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QUESTION D'ACTU

Injures, non-consentement, violences sexuelles...

Violences gynécologiques : le Haut Conseil à l’Égalité dresse un état des lieux inquiétant

Le Haut Conseil à l’Égalité a remis ce 29 juin un rapport sur les violences gynécologiques et obstétricales. Dressant un état de lieux inquiétant, il insiste sur la nécessaire "prise de conscience" du milieu médical et appelle à "une action publique ambitieuse" pour y mettre un terme.

Violences gynécologiques : le Haut Conseil à l’Égalité dresse un état des lieux inquiétant Wavebreakmedia /iStock




Ce sujet est loin d’être nouveau, mais ne bénéficie que depuis quelques années d’une réelle portée dans le débat public : les violences gynécologiques et obstétricales.

Dénoncées depuis des années par des milliers de femmes, notamment en 2014 via le hashtag #PayeTonUtérus ou au travers de témoignages compilés sur des blogs, ces violences font aujourd’hui l’objet d’un rapport détaillé qui permet de mesurer l’ampleur du phénomène. Commandé l’an dernier par Marlène Schiappa, il est remis ce vendredi par le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes.

Des violences qui relèvent "d’une culture médicale"

Premier objectif du rapport du HCE : définir précisément ce que sont ces violences gynécologiques et obstétricales que semblent avoir connues tant de femmes. Revêtant parfois une forme anodine – un jugement sur la sexualité, la tenue, le poids, ou la volonté d’avoir ou non un enfant -, ces violences n’en sont pas moins traumatisantes pour les femmes qui les subissent. Selon les rapporteures du HCE, le terme de "violence" recouvre aussi la non prise en compte de la gêne de la patiente, les injures sexistes, les actes exercés sans le consentement ou le choix de la patiente, les actes ou refus d’acte non justifiés médicalement. Et enfin, les violences sexuelles : harcèlement, agression et viol.

Définies au terme de multiples auditions de professionnels de santé, d’associations et de patientes, les violences gynécologiques et obstétricales sont loin d’être des faits. Il n’y a qu’à lire les témoignages compilés par le HCE pour s’en convaincre : "Lorsqu’à 13 ans tu as ton premier RDV gynéco et qu’on t’impose un frottis...", "Ça fait pas si mal que ça, arrêtez de pleurer", "Mon gynéco m’a dit une fois ‘votre col de l’utérus doit être parfait pour la levrette’", "Le médecin qui t’accueille avec un ‘alors pour quand BB2’ pour un RDV post-fausse couche."

Autant de témoignages de femmes présents dans le rapport et qui permettent de mesurer l’ampleur du phénomène. "Ces témoignages massifs attestent du fait qu’il ne s’agit pas de cas isolés mais relève d’une culture médicale", souligne Margaux Collet, co-rapporteure au HCE.

1 épisiotomie sur 2 pratiquée sans explication

Parmi les violences les plus souvent citées par les femmes lors de leur suivi obstétrical : l’épisiotomie, trop systématique dans certains établissements et pratiquée sans le consentement éclairé de la patiente. Selon le rapport, 1 accouchement sur 5 donne lieu à une épisiotomie. Or, 1 femme sur 2 sur laquelle une épisiotomie a été réalisée déplore un manque ou l’absence totale d’explications sur le motif.

Autre point dénoncé par le rapport : la non prise en compte de la douleur des femmes, que ce soit lors des actes pratiqués (examen vaginal brusque sans tenir compte de la parole de la patiente) ou, plus globalement, dans le diagnostic, comme c’est le cas pour l’endométriose.

Parmi les femmes interrogées, 6% se déclarent ainsi "pas du tout" ou "plutôt pas" satisfaites du suivi de leur grossesse ou de leur accouchement, ce qui représente environ 50 000 femmes pour l’année 2016.

Enfin, parmi les faits signalés lors des auditions ou dans les témoignages publiés dans les différentes sources mobilisées, certains relèvent sans conteste de violences sexuelles. 3,4% des plaintes déposées auprès des instances disciplinaires de l’Ordre des médecins en 2016 concernent d’ailleurs des agressions sexuelles et des viols commis par des médecins, affirme le HCE.

26 recommandations pour en finir avec les violences

Comment en finir avec ces violences gynécologiques et sexuelles ? Le rapport appelle à une "prise de conscience des pouvoirs publics" et propose 26 recommandations divisées en trois axes.

Le premier pas est de reconnaître les faits, c’est-à-dire "l’existence et l’ampleur des actes sexistes dans le suivi gynécologique et obstétrical". Le HCE recommande ainsi de mener des études et enquêtes pour mieux connaître le suivi gynécologique des femmes, s’interroger sur leur satisfaction quant à celui-ci ou encore d’intégrer à ce suivi la question des actes sexistes et des violences sexistes et sexuelles.

Deuxième piste de réflexion : une meilleure formation des médecins gynécologues et obstétriciens, des sages-femmes et de tout le personnel soignant à la notion de consentement et aux violences obstétriciennes et gynécologiques. Il s’agit selon Margaux Collet du "meilleur moyen de sensibiliser le personnel soignant pour en finir avec ces violences".

Enfin, le HCE insiste sur l’importance de mieux informer les femmes sur leurs droits. Des outils pourraient ainsi être mis à leur disposition : livrets d’information, carnet de maternité, projet de naissance. L’instance recommande aussi la généralisation de rendez-vous au cours desquels les femmes pourraient être conseillées et écoutées : cours d’éducation sexuelle pour les jeunes filles, entretien prénatal et post-natal… Avec pour objectif, celui d’informer les femmes concernant leurs droits et les possibilités de recours en cas d’actes sexistes durant le suivi gynécologique et obstétrical. 

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