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Vacances

Été 2020 : «Les Français iront probablement moins sur les côtes et plus dans les terres»

En raison de la crise sanitaire, l'été 2020 devrait faire la part belle aux destinations françaises où les grands espaces et la montagne sont légion. Une tendance que l'on constate déjà dans les Alpes-de-Haute-Provence, où le volume d'affaire des Gîtes de France est passé de -24% fin mai à -16% mi-juin.

Été 2020 : \ bohemama/iStock




Emmanuel Macron l'a annoncé le 14 juin : "Dès demain, il sera à nouveau possible de se déplacer entre les pays européens". Invité de France 2 le 19 juin, Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, a confirmé cette volonté d'ouverture. "L’idée, c’est de pouvoir, à partir du 1er juillet, mettre sur la table une liste de pays à l’international d’où on pourra venir, où aller. C’est un travail très intense que l’on fait entre Européens", indique-t-il. 

Tandis que l'homme politique encourage aussi bien les pays membres de l'Union européenne que les Français "à un tourisme tricolore, à un été bleu blanc rouge", difficile de passer à côté des campagnes publicitaires actuellement déployées par nombre de départements pour mettre leurs attraits touristiques au goût du jour. Une tendance semble se démarquer : l'offre de la montagne et des grands espaces.

Les grands espaces à la conquête des Français

Les gorges du Verdon, le lac d'Allos, les champs de lavande, le col de la Bonette… C'est en partie sur ces lieux propices au dépaysement et à la promenade que mise le département des Alpes-de-Haute-Provence. Le 5 juin, le territoire a déployé un plan de relance de l'activité touristique d'envergure nationale. Depuis cette date, et pour une durée totale de trois semaines, deux spots publicitaires présentant les attraits locaux seront diffusés dans le cadre d'une campagne télévisée et d'une autre cross media. 

"Avec un budget de près de 2 millions d’euros, il s’agira de la plus importante campagne jamais réalisée en France pour la promotion de nos territoires", indique le communiqué. Cette somme comprend une autre diffusion de trois semaines, qui sera réalisée à la fin du mois d'août pour l'arrière-saison. "Chaque année, nous avons un plan d'action destiné à promouvoir la destination, mais il était davantage axé sur des salons thématiques, comme celui du randonneur, par exemple", présente Isabelle Desbets, chargée des relations presse au sein de l'Agence de Développement Touristique des Alpes de Haute-Provence. 

Dans le contexte sanitaire actuel, l'opération a été entièrement revue. "Nous avons dû prendre en compte toutes les peurs que les vacances peuvent engendrer, donc en mettant en avant le caractère très naturel et les grands espaces des Alpes-de-Haute-Provence", poursuit-elle. Objectif : reconquérir les Français, mais aussi séduire la clientèle de proximité en faisant séjourner les excursionnistes qui viennent habituellement une journée. "L'idée est de dire : 'Restez plus longtemps, passez une partie de vos vacances ici, et s'il faut rentrer en urgence pour des raisons d'ordre sanitaire, vous n'êtes pas loin de chez vous'", résume Isabelle Desbets. 

"Cette année, l'ensemble des deux mois est réservé"

S'il est encore trop tôt pour avoir des chiffres précis sur l'efficacité de la campagne, il n'y a "que des bons retours", notamment du côté de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH) 04 et de la Chambre de commerce et d'Industrie des Alpes-de-Haute-Provence. "On a des indicateurs plutôt favorables, confirme la chargée des relations presse. Depuis plus de deux semaines, et notamment en parallèle du lancement de la campagne de promotion, les choses bougent pas mal".

Une tendance positive qui ne semble pas uniquement être le fait du plan de relance. "Normalement, les réservations pour la saison estivale s'anticipaient entre le 15 juillet et le 15 août. Cette année, l'ensemble des deux mois est réservé", se réjouit-elle. Elle l'impute à la volonté de "sécuriser" des vacances, face à l'incertitude qui entourait jusqu'à peu les départs hors de France. "Pour nous, ça a un effet vertueux en matière de visibilité sur la saison dans les hébergements et les campings", indique Isabelle Desbets.

"On recommence à faire des réservations plutôt que des annulations" 

Chez les Gîtes de France 04, le soulagement se fait ressentir. "On est tous très contents et super motivés, confie Myriam Douaïfia-Biette, responsable commerciale. Notre activité redevient normale : on recommence à faire des réservations plutôt que des annulations". Par rapport à l'année passée, tous les chiffres sont à la hausse : les réservations sont "en avance" sur les mois de juin, juillet et septembre, avec un taux d'occupation supérieur d'1,5% à 3%. "Même si c'est positif, je ne pense pas que ce soit très significatif : 2019 s'est révélée être catastrophique", souligne notre interlocutrice.

À la fin du mois de mai, le volume d'affaires des Gîtes de France 04 était d'environ -24%. "Il est aujourd'hui à -16% ; l'écart se réduit, c'est très encourageant", constate Myriam Douaïfia-Biette. Elle note également beaucoup d'appels d'une clientèle de proximité, provenant surtout des Bouches-du-Rhône et du Var, dès la sortie du confinement. "Ils concernaient les week-ends de fin mai et de début juin, qui étaient plus longs en raison des jours fériés, précise la responsable commerciale. Cette clientèle de proximité nous a également contactés pour des séjours plus conséquents pendant l'été, allant de 7 à 10 nuits. Peut-être qu'avec la crise, les Français ne veulent pas partir trop loin ?".

Des inquiétudes sanitaires toujours "assez élevées"

Pour Sandra Hoibian, pas de doute : le confinement a induit un changement dans les habitudes de vacances des Français. Et ce, "de plusieurs manières". "La première est sûrement la plus forte. C'est la crise économique qui se profile, et qui aura un impact important, puisque le départ en vacances est extrêmement lié aux questions financières : cela représente jusqu'à 8% du budget des familles modestes, assure la directrice du pôle Évaluation et société du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc). Avec l'augmentation du chômage et l'arrêt des contrats courts, il est certain qu'il y aura moins de départs en vacances".

L'experte évoque également les conséquences des inquiétudes sanitaires. "Elles demeurent assez élevées : on peut les toucher du doigt avec la proportion de Français qui déclarent porter un masque", rapporte Sandra Hoibian. Conséquence : les lieux de vacances comme les littoraux, où beaucoup de personnes se rendent habituellement et où le contact semble inévitable, sont désormais moins attractifs.

"Par ailleurs, les offres évoluent : comme les festivals et les rassemblements sont fermés jusqu'à la rentrée et que les conditions de vie sur les plages sont encore incertaines, ceux qui privilégiaient ces destinations vont probablement se reporter vers d'autres, estime l'experte. Ce n'est pas évident de savoir dans quel sens cela va se faire, mais les Français iront probablement moins sur les côtes et plus dans les terres". Une aubaine pour les départements comme celui des Alpes-de-Haute-Provence.

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