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Risque de surdose

Bonbons au cannabis : les composés du chocolat pourraient brouiller les tests

En testant des sucreries infusées au cannabis, des chercheurs se sont rendus compte que les composés du chocolat pourrait interférer avec les tests de puissance de marijuana, ce qui conduirait à des résultats inexacts.

Bonbons au cannabis : les composés du chocolat pourraient brouiller les tests Creative-Family/iStock




En 2012, Washington et le Colorado sont devenus les premiers états à légaliser le cannabis à usage récréatif aux Etats-Unis. Ils ont ensuite été rejoints par d’autres Etats américains et des aliments comestibles infusés au cannabis tels que des chocolats, des oursons en gélatine ou encore des cookies ont envahi le marché, à la plus grande joie des jeunes et à la grande inquiétude des scientifiques qui peinent à mesurer précisément leur contenu. Et pour cause, d’après des chercheurs d’un laboratoire installé à Auckland, en Californie, où le cannabis à usage récréatif est autorisé depuis 2018, les composés du chocolat pourrait interférer avec les tests de puissance du cannabis, ce qui conduirait à des résultats inexacts. Les chercheurs présenteront leurs résultats mardi 27 août lors de la rencontre annuelle de l'American Chemical Society (ACS) qui se tient actuellement à San Diego en Californie.

"Si un produit comestible contient 10 % de moins que la quantité indiquée sur l'étiquette, la loi californienne stipule qu'il doit être réétiqueté, avec beaucoup de temps et d'argent. Mais c'est encore pire si un produit teste 10% ou plus au-dessus de la quantité indiquée sur l'étiquette - alors le lot entier doit être détruit", explique David Dawson, qui s’est concentré pour son étude sur les chocolats infusés en raison de leur popularité grandissante. 

"Nous avons également remarqué, de manière anecdotique, des variations de puissance bizarres selon la façon dont nous avons préparé les échantillons de chocolat pour l'analyse", explique Dawson. Ses collègues et lui ont donc étudié les effets de la modification des conditions de préparation des échantillons, comme les quantités de chocolat et de solvant, le pH et le type de chocolat ainsi que sur la concentration de Δ9-tétrahydrocannabinol (Δ9-THC, le principal constituant psychoactif du cannabis).

"Cela aurait quelque chose à avoir avec les matières grasses"

Les résultats de leur expérience les ont beaucoup surpris. "Quand on avait moins de chocolat infusé au cannabis dans le flacon d'échantillon, disons 1 gramme, on obtenait des puissances de THC plus élevées et des valeurs plus précises que quand on avait 2 grammes du même chocolat infusé dans le flacon", explique Dawson. Ces résultats suggèrent donc qu'un autre composant du chocolat supprime le signal de Δ9-THC.

"Le simple fait de changer la quantité d'échantillon contenue dans la fiole pourrait déterminer si un échantillon passe ou échoue, ce qui pourrait avoir un impact énorme sur le producteur des barres de chocolat, ainsi que sur le client qui pourrait être sous-dosé ou surdosé en raison de cette étrange bizarrerie d'effets de matrice (composition des produits, NDLR)", commente le chercheur.

Pour comprendre quel composé du chocolat est à l’origine de ces effets, ses collègues et lui ont notamment additionné une solution standard de Δ9-THC avec des quantités variables de barres de chocolat, de poudre de cacao, de chocolat de boulangerie et de chocolat blanc, qui ont tous des composants différents. "Notre meilleure piste à l'heure actuelle est que cela a quelque chose à voir avec les matières grasses, ce qui est logique étant donné que Δ9-THC est liposoluble", explique Dawson.

Développer des méthodes de tests normalisées 

Les chercheurs voudraient désormais étendre leur analyse à d’autres cannabinoides comme le cannabidiol (CBD), une substance non-psychoactive présente dans de nombreux produits comestibles. Ils prévoient également d’enquêter sur les cookies aux pépites de chocolat et voudraient, à terme, contribuer à développer des méthodes normalisées pour évaluer l’activité du cannabis dans produits comestibles. "Nous devons cette recherche à la communauté scientifique, aux producteurs et aux consommateurs", conclut Dawson.

De nombreux scientifiques enquêtent actuellement sur les effets des aliments infusés au cannabis. Récemment, des chercheurs américains ont mené des travaux sur des souris ayant volontairement consommé du THC. Après en avoir mangé, les rongeurs étaient moins actifs et la température de leur corps plus basse. Ces effets étaient d'autant plus prononcés chez les mâles, ont-ils notamment remarqué.

Le cannabis à ingérer est potentiellement plus dangereux 

Rappelons que les produits comestibles à base de marijuana ont souvent des effets bien plus forts qu’un simple joint car quand vous ingérez du cannabis dans un aliment ou une boisson, ce dernier passe par le système digestif. Au cours du processus d’absorption, le THC traverse le foie où il est converti en une forme plus puissante. La forme normale du THC, le delta-9, se transforme alors en 11-hydroxy-THC, qui traverse la barrière hémato-encéphalique avec beaucoup plus d'impact. 

Qui plus est, une personne qui ingère du cannabis a tendance à avoir des comportements plus risqués qu'un fumeur. "Lorsque vous le mangez (le cannabis NDLR), ça prend au moins une heure. Un cas typique est quelqu’un habitué à fumer qui mange un premier brownie et, ne sentant rien, en mange un autre, puis un autre, et quand subitement l’effet survient, la personne se trouve en état de surdose", expliquait Ian Culbert, le directeur de l’Association canadienne de santé publique (ACSP), aux médias en 2017. En juin, le Canada a annoncé que le cannabis comestible serait légalisé à partir de décembre.

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