Selon l’OMS, 4,2 millions de personnes sont mortes prématurément dans le monde à cause de la pollution atmosphériques dans les zones urbaines et rurales en 2016, dont 800 000 en Europe. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, cela n’est pas cause de complications pulmonaires : environ 58 % de ces décès résulteraient de cardiopathies ischémiques (à l'origine d'infarctus du myocarde) et d'accidents vasculaires cérébraux. Face à ces chiffres affolants, le congrès de la société européenne de cardiologie qui se tiendra à Paris du 31 août au 4 septembre en partenariat avec la World Heart Federation (WHF) en profitera pour lancer officiellement son partenariat avec la capitale française.
Ce projet a lieu dans le cadre de l’initiative "Villes engagées pour un coeur en bonne santé" et a pour but de promouvoir des mesures concrètes pour lutter contre les maladies cardiovasculaires en ville. Il devrait bientôt être déployé dans d’autres capitales européennes.
Des particules qui provoquent des réactions nocives dans le sang
La pollution atmosphérique se définit comme une "altération de la qualité de l'air pouvant être caractérisée par des mesures de polluants chimiques, biologiques ou physiques présents dans l'air, ayant des conséquences préjudiciables à la santé humaine, aux êtres vivants, au climat, ou aux biens matériels". Elle concerne donc aussi bien l’air extérieur que celui respiré dans les maison et est particulièrement présente dan le metro.
Son principal effet néfaste vient de l’exposition aux particules ultrafines, d'un diamètre de 2,5 microns ou moins, plus connues sous le nom de PM2,5. Parce qu’elles sont si petites, ces particules atteignent souvent les alvéoles pulmonaires. Au mois de juillet, une étude britannique parue dans le European Respiratory Journal a montré que même une pollution de l’air modérée pouvait entraîner des maladies pulmonaires, causant des dégâts quatre fois supérieurs à ceux du tabagisme passif.
Ces particules passent ensuite dans la circulation sanguine, où elles provoquent des réactions nocives, soit inflammatoires soit à l’origine d’une augmentation de certains facteurs sanguins responsables de l'agrégation des plaquettes et de la coagulation sanguine.
"Tout le monde est concerné" par cette problématique
Lors du congrès, les experts comptent également alerter le grand public contre la pollution sonore. En effet, le bruit est responsable d’une augmentation du rythme cardiaque et de la sécrétion des hormones du stress (cortisol, adrénaline et noradrénaline). Là encore, les risques cardiovasculaires augmentent. "Même si aucune étude ne démontre actuellement les effets additionnels entre la pollution de l'air et la pollution sonore, tout porte à croire qu'elles auraient de lourds impacts sur notre qualité et espérance de vie (…) Si, en plus, d'autres facteurs de risques sont ajoutés, tels que l'obésité et la sédentarité, ce cocktail "empoisonné" du quotidien pourrait devenir explosif pour la santé", est-il expliqué dans le dossier de presse.
Sur son site, la mairie de Paris invite donc les riverains à se rendre sur le parvis de l’Hôtel de Ville les 31 août et 1er septembre pour faire le plain d’informations sur le sujet. "Première cause de mortalité dans le monde et deuxième en France (la première pour les femmes), directement après les cancers, les maladies cardiovasculaires sont particulièrement prévalantes en milieu urbain. Ludique et informatif, le "village du cœur" sera donc l’occasion, pour petits et grands, de faire le plein de conseils tout en se divertissant", indique la ville. Et de rappeler que "enfants, seniors, fumeurs, malades chroniques, à court ou long terme, tout le monde est concerné" par ce dossier.
Mais outre les problèmes pulmonaires et cardiovasculaires, des études ont également fait le lien entre pollution atmosphérique et cancer de la bouche ou diabète. En France, troisième pays européen le plus touché par la pollution atmosphérique liée aux particules, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) se dit "mobilisée depuis de nombreuses années sur la problématique" et mène "divers travaux d’évaluation scientifique" pour essayer d'améliorer la situation.