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QUESTION D'ACTU

Vaccination obligatoire an 1

Vaccins, retour de la rougeole: confrontation à la réalité dans le village gaulois

Contre le retour de la rougeole et d’autres infections évitables, la vaccination obligatoire à 11 vaccins risque de rendre difficile la prochaine entrée en crèche de certains enfants. Les mythes ont la vie dure dans notre beau pays, soit disant cartésien. Mais "Dura lex sed lex".

Vaccins, retour de la rougeole: confrontation à la réalité dans le village gaulois Jovanmandic/istock




C’est la 1ère admission en crèche et en collectivité depuis l’instauration de l’obligation vaccinale à onze vaccins. La preuve que tous ces vaccins ont été administrés sera désormais indispensable à l'enfant pour être admis en collectivité (crèche, école...). Pourtant, au pays de Pasteur, certains parents sont déboussolés et les médecins traitants ne s’engagent pas toujours. Pays le plus « vaccinoseptique » d’Europe, la France est plus que jamais le village gaulois moqué au-delà de nos frontières.

Logiquement voulu, mais courageusement porté par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, le passage de trois à onze vaccins obligatoires concerne les enfants nés à partir du 1er janvier 2018. En plus des 3 vaccins déjà obligatoires (diphtérie, tétanos et poliomyélite ou DT-Polio), 8 vaccins déjà recommandés sont désormais obligatoires : coqueluche, rougeole-oreillons-rubéole (ROR), Haemophilus influenzae b, pneumocoque, méningocoque C et hépatite B.

Sans une preuve que ces onze vaccins ont été réellement administrés, les enfants ne pourront pas être inscrits en crèche et en collectivité. Ces établissements peuvent cependant réaliser une admission provisoire de 3 mois, le temps de permettre aux parents de se mettre en conformité. Si ces derniers refusent, l’enfant devra être exclu, une obligation qui promet quelques difficultés.

Pourquoi 11 vaccins obligatoires ?

Le principal argument du passage à 11 vaccins obligatoires, est la baisse de la couverture vaccinale pour les vaccins jusqu’ici non-obligatoires, et la résurgence de certaines maladies potentiellement mortelles. Pourtant, la vaccination a été, avec l’amélioration de l’hygiène et de la qualité de l’eau, l’intervention de santé publique la plus efficace contre les maladies infectieuses.

La vaccination est tout à fait satisfaisante en France sur les maladies pour lesquelles elle est obligatoire (polio, tétanos, diphtérie) ou pour celles dont les vaccins sont quasiment systématiquement (coqueluche, Haemophilus influenzae b) car combinés avec les vaccins obligatoires.

Par contre, pour les autres maladies, et en particulier la rougeole, la couverture vaccinale en France reste notoirement trop faible pour protéger l’ensemble de population contre la maladie : en France, en 2018, des enfants meurent ou ont des séquelles de rougeole.

La couverture vaccinale n’est pas optimale

Il existe un seuil minimum de couverture vaccinale dans la population française pour qu’une « protection de groupe » fonctionne et protège ceux qui ne peuvent pas être vaccinés (nouveau-nés, immunodéprimés…). Ce seuil dépend de la contagiosité de la maladie.

En France, avec une couverture vaccinale de près de 97 % pour la diphtérie, on dépasse le seuil de l’immunité de groupe et c’est donc toute la communauté nationale qui est protégée, y compris en cas d’infection apportée par un migrant. De la même façon, les infections à Haemophilus influenzae b de l’enfant, la rubéole ou les oreillons ont presque été éliminés dans le pays parce que les taux de couverture de leurs vaccins dépassent le seuil d’immunité de groupe pour ces 3 maladies.

En revanche, le niveau actuel de couverture vaccinale contre la rougeole (79 %) reste insuffisant pour permettre une immunité de groupe (seuil d’immunité de groupe = 95 %), et on assiste donc à des résurgences épidémiques de la maladie de grande ampleur : plus de 23 000 cas déclarés en France entre 2008 et 2012, plus de 1500 pneumonies graves et plus de 30 encéphalites avec 10 décès). C’est insupportable et c’est dangereux à l’heure où plus de 41 000 cas de rougeole sont observés en Europe.
De la même façon, la couverture insuffisante avec le vaccin contre la méningite C (70 % à l’âge de 2 ans, mais faible chez les adolescents et les jeunes adultes) est responsable de la majorité des près de 800 cas de méningites et 100 décès survenus depuis 2011.

Une controverse franco-française

Dans le cadre de l’extension de l’obligation vaccinale, la vaccination reste un débat dans l’opinion, alimentée à plein, tant par les arguments scientifiquement non-fondés des lobbys anti-vaccins, que par le manque de formation du corps médical et les fausses-rumeurs colportées auprès du grand public.

La France, pourtant patrie de Pasteur, est devenue un des pays au monde où la défiance vaccinale est la plus forte avec plus de 40% des français qui pensent que la vaccination n’est pas sûre. L’épisode de la fausse pandémie de grippe H1N1 de 2009-2010 et de la vaccination mise en place par le Ministère de l’Intérieur a sans doute également joué dans ce scepticisme ambiant.

Cette controverse unique en Europe a lieu alors même que l’obligation vaccinale correspond au calendrier vaccinal actuellement recommandé (vaccins obligatoires et recommandés) et qu’elle n’ajoute en réalité aucun vaccin supplémentaire. Elle vise simplement à faire en sorte que tous les enfants reçoivent effectivement les vaccins qu’ils auraient dû recevoir si le calendrier vaccinal était respecté.

Pourtant, l’expérience de certains pays européens, comme les Pays-Bas, montre qu’on peut réussir à faire presque disparaître des maladies comme les méningites à méningocoque C grâce à une couverture vaccinale très élevée chez les enfants de 1 à 18 ans dans ce pays.

Que risque-t-on en cas de refus de la vaccination ?

Les enfants nés à partir du 1er janvier 2018, et qui ne seront pas en conformité avec leurs vaccinations obligatoires, ne pourront pas rentrer dans les crèches, à l’école et dans les autres collectivités, afin de ne pas exposer les autres enfants, immunodéprimés ou pas, à des risques potentiels liées à ces maladies.

Jusqu’ici, les parents qui refusaient la vaccination obligatoire risquaient une condamnation administrative pouvant aboutir à six mois d’emprisonnement et 3 750 euros d’amende. Cette peine n’était jamais appliquée et cette règle du code de la Santé Publique (article L 31116-4) a donc été abolie.

Une décision en trompe l’œil car n’importe quel professionnel de santé ou parascolaire pourra toujours prévenir le procureur de la république s’il constatent que les parents font courir un risque à leur enfant, et là on passe au pénal : l’article 227-17 du code pénal sanctionne de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende « le fait, par le père ou la mère, de se soustraire, sans motif légitime, à ses obligations légales au point de compromettre la santé, la sécurité, la moralité ou l’éducation de son enfant mineur ».

En ce qui concerne les médecins, le Conseil de l’Ordre sera impitoyable et un médecin a déjà été radié pour faux certificat de contre-indication à la vaccination.

Pour mémoire, les 11 vaccins obligatoires sont très efficaces. Ils protègent les enfants à plus de 90 % contre les maladies et les effets indésirables, quand ils existent, sont généralement mineurs et de courte durée. Les réactions allergiques graves sont extrêmement rares (moins d’un cas sur 450 000 vaccinés), or elles sont évoquées dans la majorités des certificats de complaisance des médecins traitants complaisants. D’autres effets indésirables allégués par les anti-vaccins sont scientifiquement infondés (l’ensemble des données scientifiques a été revu de façon indépendante par l’INSERM).

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