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QUESTION D'ACTU

Rencontres de la cancérologie française 2018

Cancer : comment améliorer la participation et l’efficacité du dépistage ?

Comment améliorer le parcours de dépistage dans le cancer ? Telle fut la question abordée ce mardi matin lors des 11ème Rencontres de la cancérologie française à Paris. Voici ce qui en est ressorti. 

Cancer : comment améliorer la participation et l’efficacité du dépistage ? YanaVasileva /iStock




Dépistés à un stade précoce, de nombreux cancers se traitent "facilement". La régularité et la qualité du dépistage comptent donc, à juste titre, parmi les enjeux majeurs de la recherche en cancérologie. Mais la France, bien que bénéficiant d'un système de santé parmi les plus développés au monde, enregistre 40% de cancers évitables dus à nos modes de vie et à nos comportements. Ainsi, sur les 355 000 cancers diagnostiqués chaque année dans notre pays, environ 140 000 pourraient être évités. En bref, nous sommes mauvais en dépistage et donc pour anticiper.

Un taux de participation encore trop faible

Pourtant, explique Frédéric de Bels, responsable du département Dépistage à l'Institut National du Cancer (INCA), dans le cas du cancer du côlon, nous disposons de l'un des meilleurs programmes de dépistage européens, mais son impact auprès des Français demeure encore trop faible. "On passe à côté de nombreux cancers et donc de nombreux décès évitables" en enregistrant un taux de participation de 33,5%, quand il devrait être d'au moins 45% pour diviser ce triste bilan par deux.

Il faut travailler "sur la perception qu'ont les personnes du dépistage", explique-t-il, illustrant son propos en citant "l'appréhension de certaines d'avoir un cancer" ou même "l'incompréhension qui entoure les processus de dépistage". Un "frein financier", lié au non-remboursement de la consultation, peut également décourager certaines populations défavorisées. Et ce, même si les tests et analyses sont remboursés. 

Eduquer les populations

Pour Hervé Gautier, oncologue et président du comité de l'Essonne de la Ligue contre le cancer, augmenter le taux de participation aux différents programmes de dépistage passe par l'éducation des populations et notamment des plus défavorisées. "Quelque soit le dépistage, 25 à 30% des personnes qui vivent 'en dehors' du système de santé ou en situation précaire ne se déplacent pas pour se faire dépister". Selon lui, la communication sur ce sujet doit être "adaptée aux différents types de population afin d'augmenter l’adhésion et diminuer les inégalités qui sont liées". En somme, une information construite de façon pédagogique donne aux différentes populations la possibilité de mieux appréhender l'importance du dépistage et "de choisir les bons cheminements". 

Vers un dépistage personnalisé ?

Suzette Delaloge, oncologue et cheffe de service à l'Institut Gustave-Roussy (IGR), estime que la France a besoin d’améliorer le rapport bénéfice-risque dans le dépistage du cancer du sein. C'est-à-dire, augmenter la survie spécifique en diagnostiquant la maladie à des stades précoces (ce qui limite la réalisation de mastectomies et de chimiothérapies) tout en limitant les surdiagnostics, les surtraitements, les faux diagnostics positifs et l'irradiation. Selon elle, la solution réside dans le dépistage personnalisé qui permettrait à chaque femme de connaître ses risques personnels de développer un cancer du sein afin de leur proposer une prise en charge adaptée. Tel est l'enjeu de la vaste étude européenne baptisée "MuPeBS" et portée par la spécialiste.

85 000 femmes volontaires âgées de 40 à 70 ans et originaires de France, Belgique, Italie, Israël et Royaume-Uni ont été recrutées pour tester "un logiciel intégrant un score". Plus précisément, "avec seulement quelques données - l'âge, le nombre d'antécédents familiaux, la densité mammaire, etc. - il calcule le risque de la patiente de développer un cancer dans les cinq ans. Une démarche de dépistage adaptée peut alors être proposée", explique l'IGR sur son site. "Des médecins de ville (généralistes, gynécologues et radiologues) ont proposé à leurs patientes de 40 à 74 ans de connaître leur risque grâce à ce score. 97% de ces 452 femmes sollicitées ont répondu favorablement". Un résultat qui conforte l'idée de ce nouveau processus de dépistage. 

Anticiper, qu'en pensent les patients ?

Charlotte Roffiaen, chargée du plaidoyer de France Lymphome Espoir, rappelle dans ce tourbillon de propositions basées sur l'anticipation que les mieux placés pour évoquer le sujet restent les patients. "Le mot 'anticipation' n'appartient pas au langage des patients. On n'anticipe rarement le fait d'avoir un cancer". Comprendre : pourquoi se faire dépister si l'on anticipe pas d'avoir un cancer ? "Comment anticiper les besoins des patients ? Notre point de vue est qu'il faudrait les interroger, les écouter sur leurs besoins réels. On parle trop souvent au nom des patients. Les médecins savent ce dont leurs patients ont besoin, tout le monde est convaincu de savoir ce que veulent les patients, mais malheureusement les faits nous montrent que cela ne correspond pas toujours à la réalité". 

Une récente enquête menée par l'association auprès de 1600 patients et leurs proches sur l'accès aux soins a démontré que les patients se préoccupent davantage de l'identification de la maladie dès les premiers symptômes. "On n'est donc pas dans l'anticipation, mais dans le présent", rappelle Charlotte Roffiaen. 25% des répondants ont été diagnostiqués plus de 3 mois après la première consultation et 7% plus d'un an après. "L'organisation des soins a un impact important sur l'offre de soins et la qualité de vie des patients : 41% des médecins interrogés dans le cadre de cette enquête admettent qu'ils n'ont pas assez de temps à consacrer à leurs patients en hôpital de jour. L'anticipation organisationnelle c'est aussi ça : comment libérer du temps pour permettre aux médecins d'avoir un dialogue avec leurs patients ?".

Conclusion : anticiper ? Oui, de façon organisationnelle, logistique, innovatrice et thérapeutique, tout en restant à l'écoute des besoins des patients. 

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