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QUESTION D'ACTU

Vives réactions après l’interview du Professeur Montagnier.

« Fake news » et « complotisme » … selon le Professeur Jean-Paul Stahl

Apparemment l’homme dérange… et les commentaires après les révélations du professeur Luc Montagnier, estimant que le coronavirus responsable du Covid-19 était une création d’un laboratoire Chinois, vont dans le même sens : tout en reconnaissant au Prix Nobel de médecine une participation exceptionnelle à l’avancée des connaissances sur le virus du Sida, ces mêmes scientifiques estiment que la production du professeur, depuis quelques années manque singulièrement de la rigueur que l’on peut attendre d’un chercheur comme lui. Témoignages désirant pour la plupart rester confidentiels. Un seul d’entre eux a accepté de répondre officiellement à nos questions, le professeur Jean-Paul Stahl, professeur d’infectiologie au CHU de Grenoble et ancien président de la SPILF, la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française.

« Fake news » et « complotisme » … selon le Professeur Jean-Paul Stahl Photoguns/iStock




Entretien recueilli par le Dr Jean-Paul Marre

Pourquoi Docteur : Que pensez-vous de la déclaration du Professeur Luc Montagnier ?

Jean-Paul Stahl : Je pense que cela accrédite cette « fake news » qui circule, c’est à dire la théorie du complot, c’est-à-dire le refus de l’évidence : un virus animal a été transmis à l’homme par une promiscuité que l’on peut   discuter, qui est peut-être condamnable, mais une promiscuité entre ces animaux et l’être humain, avec une modification du virus qui lui permets de devenir virulent chez l’homme. Le reste ce sont des fausses nouvelles et le complotisme habituelle

PDr : L’analyse bio mathématique du génome, dont parle Luc Montagnier, a-t-elle une valeur scientifique ?

JPS : Aucune ! Je ne suis pas biologiste… si jamais cela existe j’aurai l’excuse de l’ignorance… Moi ce que je connais, c’est l’analyse du génome d’un virus, et le génome du virus tel qu’il a été décrypté et qui a donné naissance aux techniques de dépistage et de diagnostic, on le connaît et il n’y a pas de surprises particulières. C’est un cousin des autres coronavirus sans adjonction de quoique ce soit, à ma connaissance.

PDr : Cette analyse génétique a d’abord été effectuée par les chinois, qui ont mis ce séquençage à la disposition de la communauté scientifique ; Puis elle a été refaite en France, en Europe et aux États-Unis : c’est toujours le même virus qui circule ?

JPS : Oui, oui ! le virus a été analysé en termes de surveillance pour vérifier qu’il ne mutait pas. Parce que c’est ce que l’on craignait. Espérant la bonne nouvelle qu’il devienne moins contagieux soit qu’il devienne plus virulent ce qui serait grave. Il a été analysé plusieurs fois et ne paraît pas bouger.

PDr : Dans la mesure où plusieurs équipes ont analysé le génome de ce virus, il est impossible que ces équipes aient pu passer à côté de l’adjonction d’une partie de virus du VIH ?

JPS : C’est impossible que l’on puisse passer à côté. Non je crois vraiment que l’on est dans la théorie du complot, sans aucune validité scientifique…

PDr : Il y a quand même beaucoup d’interrogations, sans parler de rumeurs, autour de ce « labo P4 de Wuhan » dont on vante la  haute sécurité et dans lequel des scientifiques Chinois travaillent effectivement sur les coronavirus.  Est-ce que l’hypothèse du Professeur Montagnier, de se servir d’un coronavirus pour faire un candidat-vaccin contre le virus du sida a une quelconque valeur scientifique ?

JPS : A ma connaissance non ! Je ne suis pas « conceptualisateur » de vaccins. Mais ce serait bien la première fois que l’on imagine utiliser le coronavirus comme vecteur. Il y a de nombreux virus qui ne sont pas pathogènes pour l’homme, je ne vois pas pourquoi on serait allé prendre celui-là. Ça me paraît bizarre

PDr : Votre opinion sur ce virus que vous voyiez se dessiner tous les jours. Il vous paraît très particulier ?

JPS : Non il n’est pas particulier, il a quelques caractéristiques uniques que l’on a appris au fil des malades, sur les cas graves justement. Par exemple ce concept de l’emballement immunitaire et inflammatoire secondaire qui est une caractéristique de ce virus et qui lui semble assez propre, spécifique. Mais pour le reste, il est tout à fait ordinaire dans ses mécanismes avec, il est clair, une contagiosité plus importante que ce que l’on pensait au début et une mortalité qui n’est pas encore définie, puis qu’on attend les enquêtes de prévalence dans la population. Il nous faudrait la sérologie, qui est le seul moyen de savoir le pourcentage de la population qui a été en contact avec le virus.

Pour le moment on a une mortalité qui est relativement élevée par rapport à celle de la grippe. Quand on aura la prévalence et l’évaluation du nombre de gens infectés, cette mortalité va diminuer mécaniquement. Est-ce qu’elle arrivera au niveau de celle de la grippe ? Sans doute pas…

Si l’on compare avec le SRAS, sa mortalité est bien plus faible mais sa contagiosité est plus élevée.

PDr : Pour conclure, sachant qu’on a quand même eu de mauvaises surprises avec ce virus comme grande fréquence de ce syndrome de détresse respiratoire aigu et peut-être des vascularites qui touchent d’autres organes que le poumon, peut-on attendre caractéristiques désagréables ou est-on sur la trajectoire d’un virus assez classique ?

JPS : Ce que l’on ne sait pas, c’est ce qu’il va se passer dans les quelques mois qui viennent ; c’est à dire savoir si on aura une deuxième vague d’infection ou si au contraire elle ne se produira pas. Il vaut mieux toutefois se préparer à cette deuxième vague. Ce que l’on attend en revanche dans un futur proche, ce sont les éventuels traitements efficaces s’il y en a - honnêtement je n’y crois pas trop - et la collections de toutes les expériences en réanimation pour améliorer la prise en charge en urgence dans le futur

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