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Bilharziose : comment l'élevage des crevettes d'eau douce pourrait venir à bout de la maladie

D'après une nouvelle étude, l'aquaculture des crevettes pourrait permettre non seulement de développer les économies émergentes mais également de protéger les populations les plus vulnérables à la bilharziose ou "fièvre de l'escargot". 

Bilharziose : comment l'élevage des crevettes d'eau douce pourrait venir à bout de la maladie kittimages/iStock




A l’heure actuelle, la schistosomiase, communément appelée bilharziose ou "fièvre de l'escargot" du nom de l’animal contaminant, affecte environ 250 millions de personnes par an dans le monde et en tue jusqu'à 200 000 dans le même laps de temps. Cela en fait la deuxième maladie parasitaire la plus dévastatrice après le paludisme. Elle se propage le plus souvent quand on entre en contact avec de l’eau contaminée. Bien que des médicaments soient disponibles pour traiter les malades, il arrive qu’ils ne soient pas assez efficaces. Par ailleurs, les traitements ne prenant en compte que la composante humaine du cycle de transmission du parasite, les patients soignés peuvent à nouveau être infectés peu de temps après. 

Toutefois, des chercheurs de l’Université de Berkeley, en Californie (Etats-Unis), pensent avoir trouvé une solution. Cette dernière résiderait dans…les crevettes. Dans une étude parue le 8 juillet dans la revue Nature Sustainability, ils ont mis au point une feuille de route expliquant comment l’élevage des crevettes d’eau douce pourrait permettre non seulement de réduire la multiplication des escargots d’eau douce qui transmettent le vers responsable de la schistosomiase mais également d'améliorer l’économie des populations les plus pauvres, plus susceptibles de contracter cette maladie. 

Aux quatre coins du monde, des crevettes d’eau douce sont déjà élevées dans des systèmes d’aquaculture (terme utilisé pour qualifier la culture d'organismes aquatiques). Dans ces derniers, les crevettes naissent dans des écloseries, puis sont stockées dans des nurseries avant de grandir dans bassins où la bilharziose peut se transmettre. En effet, en grandissant, les crevettes se nourrissent d’escargots porteurs du parasite, dont elles raffolent. Or ce dernier ne peut pas les infecter et la schistosomiase ne se transmet pas par ingestion. Par conséquent, l'élevage, la récolte et la consommation de crevettes sont absolument sans risque. 

"Maximiser le profit tout en ayant un impact substantiel sur la réduction de la maladie" 

"Les crevettes de rivière sont des produits aquacoles courants dans le monde entier, et nous savons que ces organismes sont des prédateurs voraces des escargots qui transmettent la schistosomiase", explique Christopher Hoover de l'Université de Berkeley qui a dirigé l'étude. "Ce qui n’était pas clair, c'est si nous pourrions associer les avantages économiques de l'aquaculture de crevettes à l'activité de contrôle des maladies des crevettes", développe-t-il. 

Après avoir mis au point un modèle économique et épidémiologique pour tenter de déterminer les meilleures zones où stocker les crevettes, les chercheurs ont découvert que l’introduction de crevettes indigènes dans des cours d'eau contaminés était comparable à une administration à grande échelle de médicaments contre la bilharziose et pouvait ramener la charge parasitaire à près de zéro après 10 ans. Les crevettes peuvent également présenter des avantages environnementaux, fait valoir l’étude. Elles pourraient en effet se substituer aux pesticides chimiques pour contrôler les populations d'escargots et restaurer la biodiversité indigène dans les zones où elles ont été décimées par des barrages.  

"Nous pouvons imaginer des systèmes pour maximiser le profit tout en ayant un impact substantiel sur la réduction de la maladie, potentiellement en aidant à les économies émergentes et en développement", se félicite Hoover. 

92% des personnes infectées vivraient en Afrique 

"Les recherches de Christopher constituent un nouvel outil pour nos efforts mondiaux de lutte contre la schistosomiase", renchérit Justin Remais, coauteur de l'étude. "La pauvreté et la schistosomiase sont intrinsèquement liées et la transmission du parasite freine la croissance et le développement cognitif des enfants et empêche les adultes de travailler, renforçant ainsi la pauvreté. En ciblant la transmission du parasite lui-même, tout en soutenant un système de production d'origine locale où des avantages économiques reviennent à la communauté, cette approche offre un potentiel considérable pour compléter les stratégies de contrôle des maladies en cours qui reposent généralement sur le seul traitement de la toxicomanie", conclut-il. 

En effet, la zone de prévalence de la bilharziose se situe dans les régions tropicales et subtropicales, "notamment dans les communautés démunies qui n’ont pas accès à une eau de boisson salubre et à un assainissement satisfaisant", selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Au moins 92% des personnes ayant besoin d’un traitement contre la schistosomiase habiteraient en Afrique.

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