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Cerveau humain

Psychologie : le problème des conversations à quatre et plus

Dans un article à paraître, deux professeurs en psychologie américains mettent en lumière ce qu’ils nomment le "dinner party problem", le problème du dîner. Selon eux, nous serions incapables de mener une discussion avec 4 personnes ou plus en même temps. 

Psychologie : le problème des conversations à quatre et plus g-stockstudio/iStock




Avez-vous déjà remarqué que, lorsque vous vous trouviez attablé avec plus de quatre amis, il vous était très difficile de mener de front une conversation fluide avec tous ? Il y a un terme anglais pour parler de ce phénomène : le "dinner party problem". Littéralement, le problème du dîner.

Se faire la réflexion qu’il est quasiment impossible de discuter de front avec plus de 4 personnes n’est ni anodin, ni superficiel. Des psychologues se sont même intéressés de près à ce phénomène.

Dans un article à paraître dans la revue Evolution and Human Behavior, repéré par Quartz et Slate.fr, la professeure assistante en psychologie à l’Université d’Oklahoma Jaimie Krems et le psychologue évolutionniste Robin Dunbar se posent la question : pourquoi arrive-t-on à discuter de manière limpide avec deux, trois personnes alors qu’au-delà de quatre convives, la conversation se scinde en petits groupes de deux ou trois ?

Un schéma lié à des contraintes cognitives

La réponse apportée par les spécialistes est simple : notre cerveau n’a tout simplement pas évolué de manière à gérer une conversation avec plus de quatre personnes. Cette "évolution des contraintes cognitives de l’humain" expliquerait pourquoi une personne ne "serait capable de gérer que trois autres esprits à la fois, d’où les conversations à quatre".

Ces contraintes cognitives ne sont cependant pas mal venues : les chercheurs avancent ainsi qu’être incapable de converser avec plus de 4 interlocuteurs est le moyen qu’a trouvé notre cerveau de ne pas être "dépassé par le nombre" et de faire entendre son point de vue.

Dans la psychologie sociale, les paires (ou "dyades" en langage de recherche) sont en effet des composantes essentielles d’un société. Quartz donne l’exemple d’une conversation entre quatre amis : vous, Chris, Pat et Taylor. "Dans une conversation de quatre personnes, il y a six paires de personnes qui peuvent se parler en même temps : vous et Chris, vous et Pat, vous et Taylor, Chris et Pat, Chris et Taylor, et Pat et Taylor. Cela fait trois paires dont vous faites partie et trois paires où vous ne l'êtes pas. Essentiellement, vous avez donc un rôle à jouer dans la moitié des conversations possibles qui pourraient avoir lieu dans ce groupe", note Quartz.

Mais s’il y a cinq personnes dans la conversation, cela se complique : il y a dix paires possibles et la majorité (six personnes) ne vous inclut pas.

Une question de survie

Pour les chercheurs, donc, ne pas réussir à converser avec plus de trois personnes en même temps n’est pas un biais cognitif : c’est au contraire la façon qu’a trouvé notre cerveau de ne pas être exclu des interactions sociales.

Car ne pas être exclu du groupe et ainsi pouvoir faire entendre son point de vue a longtemps été une question de survie, affirment les deux psychologues. Notamment au début de l’histoire humaine, lorsqu’il s’agissait de prendre des décisions importantes et liées à la survie de l’espèce : le lieu où construire un abri, l’endroit où chasser… Votre position a ainsi de meilleures chances de l’emporter si vous êtes en mesure de convaincre au moins la moitié du groupe. Vous avez également de meilleures chances de pouvoir vous tenir à l’écart de toute exclusion.

"Tout comme on a pu éviter la mort en évitant d’être individuellement surpassés en nombre dans les interactions entre groupes, on aurait peut-être pu éviter la condamnation sociale et / ou l’exclusion en évitant d’être débordés numériquement dans les interactions internes", concluent les Pr Krems et Dunbar.

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