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QUESTION D'ACTU

La chronique du Docteur Lemoine

Odorat, le sens pauvre...

Il revient sur le devant de la scène comme un des signes d’alerte pour suspecter un Covid-19 : l’olfaction est de nos cinq sens, celui qui a le plus régressé depuis la nuit des temps. Pourtant, certaines multinationales travaillent sur le marketing olfactif.

Odorat, le sens pauvre... SbytovaMN / iStock




L’homme est l’espèce qui utilise le plus mal son nez. Depuis près d’un million d’années, avec la station bipède, il privilégie nettement la vision. Autre caractéristique méconnue, sentir est une des composantes du système d’alerte plus qu’une des parties essentielle de la recherche de plaisir : 80% des odeurs détectées par l’homme ont une connotation aversive, 20% seulement sont associées à une émotion positive. C’est un sens qui permet d’écarter le danger plus que pour attirer. Une particularité qui explique le phénomène étonnant de l’exacerbation du sens olfactif chez les femmes enceintes. Elles ont une perception inhabituelle des odeurs parce qu’il s’agit d’un objectif naturel de l’évolution humaine : aiguiser chez elles tous les sens de l’alerte aux dangers extérieurs pour leur survie et celle de leur bébé !

Les chiens se reniflent apparemment avec beaucoup de plaisir, pourtant si certains prétendent que l’on « choisit son conjoint surtout à l’odeur », ce qui n’a jamais été démontré, il faut relativiser le rôle de communication « naturel » des odeurs… depuis l’avènement de l’hygiène, il y a 200 ans. Dans notre monde moderne où la pollution odorante est considérable, cette reconnaissance pourrait persister dans un monde très « familial » avec beaucoup de promiscuité sans beaucoup de toilette quotidienne.

Sens inexploité, il était naturel de voir naître un marketing des odeurs. Cela commence avec les senteurs « philtres d’amour », très populaires sur le net. Le mécanisme d’action est astucieux : proposer à des molécules artificielles, selon leur forme, de s’emboîter à certains récepteurs sensoriels de l’être aimé, comme le font deux pièces d’un Lego ! La théorie est séduisante, le résultat pas encore certifié. D’ailleurs l’utilisation exagérée des parfums n’est souvent pas un atout, car ce n’est qu’un élément de la panoplie sensorielle très large utilisée pour la séduction. La manipulation commerciale est en revanche beaucoup plus préoccupante. Rien d’anormal d’utiliser le pouvoir de certaines molécules de leurrer la molécule naturelle. Par exemple les arômes artificiels, banane, fraise ou les odeurs détestables pour les produits  « poisons » surtout domestiques. Mais en créant un besoin olfactif, l’objectif est beaucoup plus insidieux, très « tendance » et surtout efficace : l’odeur de citron des produit d’entretien, les show-rooms de vente de voitures anciennes avec odeur de santal et de vieux cuir… Exposé à une odeur, on construit mentalement une image et grâce à cet effet sensoriel très marqué, la manipulation des gens devient effective.

La recherche olfactive n’a pas que des côtés négatifs. Passons sur la tentative, aujourd’hui avortée, de mettre au point une arme de guerre efficace sans être dangereuse, pour persuader l’ennemi de se rendre pour faire cesser les odeurs désagréables. En revanche la police scientifique fonde de réels espoirs avec des tests aussi précis que les empreintes digitales ou l’analyse d’ADN. Les médecins se sont eux, emparés de la technique des chiens policiers. L’odeur perçue par l’animal devient une qualité que le chien ressent comme un succès, si le maître le récompense à chaque fois. On détourne avec le chien la perception d’une odeur « alerte » par celle d’une odeur « récompense ». Ces chiens reniflent les urines pour traquer la sarcosine, une molécule qui signe l’existence d’un cancer de la prostate, indétectable par nos instruments connus. Les premières études sont indiscutablement positives.

Et puis il y a cette nouveauté avec le covid déjà évoquée dans notre site.

https://www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/31852-La-perte-gout-l-odorat-symptomes-de-l-infection-coronavirus

Docteur Jean-François Lemoine

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La légende du musc 

Il n’attise pas le désir sexuel : c’est une odeur très bien ressentie par les femmes, mais pas forcément attirante ; elle l’est par contre chez de nombreux mammifères.

 


 

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