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Masques, gants...

Coronavirus et déchets médicaux : la crise sanitaire aura de lourdes répercussions écologiques

La production d’objets jetables en plastique pour se protéger du coronavirus a explosé ces derniers mois. A terme, les conséquences écologiques de cette crise sanitaire pourraient être désastreuses. 

Coronavirus et déchets médicaux : la crise sanitaire aura de lourdes répercussions écologiques ADELART/iStock




L’épidémie de coronavirus qui paralyse la planète depuis des mois est un symbole de la mondialisation à outrance et, pour de nombreux experts, également celui d’une crise écologique dramatique. Mais, ironiquement, la crise sanitaire que nous traversons risque de mettre l’écologie encore plus à mal. Si le monde entier s'est réjoui de la baisse de la pollution atmosphérique dans les grandes villes en raison de l’arrêt des transports et de nombreuses usines polluantes, la production d’objets jetables en plastique pour se protéger du virus comme les masques et gants à usage unique a explosé ces derniers mois. Si ce pic de plastique ne devait durer que quelques semaines encore, les conséquences sur les océans déjà encombrés de déchets plastiques pourraient s’étaler sur des années, alertent les organisations environnementales.  

Nous savons que la pollution par le plastique est un problème mondial – elle existait avant la pandémie, mais nous avons vu beaucoup d'efforts de la part des industriels pour faire reculer certains des grands progrès qui ont été réalisés”, a notamment expliqué Nick Mallos, représentant de l'ONG américaine Ocean Conservancy, à CNN.

Les gants, comme les sacs en plastique, peuvent être pris pour des méduses ou d'autres types d'aliments pour les tortues marines. Nous savons que certains pays du monde n'ont pas les infrastructures nécessaires pour gérer une telle quantité de déchets et cela aura des conséquences sur l'environnement et la santé des Hommes”, a quant à lui déploré John Hocevar de l'antenne américaine de Greenpeace.

L'usage unique par mesure de précaution

En France, le groupe Stermied, spécialisé dans les emballages stériles pour l’univers médical a connu une augmentation drastique de commandes. “Nous connaissons une poussée de 30 à 40 % des demandes clients par rapport aux chiffres 2019”, s’est réjoui Thibaut Hyvernat, son président, auprès de L’Usine Nouvelle. En Chine, dans la province de Hubei, la quantité de déchets médicaux a atteint 665 tonnes par jour début mars contre 180 avant le 20 janvier, d’après le ministère de l’Ecologie et de l’Environnement.

Cette surconsommation de plastique depuis le début de l’épidémie n’est pas liée qu’au médical. “La fermeture des restaurants entraîne mécaniquement une augmentation de la consommation vers des produits emballés vendus en grande distribution, explique Emmanuel Guichard, délégué général d'Elipso, la fédération professionnelle du secteur de l’emballage plastique à l’AFP. Nous avons à peu près 30% de production en plus. C'est vraiment énorme”, détaille-t-il.

Début mars, avant le début du confinement, Starbucks avait même arrêté d’utiliser des tasses réutilisables dans ses cafés aux Etats-Unis et au Canada dans l’espoir de prévenir la propagation du coronavirus auprès de ses employés et de ses clients. Toutefois, le plastique n’est pas le seul problème, avec la multiplication de commandes Internet ces dernières semaines, la production de carton et de papier a également explosé.

Le tri sélectif au ralenti 

Un phénomène d’autant plus problématique qu'en France, le tri sélectif est en panne. Selon Le JDD, entre 42% et 45% des centres de tri français ont fermé leurs portes ainsi que 99% des déchetteries. La plupart des villes stockent des déchets d’emballage tandis que d’autres les mélangent aux autres déchets pour les enfouir ou les incinérer. C’est par exemple le cas à Paris où le tri a été suspendu afin de réduire les équipes et les risques de contaminations par la même occasion.

Pour garantir la protection des salariés du secteur, la ministre de la Transition écologique, Élisabeth Borne, a d'ailleurs demandé aux particuliers de jeter leurs mouchoirs, masques et gants usagés dans un sac en plastique dédié et bien fermé. Ce dernier doit être conservé 24 heures avant d'être placé dans le sac plastique pour ordures ménagères et non pas la poubelle jaune, celle des déchets recyclables. 

Enfin, reste le problème de l’eau de Javel. Dans l’espoir de stopper la propagation du coronavirus, plusieurs villes comme Reims, Colmar, Nice ou Menton se sont mises à désinfecter leurs rues à l’eau de Javel diluée, comme cela a été fait dans quelques pays asiatiques. "En s'appuyant sur ce comparatif et sur les connaissances à ce jour sur le Covid-19, des recommandations seront publiées pour indiquer si la mise en œuvre d'un nettoyage et/ou d'une désinfection de tout ou partie de l'espace public serait opportune. Dans l'attente, il est préférable de ne pas entreprendre ce type d'actions, qui peuvent par ailleurs être préjudiciables pour l'environnement", a finalement tranché l’Agence régionale de santé (ARS) début avril, recommandant ’attendre les conclusions de l’étude du Haut conseil de santé publique. En effet, face à  “la faible persistance du virus sur les surfaces”, conjuguée à “l’obligation générale de confinement”, “la charge virale dans l’environnement doit être considérée comme négligeable”. Ainsi, désinfecter l’espace public à l’eau de Javel serait “inutile” et dangereux pour l’environnement, notamment car les désinfectants utilisés pourraient s’écouler dans certains cours d’eau.
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