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QUESTION D'ACTU

Lingettes, savons, gels...

Les produits d’hygiène intime sont-ils vraiment utiles ?

Lingettes, soins lavants ou crèmes intimes… Ces produits d’hygiène féminine sont de plus en plus plébiscités par les femmes. Mais sont-ils vraiment nécessaires ? Et, surtout, sont-ils recommandés ? On fait le point.

Les produits d’hygiène intime sont-ils vraiment utiles ? nensuria/iStock




Dans les rayons des supermarchés ou sur les étals des pharmacies, ils figurent généralement en bonne place, à côté des protections périodiques. Lingettes, gels et crèmes intimes ou encore soins lavants… Regroupés sous l’appellation "hygiène féminine", ils promettent à leurs utilisatrices de retrouver fraîcheur, propreté et confort.

Mais ces produits, de plus en plus plébiscités par les femmes, sont-ils vraiment nécessaires pour être "propre" ? Et surtout, leur utilisation est-elle vraiment recommandée par les professionnels de santé ?

Une flore bactérienne fragile

Pour la majorité d’entre eux, ces produits d’hygiène intime sont avant tout une parade marketing, les industriels jouant sur la crainte des femmes de "sentir mauvais" et donc d’être perçues comme "sales" par leur partenaire. Ainsi, explique au site RTBF le professeur Philippe Simon, gynécologue et chef de la Clinique de Gynécologie de l’Hôpital Érasme de Bruxelles, "l’utilisation de ces produits au quotidien sur une longue période ne se justifie clairement pas".

Et pour cause : les muqueuses vaginales sont recouvertes d’un liquide composé de lactobacilles qui jouent un rôle de protection et d’auto-nettoyage. Les millions de bactéries qui composent la flore vaginale permettent de conserver un milieu acide stable à l’intérieur du vagin et empêchent ainsi le développement des germes pathogènes à l’origine de mycoses, de vaginoses ou de cystites.

Or, ces produits d’hygiène intime risquent d’altérer cette flore bactérienne fragile, surtout s’ils sont utilisés régulièrement. "Ces produits contiennent souvent des agents acidifiants, des parfums et des allergènes. Ils vont tuer les bonnes bactéries, provoquer des chatouillements, et modifier le pH", poursuit le Pr Simon.

Même constat pour Jean-Marc Bohbot, médecin infectiologue. Interviewé par Marie Claire, il explique : "Tous ces gestes et produits chimiques risquent de fragiliser les muqueuses et de bloquer des sécrétions naturelles. La vulve, dans la mesure où c’est un pli, doit nécessairement rester humide. Il y a une lubrification et une hydratation naturelle qui permet d’éviter bon nombre de désagréments. Les parfums sont allergisants et sur une peau fragile comme celle de la vulve, ils peuvent provoquer de graves irritations."

La douche vaginale, inutile et dangereuse

Une pratique est particulièrement dangereuse pour la santé intime : la douche vaginale. Celle-ci consiste à "laver" le vagin avec de l’eau ou divers nettoyants, y compris de l’eau et du vinaigre, parfois à l’aide de poires spécialement conçues.

Or, plusieurs études ont montré que la douche vaginale pouvait perturber l'équilibre bactérien naturel dans le vagin, le rendant plus vulnérable aux infections - y compris aux infections sexuellement transmissibles - et augmentant le risque de cancer du col utérin et de maladie inflammatoire pelvienne.

En 2018, des chercheurs de l'Université de Guelph, en Ontario, au Canada, ont montré que l'utilisation de gels assainissants était liée à un risque multiplié par huit de contracter une infection à levures et à un risque presque 20 fois plus élevé de contracter une infection bactérienne.

La même étude a également mis en évidence un lien entre l'utilisation de lavages intimes et un risque 3,5 fois plus élevé d'infections bactériennes ainsi qu'un risque plus de deux fois plus élevé de contracter une infection des voies urinaires (UTI).

Quelles sont les bonnes pratiques ?

Tout d’abord, il est recommandé de laisser son vagin se "nettoyer tout seul" grâce aux sécrétions qu’il produit, et qui sont naturelles et aucunement sales.

Pour respecter sa flore et éviter les infections, il est par ailleurs conseillé de pratiquer une toilette externe, deux fois par jour maximum, avec un produit lavant doux, si possible dédié à l’hygiène intime.

Les odeurs intimes sont elles aussi naturelles. Comme le résume dans The Guardian Ronnie Lamont, porte-parole du Collège royal des gynécologues et obstétriciens : "Si la nature avait voulu que le vagin sente comme la rose et la lavande, elle aurait fait sentir les vagins comme la rose ou la lavande."

Toutefois, si vous constatez que ces fortes odeurs sont accompagnées de démangeaisons, d’irritation et d’écoulements inhabituels de sécrétions, cela est sûrement le signe d’un déséquilibre de la flore vaginale, dû à la prolifération de certaines bactéries. Il ne faut alors pas hésiter à consulter son médecin traitant ou son gynécologue.

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