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Possible effet protecteur

Covid-19 : le vaccin BCG à l'essai

Plusieurs pays ont lancé des essais cliniques pour déterminer si la vaccination par le BCG pourrait fonctionner, au moins de manière partielle, contre le nouveau coronavirus. 

Covid-19 : le vaccin BCG à l'essai MarianVejcik/iStock




Le vaccin BCG (vaccin bilé de Calmette et de Guérin) est utilisé pour l'immunisation active contre la tuberculose. Il protège surtout les jeunes enfants de formes graves de la maladie, dont certaines méningites. Il s’agit de l’un des vaccins les moins chers qui soient et, à l’heure actuelle, il a été administré à plus de trois milliards de personnes à travers le monde. Aujourd’hui, alors que les études s’enchaînent afin de mettre au point un vaccin capable de venir à bout du nouveau coronavirus, plusieurs pays européens et l’Australie ont lancé des essais cliniques de grande ampleur pour déterminer si la vaccination par le BCG, pourrait fonctionner, au moins de manière partielles.   

Cela vient du fait que “des études épidémiologiques ont montré de façon intéressante une corrélation entre taux de vaccination au BCG et taux de morbidité et de mortalité face au Covid-19”, explique l’Institut national de santé et de la recherche médicale (Inserm). Toutefois, si la plupart de ces études vont dans le même sens, cela ne suffit pas pour conclure à une relation de causalité. En effet, elles “restent soumises à d’importants biais”, surtout concernant la différence de niveau de vie et de politique de santé entre les pays à fort et à faible taux de vaccination, est-il précisé. 

Il a notamment été montré que le BCG pouvait, entre autres, protéger les enfants contre les infections, surtout respiratoires. On l’utilise pour traiter certains cancers de la vessie, et il pourrait protéger contre l’asthme et des maladies auto-immunes telles que le diabète de type 1. Il pourrait donc permettre de diminuer l’importance de l’infection au virus SARS-CoV-2, en réduisant le risque d’infection ou la gravité des symptômes. 

Une “immunité innée entraînée”

L’effet protecteur contre les infections respiratoires est obtenu par des vaccins utilisant un agent infectieux (virus ou bactérie) vivant mais atténué. Ainsi, ici le BCG stimulerait la mémoire de l’immunité innée, acquise dès la naissance, soit la première ligne de défense contre les pathogènes s’introduisant dans l’organisme. Il induirait alors une “immunité innée entraînée”, détaille l’Inserm.

Ainsi, notre système immunitaire inné pourrait, tout comme le système immunitaire acquis, qui développe des anticorps, être préparé à mieux combattre les agressions. Dans le cas du Covid-19, on a remarqué chez les cas graves une réponse immunitaire excessive, avec la production incontrôlée de protéines pro-inflammatoires, les cytokines. Par conséquent, la vaccination contre le BCG “pourrait aider à mieux orchestrer cette réponse immunitaire inflammatoire”, explique Laurent Lagrost, directeur de recherche Inserm à BFMTV.

Le personnel médical testé en priorité 

C’est pourquoi, des chercheurs de plusieurs pays ont lancé de larges essais cliniques chez les personnes à haut risque d’exposition comme le personnel soignant. Aux Pays-Bas, le Centre médical de l'université Radboud à Nimègue a annoncé il y a deux semaines le lancement d’un essai clinique avec l'université d'Utrecht sur le personnel de santé : 500 recevront le vaccin et 500 un placebo. “S'il y a moins de monde dans le groupe vacciné par le BCG qui doit cesser le travail à cause de la maladie, ce sera un résultat encourageant”, explique Mihai Netea, professeur de médecine expérimentale, cité par Futura Sciences.  

En Australie, des chercheurs de l'Institut Murdoch à Melbourne ont aussi lancé un essai incluant 4 000 soignants dans les hôpitaux du pays. “Nous espérons voir une réduction dans la fréquence et la gravité des symptômes du Covid-19 des personnels soignants ayant été vaccinés avec le BCG”, détaille le chef de cette équipe de chercheurs, Nigel Curtis. 

En France, où la vaccination BCG était obligatoire jusqu’en 2007, Camille Locht, directeur de recherche Inserm à l’institut Pasteur de Lille, prépare la mise en place d’un d’essai clinique français en double aveugle, détaille l’Inserm. La plupart des participants à l'étude auront déjà eu une première vaccination”, explique le spécialiste, mais l'effet protecteur de celle-ci diminue au fil des années. Une collaboration avec l’Espagne est envisagée afin de comparer les bénéfices de la vaccination au BCG à placebo commun à grande échelle. Toutefois, si l’essai clinique voit le jour, il faudra ensuite suivre les participants pendant au moins deux mois avant d’avoir des données fiables.  

En attendant, la prudence est de mise

Dans le même temps, il y a “une réflexion autour d'un déploiement en Afrique” d'essais cliniques comparables, assure l’Inserm. Cela devrait avoir lieu dans le cadre de l'appel d'offres lancé par l'Agence nationale de recherche sur le VIH et les hépatites virales (ANRS) pour soutenir en urgence la recherche sur le Covid-19 dans les pays défavorisés. 

Si les résultats de ces études s’avéraient concluants, la vaccination par le BCG pourrait rapidement être déployée. En attendant, “les chercheurs se veulent prudents”, rappelle l’Inserm, qui conclut : “Aucune données ne permet à ce jour de recommander une vaccination au BCG pour se protéger du Covid-19.”

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