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Addiction sexuelle : l'oxytocine pourrait jouer un rôle

D'après une nouvelle étude, l’hormone oxytocine pourrait jouer un rôle dans l'hypersexualité, trouble qui touche 3 à 6% de la population mondiale. 

Addiction sexuelle : l'oxytocine pourrait jouer un rôle koya79/iStock




L’hypersexualité désigne un trouble du comportement sexuel compulsif. D’après l’OMS, il s’agit d’un trouble du contrôle des impulsions pouvant être caractérisé par des pensées obsessionnelles à l’égard du sexe, une compulsion à avoir des rapports sexuels et une perte de contrôle ou des habitudes sexuelles pouvant entraîner des problèmes ou des risques. Cette maladie toucherait entre 3 à 6% de la population mondiale sexuellement active (80% d’hommes). Et si on a beaucoup parlé de cette maladie dans les médias français après le scandale DSK à New York en mai 2011, elle reste extrêmement difficile à diagnostiquer. En effet, ce trouble survient souvent en même temps que d’autres problèmes de santé mentale tels que la bipolarité.

Aussi, il pourrait s’agir d’une manifestation d’un trouble mental déjà présent. Une nouvelle étude suédoise nous en dit toutefois aujourd’hui plus sur ses mécanismes biologiques. D’après un article paru dimanche 22 septembre dans la revue Epigenetics, l’hormone oxytocine pourrait avoir un rôle dans la maladie. A terme, cette découverte pourrait potentiellement permettre de traiter plus efficacement l’hypersexualité.

Pour en arriver à ces conclusions, les scientifiques ont mesuré les profils de méthylation de l'ADN dans le sang de 60 patients atteints de troubles hypersexuels. En détectant des changements dans la méthylation de l’ADN, ils ont étudié les niveaux d’expression génétique du microARN associé. Il s’agit d’enzymes capables de franchir la barrière hémato-encéphalique et de moduler ou dégrader l’expression de plusieurs gènes différents dans le cerveau et d’autres tissus.

"Nous avons entrepris d'étudier les mécanismes de régulation épigénétique des troubles hypersexuels afin de déterminer s'ils présentent des caractéristiques qui les distinguent des autres problèmes de santé ", explique l'auteur principal Adrian Boström du Département des neurosciences de l'Université d'Uppsala.

"Examiner les avantages des médicaments et de la psychothérapie pour réduire l'activité de l'ocytocine"

Les chercheurs ont donc comparé leurs résultats à des échantillons issus de 107 sujets, dont 24 alcooliques, afin d’étudier une éventuelle association avec un comportement de dépendance. Ils ont identifié deux régions de l’ADN ayant été modifiées chez des patients atteints de troubles hypersexuels. Ils ont ainsi découvert que, chez ces derniers, la fonction normale de méthylation de l’ADN était perturbée tandis qu’un microARN associé, impliqué dans l’extinction des gènes, était sous-exprimé. D’après les chercheurs, le microARN identifié, le microARN-4456, cible des gènes normalement exprimés à des niveaux particulièrement élevées dans le cerveau et impliqués dans la régulation de l’hormone oxytocine. Chez les sujets alcooliques, la même région de l'ADN était significativement sous-méthylée. Ainsi, cette hormone pourrait être principalement associée aux composantes addictives du trouble hypersexuel tels que la dépendance sexuelle, le désir sexuel non régulé, la compulsivité et l'impulsivité.

Cette étude n’est pas la première à établir un lien entre oxytocine et sexualité. Des recherches antérieures ont déjà démontré que cette hormone était associée à la régulation des liens sociaux et de couple, de la reproduction sexuelle et de l’agressivité chez les hommes et les femmes. Toutefois, "à notre connaissance, notre étude est la première à mettre en cause des mécanismes épigénétiques dysrégulés de méthylation de l'ADN et d'activité du microARN et l'implication de l'ocytocine dans le cerveau chez des patients cherchant un traitement pour hypersexualité", explique Adrian Boström.

"D'autres recherches seront nécessaires pour étudier le rôle du microARN-4456 et de l'ocytocine dans les troubles hypersexuels, mais nos résultats suggèrent qu'il pourrait être utile d'examiner les avantages des médicaments et de la psychothérapie pour réduire l'activité de l'ocytocine", renchérit le professeur Jussi Jokinen de l'Université d'Umeå, ayant également participé à l’étude.

La mise en place d’une psychothérapie comportementale

Cette dernière présente toutefois quelques limites. En effet, la différence moyenne de méthylation de l’ADN entre les patients atteints de troubles hypersexuels et les volontaires sains n’était que d’environ 2,6%. Ainsi, l’impact des changements physiologiques pourrait être remis en question. De plus en plus d’études laissent toutefois entendre que de légères modifications de méthylation pourraient avoir des conséquences importantes sur des maladies complexes telles que la dépression ou la schizophrénie.

Si vous pensez souffrir d’hypersexualité, rendez-vous chez un psychologue. Il s’agira de chercher ce qu’il y a derrière cette affliction, d’où vient le manque et comment le combler durablement. S’il s’agit d’une réelle addiction, qu’elle soit coïtale ou masturbatoire, le spécialiste vous orientera sans doute vers un service d’addictologie où l’addiction sexuelle est connue et traitée (bien que souvent définie sous le terme de "dépendance affective et sexuelle").

D’après le Dr Sylvain Mimoun gynécologue, membre du comité scientifique de Santé magazine, "on doit prendre en compte le trouble psychopathologique plus que le trouble purement sexuel. L’objectif est de calmer l’individu, homme ou femme avec, par exemple, des anxiolytiques, afin de soulager sa souffrance psychique. Donner des antihormones pour empêcher l’excitation, ne sert à rien car c’est un problème de tension émotionnelle trop forte". "La meilleure attitude consiste à mettre en place une psychothérapie comportementale, avec quelques séances d’hypnose eriksonnienne, afin de donner à la personne des techniques d’induction simple d’autohypnose", explique-t-il.

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