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Schizophrénie : grandir avec un chien réduirait les risques

Avoir un chien de compagnie au cours de douze premières années de sa vie, réduirait le risque de développer un jour des troubles schizophrènes. 

Schizophrénie : grandir avec un chien réduirait les risques KristinaKibler/iStock




Voilà qui devrait achever de convaincre les parents hésitants à offrir un chien à leurs enfants. S’il a déjà été prouvé scientifiquement qu’avoir un chien réduirait l’anxiété et diminuerait le risque d’AVC et de crises cardiaques, il semblerait en outre que les enfants ayant grandi avec un toutou aient moins de risque de développer des troubles schizophrènes plus tard. Les résultats de cette nouvelle étude sont parus le 2 décembre dans la revue Plos One.

Dans le passé, plusieurs études ont identifié l’exposition précoces aux chats et aux chiens de compagnie comme des facteurs environnementaux pouvant altérer le système immunitaire. Que ce soit par le contact des bactéries et des virus zoonotiques, les modifications dans le microbiome d'une maison ou les effets de la réduction du stress sur le cerveau humain. Or, cette “modulation immunitaire” pourrait modifier le risque de développer des troubles psychiatriques auxquels un individu est génétiquement prédisposé.

“De graves troubles psychiatriques ont été associés à des altérations du système immunitaire liées à des expositions environnementales en bas âge, et comme les animaux domestiques sont souvent parmi les premières choses avec lesquelles les enfants sont en contact étroit, il était logique pour nous d'explorer les possibilités d'un lien entre les deux”, explique ainsi le docteur Robert Yolken, du Johns Hopkins Children's Center (Baltimore, Etats-Unis). Ses collègues du Sheppard Pratt Health System (Baltimore, Etats-Unis) et lui ont donc décidé d’étudier le sujet.

Jusqu’à moins 24% de risques

Pour ce faire, ils ont suivi 1 371 hommes et femmes âgées de 18 à 65 ans, dont 396 étaient atteints de schizophrénie et 381 de troubles bipolaires. Au cours de l’étude, ils ont demandé aux participants s’ils avaient eu un chien et/ou un chat au cours de leurs 12 premières années. Après avoir pris en compte leur âge, le sexe, origine ethnique, lieu de naissance, et statut économique, ils ont été surpris de remarquer que ceux qui avaient été exposées à un chien de compagnie avant leur 13ème anniversaire étaient jusqu’à 24 moins susceptibles d’être un jour diagnostiquées schizophrènes.

“L'effet protecteur apparent le plus important a été constaté chez les enfants qui avaient un chien de compagnie à la naissance ou qui ont été exposés pour la première fois après la naissance mais avant l'âge de 3 ans”, explique Robert Yolken. En revanche, aucun lien significatif n’a été observé entre chiens et troubles bipolaires.

“Nous avons trouvé un risque légèrement plus élevé de développer ces deux troubles chez ceux qui ont été les premiers à être en contact avec des chats entre 9 et 12 ans, dit Robert Yolken. Cela indique que le temps d'exposition peut être critique pour savoir si cela modifie ou non le risque.”

Lien entre la toxoplasmose transmise par les chats et troubles mentaux

Ce phénomène pourrait s’expliquer par la toxoplasmose, maladie dans laquelle les chats peuvent transmettre le parasite aux humains par leurs excréments. En 2003, en passant au crible de nombreuses études sur le sujet, Yolken et un collègue avaient montré qu’il existait un lien statistique entre une personne exposée au parasite à l’origine de la toxoplasmose et un risque accru de schizophrénie.

Depuis des années, il est d’ailleurs recommandé aux femmes enceintes de ne pas changer de litières pour chat afin d’éviter que la maladie ne passe à travers le placenta jusqu’au fœtus. Le risque étant d’induire une fausse couche ou des troubles psychiatriques chez un enfant né avec l’infection.  

Mais si la plupart des études se sont jusqu’ici concentrées sur un lien potentiel entre l’exposition précoce aux chats et le développement de troubles psychiatriques, celle-ci est l’une des premières à s’intéresser au contact avec les chiens.

En France, 600 000 personnes atteintes de schizophrénie

D’autres travaux sont donc nécessaires pour confirmer ces résultats et définir plus précisément les risques réels de développer des troubles psychiatriques en exposant des petits à des animaux de compagnie. “Une meilleure compréhension des mécanismes sous-jacents aux associations entre l'exposition aux animaux de compagnie et les troubles psychiatriques nous permettrait de développer des stratégies de prévention et de traitement appropriées”, conclut Robert Yolken.

A l’heure actuelle, la schizophrénie concerne environ 0,7% de la population mondiale, dont 600 000 personnes en France. D’après l’Inserm, elle se déclare le plus souvent à l’adolescence, entre 15 et 25 ans. Dans 35 % à 40 % des cas, elle se manifeste d’abord par des bouffées délirantes. Outre les délires et les hallucinations, le plus souvent, les malades s’isolent, tiennent des propos incohérents et sont dans l’incapacité totale de planifier des tâches simples, ce qui complique énormément leur quotidien.

Toutefois, avec une prise en charge adaptée et précoce, il est possible de maîtriser cette maladie. Selon l’Inserm, après quelques années de traitement, environ un tiers des patients sont en rémission durable et peuvent reprendre une vie sociale, affective et professionnelle normale. 

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