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Bizutage : des étudiants du CHU de Toulouse racontent leur «humiliation»

Alors qu'ils étaient tranquillement réunis dans un amphithéâtre mercredi 5 septembre dernier, tous les étudiants infirmiers de première année du CHU de Toulouse (IFSI) ont été soumis à un violent bizutage, qui a duré plus d’une heure.

Bizutage : des étudiants du CHU de Toulouse racontent leur \ istock/ nixki




"On a été couvert de tout : eau, farine, oeufs bien sûr, mais aussi de l'huile, du vinaigre, de la soupe de poisson, de la pâtée pour chat, de la mousse à raser, de la bétadine... L'odeur était infecte. Je me sentais sale dans tous les sens du terme",  raconte une étudiante infirmière du CHU de Toulouse à France 3 Occitanie.

Selon de multiples témoignages, sa promotion aurait été victime d’un violent bizutage, pourtant interdit par la loi. Attachés par deux avec du scotch, certains les mains entre les jambes d'autres, obligés de porter des couches sur la tête, taguées "bizut" sur les seins, obligés de chanter des paroles obscènes, empêchés de partir… Les futurs soignants sont sous le choc.

"Un truc de domination"

"C'était une ambiance d'humiliation. Il y avait vraiment un truc de domination", témoigne encore à l'AFP Célia, une autre étudiante, dont le prénom a été changé. "Ce n'était pas une situation réciproque, comme par exemple une grande bataille de lancer d'œufs entre promos. On était épuisé émotionnellement, dans un état second pour la plupart. On n'arrêtait pas de nous dire Nous on en a mangé plein la gueule l'année dernière, vous allez manger cette année et vous vous vengerez sur les autres l'année prochaine", détaille-t-elle, dans l’anonymat, par peur des représailles de la direction même de l’école.

L’année dernière, le même bizutage avait en effet eu lieu, sans que  l'Institut de formation en soins infirmiers (IFSI) ne réagisse. Une nouvelle fois alertés, les syndicats ont prévenu la direction de l'hôpital, qui va ouvrir une enquête interne. "Nous avons aussitôt alerté la direction, et déclenché une procédure de danger imminent, contraignant l'établissement à tenir une réunion d'enquête", a indiqué au Parisien la syndicaliste CGT, Pauline Salingue.  

Six mois d'emprisonnement et 7 500 euros d'amende

De son côté, la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, s'est indignée de ce bizutage. "Soutien au @CHUdeToulouse qui ouvre une enquête interne suite à des actes de bizutage sur 250 nouveaux étudiants d'IFSI. Ce type de pratique dégradante est intolérable. Le @gouvernementFR est mobilisé aux côtés des acteurs de la prévention afin que la vie étudiante reste festive", peut-on lire sur son compte Twitter.

La culture du bizutage, très présente dans les études médicales, est interdite par la loi depuis 1998. Les cas de violences, de menaces ou d'atteintes sexuelles, le fait pour une personne d'amener autrui, contre son gré ou non, à subir ou à commettre des actes humiliants ou dégradants ou à consommer de l'alcool de manière excessive, lors de manifestations ou de réunions liées aux milieux scolaire et socio-éducatif , est puni de six mois d'emprisonnement et de 7 500 euros d'amende.

"C'est impossible qu'une seule personne dans l'école n'ait pas été au courant, vu le bruit que ça faisait", accuse encore Célia. "Comment l'IFSI a pu tolérer ça alors que depuis trois jours on n'arrête pas de nous parler des valeurs du soignant, de l'empathie, du respect ?", s’interroge-t-elle, à raison.

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