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Révélation

Non, il n’existe pas de «gènes de la dépression»

Sans remettre en question le caractère parfois héréditaire de ce trouble mental, une nouvelle étude suggère qu’il n’y a pas de variantes génétiques isolées qui favoriseraient la dépression. 

Non, il n’existe pas de \ nito100/iStock




Existe-t-il, comme l’ont suggéré une dizaine de travaux ces dernières années, dix-huit gènes qui favoriseraient la dépression ? Selon une nouvelle étude menée par des chercheurs de l'Université du Colorado à Boulder (CU Boulder) et publiée dans l’American Journal of Psychiatry, non.

Alors que jusqu’alors, les scientifiques s’étaient mis d’accord sur l’identification d’un certains gènes particuliers ou de variantes génétiques qui favoriseraient la dépression, ce nouvel article ébranle leur certitude. Selon les auteurs, toutes ces théories sur les "gènes candidats à la dépression" sont fausses et les études qui les ont identifiés comme tels ne sont probablement que le produit de "faux positifs".

Des milliers de variantes à l’effet minuscule

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont analysé les données génétiques et d’enquête de 620 000 individus britanniques, qu’ils ont ensuite comparé aux 18 gènes apparus au moins dix fois dans les études sur les origines génétiques de la dépression.

Parmi eux se trouvait un gène appelé SLC6A4, impliqué dans le transport de la sérotonine neurochimique. Des recherches remontant à vingt ans suggèrent que les personnes possédant une certaine version "courte" du gène courent un risque significativement plus élevé de dépression, en particulier lorsqu'elles sont exposées à un traumatisme au début de leur vie. Les chercheurs se sont également penchés sur les gènes impliqués dans la production du facteur neurotrophique dérivé du cerveau (BDNF), une protéine impliquée dans la formation des nerfs, et le neurotransmetteur dopamine.

Les chercheurs ont cherché à déterminer si l'un ou l'autre de ces gènes, ou l'une ou l'autre de ses variantes, était associé à la dépression, seul ou combiné à un facteur environnemental comme un traumatisme infantile ou la diversité socioéconomique."Nous avons découvert que, dans l'ensemble, ces gènes candidats ne sont pas plus liés à la dépression que n'importe quel gène aléatoire sur le marché," affirme l'auteur principal Matthew Keller, professeur agrégé de psychologie et de neurosciences. "Les résultats, même pour nous, ont été un peu étonnants."

De la nécessité de poursuivre les recherches

"Cette étude confirme que les efforts pour trouver un seul gène ou une poignée de gènes qui déterminent la dépression sont voués à l'échec", poursuit Richard Border, étudiant diplômé et chercheur à l'Institute for Behavioral Genetics, qui a participé à l’étude. Les auteurs de l’étude précisent cependant : "nous ne disons pas que la dépression n'est pas du tout héréditaire. Ça l'est. Ce que nous disons, c'est que la dépression est influencée par de nombreuses variantes, et chacune d'entre elles a un effet minuscule."

Selon eux, il est d’ailleurs indispensable de poursuivre la recherche sur les fondements génétiques de la dépression. Il faut cependant que les scientifiques admettent que "l'architecture génétique de la dépression est plus compliquée qu'on ne le pensait autrefois". "En comprenant les milliers de gènes associés à la maladie et ce qu'ils font, les chercheurs peuvent en fin de compte obtenir des 'scores polygéniques' plus précis pour prédire le risque tout en développant potentiellement des médicaments conçus pour contrer ce risque", concluent-ils.

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