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Chloroquine contre Covid-19 : Le professeur Jean-François Bergman condamne la deuxième étude de Raoult

La nouvelle étude du professeur Raoult divise encore plus les scientifiques. Le professeur Jean-François Bergmann, professeur de thérapeutique, estime qu’elle ne fait que renforcer les faiblesses évidentes de ce travail. Interview d’un spécialiste qui ne se laisse pas envahir par le doute et ne mâche pas ses mots.  

Chloroquine contre Covid-19 : Le professeur Jean-François Bergman condamne la deuxième étude de Raoult Stigalenas/iStock




L'ESSENTIEL
  • Le professeur Bergmann juge que la nouvelle étude du Pr Raoult est "encore plus mauvaise" que la précédente
  • Il affirme qu'il faut attendre les résultats d'une étude menée selon les règles classiques

Dr Jean-François Lemoine : La nouvelle étude confirme la précédente. Des résultats jugés extrêmement positifs par son auteur. Maintenez-vous vos doutes ?

Pr Jean-François Bergmann Non seulement je maintiens mes doutes, mais je les augmente ! Parce que la première étude, au moins, était « contrôlée », avec un bras  de contrôle certes de piètre qualité, mais il y avait un effort de comparaison. La deuxième étude est une cohorte de 80 malades, sans aucun bras comparateur; c’est donc encore plus mauvais ! Et penser que cette deuxième étude renforce la première, c’est comme croire qu’en ajoutant du mauvais au mauvais, on fait du bon… C’est désespérant que des universitaires s’abaissent à ce niveau de connaissance que je mettrais au niveau de celui du « ragot ». Heureusement,  il y en a d’autres qui travaillent sérieusement….

Dr J-F.L. : La baisse de charge virale est quand même importante dans cette nouvelle étude ?

Pr Bergmann Il y a effectivement une baisse importante de la charge virale; mais n’oubliez pas que TOUS les malades vont baisser leur charge virale, sans que l’on sache s’il s’agit des effets du médicament ou du temps. C’est pour cela que l’on exige des essais contrôlés! Pour savoir si cette baisse observée est plus précoce, plus forte, plus prolongée, plus définitive que dans le groupe contrôle. Si on exige cela, ce n’est pas pour embêter les chercheurs, mais c’est parce que c’est la seule façon de savoir. Ce qui est terrifiant, c’est que cela gêne le travail des autres, les patients refusant de rentrer dans les essais bien faits, pour être certains de ne pas recevoir le placebo à la place du principe actif… Ces données sont douteuses.

"Cela gène l’obtention de la vérité"

Dr J-F.L. : Ces études incontestables devait selon les autorités donner des résultats sous 8 jours. Or rien ne point…

Pr BergmannNon, non, c’est impossible, un tel délai. Il faut un nombre de malades important et ne pas s’intéresser qu’à la charge virale, mais aussi à l’amélioration des symptômes, en comparant toujours les deux groupes. Il va donc falloir plusieurs semaines.

Dr J-F.L. : Que répondez-vous à tous ces médecins tentés de prescrire au nom du « si ça ne fait pas de bien ça ne fait pas de mal ? »

Pr Bergmann : Je leur dit qu’il faut revenir aux fondamentaux de ces dernières années qui nous ont fait faire des progrès majeurs. D’ailleurs on ne sait pas avec certitude si cela « ne fait pas de mal »; il y a deux malades qui sont morts aux État-Unis par surdosage de ce produit –  et surtout cela gêne l’obtention de la vérité, c’est un déni de science…

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