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Médecine prédictive

Cancer du sein : peut-on prédire l’efficacité d’un traitement ?

Boostée par les nouvelles technologies, la médecine prédictive a le vent en poupe. Mais peut-on vraiment prédire l’efficacité d’un traitement ? Éléments de réponse avec le Dr Éric-Charles Antoine, oncologue médical.

Cancer du sein : peut-on prédire l’efficacité d’un traitement ? SARINYAPINNGAM/iStock




Il y a encore quelques d’années, prédire l’efficacité d’un traitement avait tout d’un scénario de science-fiction. Aujourd’hui pourtant, la médecine prédictive semble à la portée des médecins. De l’immunothérapie contre le cancer au soulagement de la polyarthrite rhumatoïde, il est désormais possible, grâce à l’intelligence artificielle, de prédire l’efficacité d’un traitement, avancent plusieurs études.

La recherche de cibles spécifiques pour ajuster le traitement

Des résultats prometteurs qu’il convient toutefois de nuancer, rappelle l’oncologue médical Éric-Charles Antoine. "Ce n’est ni tout à fait vrai, ni tout à fait faux", nous explique le spécialiste. "Dans certaines situations, il est possible de prédire l’efficacité d’un traitement, ou du moins de savoir à qui il ne servira à rien."

La médecine prédictive repose, rappelle le Dr Antoine, sur "la recherche de cibles" : ce sont elles qu’un traitement doit spécifiquement atteindre. Prenant l’exemple d’un cancer du sein, l’oncologue détaille le processus une fois que le cancer a été enlevé chirurgicalement : "il s’agit de rechercher la présence ou non de certaines protéines, de certains paramètres sur les cellules tumorales ou dans leur environnement et dont la présence pourrait nous permettre d’envisager des thérapeutiques spécifiques".

Ce sont par ces cibles "que le traitement est supposé être efficace", poursuit le Dr Antoine. Dans le cas d’un cancer du sein, dépendant aux hormones, le médecin recherche par exemple de manière systématique des récepteurs aux hormones féminines que sont l’œstrogène et la progestérone.

Trouver la bonne cible

Dans le cadre de l’onco-immunologie, le défi de la médecine prédictive est désormais de trouver la "bonne cible". "Les cibles pour pouvoir prévoir l’efficacité d’un traitement qu’on appelle l’immunothérapie sont nombreuses. Mais classiquement, il faut qu’il y ait un marqueur qu’on appelle le PD-L1 au niveau des cellules tumorales ou de leur environnement, et qui est la condition nécessaire mais pas forcément suffisante pour que le traitement soit efficace", insiste Éric-Charles Antoine. En revanche, en cas d’absence de ce marqueur, l’immunothérapie ne sera pas efficace. "C’est un marqueur sélectif, qui permet de sélectionner les patientes et patients qui pourront bénéficier de ce traitement. Ce qui ne signifie pas non plus qu’il sera forcément efficace", précise-t-il encore.

Associées à une augmentation des risques de développer un cancer du sein ou de l’ovaire, les mutations des gènes BRCA1 et BRCA2 sont aujourd’hui bien connues par les oncologues et ont même été médiatisées par l’actrice américaine Angelina Jolie. Porteuse d’une de ces mutations, elle avait choisi en 2013 de se faire enlever les deux seins pour éviter un cancer. Ces mutations sont aujourd’hui les cibles de certaines thérapeutiques "qui vont permettre de 'réparer' le déficit induit par ces cibles", détaille le Dr Antoine.

Ces thérapeutiques appelées inhibiteurs de la PARP (poly-ADP-ribose-polymérase-1) sont des molécules actuellement en développement en oncologie. Même s’il en existe aujourd’hui trois sur le marché, aucune n’a reçu d’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour traiter le cancer du sein. "Ça le sera dans les mois qui viennent", affirme l’oncologue.

Cela représente un espoir pour un grand nombre de femmes touchées par un cancer du sein, puisqu’entre 5 et 7% d’entre elles sont porteuses d’une mutation des gènes BRCA1 ou BRCA2. "Ces médicaments vont permettre d’éviter la chimiothérapie", qui est actuellement le seul traitement par défaut d’un cancer triple négatif en rechute. Autre avantage : il s’agit "de comprimés, à prendre chez soi", et "qui permettent une efficacité au minimum équivalente à la chimiothérapie, voire supérieure, avec une qualité de vie qui n’a rien à voir". Il ne s’agit donc pas, conclut le Dr Antoine, de prédire l’efficacité d’un traitement mais de "donner la possibilité d’avoir accès à un traitement supposé efficace dans cette indication".

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