-marché et auteur d’un récent essai sur le sujet, l'hostilité des Français vis-à-vis des génériques "est étroitement liée à l’organisation de notre système de santé". Il explique que le fait que les médecins libéraux "n’étaient pas sanctionnés ou incités en fonction du montant de leurs prescriptions", que "jusqu’en 1994, les prix des médicaments remboursables étaient fixés par l’État à des niveaux faibles", que "les pharmaciens, de leur côté, percevaient une marge proportionnelle au prix des médicaments et n’avaient donc pas de raison de délivrer des médicaments moins chers et enfin, que "les patients qui avaient une mutuelle étaient le plus souvent remboursés intégralement pour leurs dépenses de médicaments", faisaient que "personne n’avait de réel intérêt à privilégier les médicaments les moins chers". De plus, "rescrire des médicaments de marque peut aussi être pour eux un moyen d’attirer ou de conserver des patients aisés 'exigeants' et 'nomades', de justifier le tarif élevé de leurs consultations et d’éventuels dépassements d’honoraires".

Mais la tendance pourrait s'inverser. Selon les calculs du leader du marché, Biogaran, les génériques pourraient représenter 70% des médicaments remboursés par la Sécurité sociale dans 10 ans. Affaire à suivre.

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