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Maladie de Lyme : pourquoi les spécialistes s'indignent-ils des recommandations officielles ?

Alors que la Haute Autorité de Santé vient de publier des recommandations sur la maladie de Lyme, de nombreux professionnels s'inquiètent des potentielles dérives qui pourraient en découler. 

Maladie de Lyme : pourquoi les spécialistes s'indignent-ils des recommandations officielles ? RobertAx/iStock


  • Publié le 13.07.2018 à 14h30
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  • Mise à jour le 13.07.2018 à 15h10
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Les professionnels de santé vent debout contre la Haute Autorité de Santé (HAS). De nombreux spécialistes ont annoncé être contre les recommandations publiées par la HAS sur son site le 20 juin dernier sur la maladie de Lyme. Afin d’établir une bonne pratique des soins, elle proposait de faire le point sur "les connaissances scientifiques actuelles concernant la borréliose de Lyme et les autres maladies transmissibles par piqûres de tiques, la stratégie diagnostique à proposer au niveau national; les moyens nécessaires pour assurer une prise en charge thérapeutique globale optimale des patients, de répondre à leur souffrance et d'éviter l'errance diagnostique et thérapeutique et ses dérives potentielles".

Alors que la médecine s’écharpe depuis plusieurs années afin de trancher sur les symptômes exacts de la maladie de Lyme, la HAS a tenté un consensus en proposant une nouvelle classification de l’affliction. Dans ses recommandations, elle décide donc de reconnaître que les personnes souffrant de manière récurrente de douleurs et de fatigues sont bien malades mais se refuse à approuver l’existence d’une forme chronique de la maladie de Lyme. A la place, elle a créé la terminologie de SPPT (symptomatologie/syndrome persistant(e) polymorphe après une possible piqûre de tique) afin d’expliquer la "situation de patients qui ont pu être exposés aux tiques et qui présentent des signes cliniques polymorphes, persistants et non expliqués, pouvant être invalidants".

"A travers la symptomatologie/syndrome persistant(e) polymorphe après piqûre de tique (SPPT), dont l’imprécision du nom traduit déjà les difficultés de définition, la HAS ouvre la porte à une reconnaissance des cas pour lesquels aucune autre étiologie n’a pu être confirmée", commente le Journal International de Médecine afin d’expliquer l’inquiétude des professionnels de santé.

Un "ensemble de symptômes mal définis"

Ils sont en effet nombreux à craindre que ces recommandations n’encouragent certaines dérives comme la prescription de traitements antibiotiques longs dont l’efficacité n’a jamais été démontrée et qui peuvent s’avérer nocifs. "La démarche diagnostique n’était pas assez explicite et le texte souffrait globalement d’un manque de clarté, ouvrant la porte à des dérives médicales pouvant être délétères pour les patients (…). Cet ensemble de symptômes mal défini n’existe pas dans la littérature médicale internationale et pourrait conduire à des excès de diagnostics susceptibles d’orienter les patients vers des prises en charge inadéquates", s’est ainsi insurgée la Société savante d’infectiologie (SPLIF) dans un communiqué.

Et de conclure : "C’est pourquoi la SPILF a sollicité les sociétés partenaires impliquées dans la prise en charge de ces maladies, pour effectuer une relecture collégiale des recommandations de la HAS et si besoin faire des propositions constructives". 

Ne pas tenir compte "des recommandations officielles"

Pour l’Académie de médecine, avec ses recommandations, la HAS "reconnaît de fait implicitement l’existence d’une telle pathologie sans la moindre preuve avec, pour conséquence, des propositions de prise en charge lourde impliquant des investigations nombreuses, coûteuses et souvent inutiles". Ainsi, "loin de clarifier la situation", la HAS, en "voulant contenter tout le monde, ne satisfait personne".

Le Collège national des généralistes enseignants va quant à lui encore plus loin en conseillant "à tous les médecins" de ne pas tenir compte "des recommandations officielles" de la HAS. "En effet, en l’état actuel de la science, elle ne s’appuie aucunement sur des données scientifiques valides", note le Collège, craignant une psychose autour de la maladie de Lyme.

Cette dernière, scientifiquement appelée borréliose de Lyme, est une maladie vectorielle infectieuse, transmise par la morsure d’une pique. L’infection peut apparaître dans le mois suivant la piqûre, d’abord sous forme d’une plaque rouge et ronde qui s’étend en cercle à partir de la zone piquée. La lésion de la peau peut s’accompagner de douleurs musculaires et articulaires, ou encore de fièvre. Traitée rapidement, la maladie peut disparaitre en quelques semaines ou mois. Dans le cas contraire, elle peut en revanche entraîner des troubles neurologiques et ou des paralysies faciales.

 

 

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