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QUESTION D'ACTU

Virus à ARN à brin négatif segmenté

Ces virus qui volent notre ADN pour mieux nous attaquer

De nombreux virus, dont ceux de la grippe, volent les signaux génétiques des humains afin de développer leurs propres génomes.

Ces virus qui volent notre ADN pour mieux nous attaquer Prykhodov/iStock




L'ESSENTIEL
  • "Les virus s'emparent de leur hôte au niveau moléculaire, et ce travail identifie une nouvelle façon dont certains virus peuvent extraire tout le potentiel de la machinerie moléculaire qu'ils exploitent".
  • Cela "implique qu'un grand nombre d'espèces virales peuvent fabriquer des gènes jusqu'alors insoupçonnés".
  • Ainsi, à terme, cette découverte pourrait servir à mettre de nouveaux vaccins au point.

Mauvais Sang, 28 jours plus tard, Virus… Alors que le nouveau coronavirus a contaminé la planète entière en quelques mois, instaurant une crise sanitaire sans précédent, ces films de science-fiction mettant en scène un virus surpuissant et dévastateur de l’humanité ne semblent plus si éloignés de la réalité. Aujourd’hui, une nouvelle étude parue dans la revue Cell va plus encore loin et fait froid dans le dos. D’après les chercheurs, de nombreux virus, dont ceux de la grippe, volent les signaux génétiques de leurs hôtes pour développer leurs propres génomes.

Pour en arriver à cette effrayante conclusion, des chercheurs d’une équipe collaborative interdisciplinaire ont examiné un vaste groupe de virus connus sous le nom de virus à ARN à brin négatif segmenté (VANS). Ces derniers comprennent des agents pathogènes graves et répandus chez les humains, les animaux domestiques et les plantes comme le virus de la grippe A ou celui de Lassa qui entraîne la fièvre du même nom.

En fabriquant des hybrides d’ARNm de l’Homme avec leurs propres gènes, les virus arrivent à produire des messages avec des codons de départs supplémentaires, dérivés de l’hôte. Tels des généraux de guerre, ils donnent des instructions précises aux machines qui fabriquent des protéines dans les cellules de leur victime via un processus appelé “cap-snatching”. Dans le détail, ils coupent l’extrémité d’un des propres messages codant pour les protéines de la cellule et prolongent cette séquence avec une copie d’un de leurs propres gènes.  

Pendant des décennies, nous avons pensé qu'au moment où le corps rencontre le signal pour commencer à traduire ce message en protéine (un ‘codon de départ’), il lit un message qui lui est fourni uniquement par le virus. Nos travaux montrent que la séquence de l'hôte n'est pas silencieuse”, a déclaré le docteur Ivan Marazzi, professeur associé de microbiologie à l'école de médecine d'Icahn et auteur correspondant de l'étude. Les chercheurs ont baptisé les protéines virales qui en résultent, inconnues jusque-là, OVNI.

Utiliser ces connaissances pour contribuer à l’éradication d’épidémies 

Les virus s'emparent de leur hôte au niveau moléculaire, et ce travail identifie une nouvelle façon dont certains virus peuvent extraire tout le potentiel de la machinerie moléculaire qu'ils exploitent. Bien que le travail effectué ici se concentre sur les virus de la grippe, il implique qu'un grand nombre d'espèces virales peuvent fabriquer des gènes jusqu'alors insoupçonnés”, commente Ed Hutchinson, PhD, auteur correspondant et chercheur au Centre de recherche sur les virus du MRC-Université de Glasgow.

D’autres études sont désormais nécessaires afin de comprendre cette nouvelle classe de protéines et les implications de leur expression envahissante par de nombreux virus à ARN, à l’origine d’épidémies et de pandémies. “Maintenant que nous savons que ces gènes insoupçonnés existent, nous pouvons les étudier et utiliser ces connaissances pour contribuer à l'éradication de la maladie”, s’enthousiasme Ivan Marazzi.

Ainsi, à terme, cette découverte pourrait servir à mettre des vaccins au point. "La capacité d'un agent pathogène à surmonter les barrières de l'hôte et à établir l'infection est basée sur l'expression de protéines dérivées de l'agent pathogène (…) Pour comprendre comment un agent pathogène antagonise l'hôte et établit l'infection, nous devons avoir une compréhension claire des protéines qu'un agent pathogène encode, de leur fonctionnement et de la manière dont elles contribuent à la virulence”, développe Ivan Marazzi. Un grand effort mondial est nécessaire pour stopper les épidémies et les pandémies virales, et ces nouvelles connaissances pourraient conduire à l'identification de nouveaux moyens de stopper l'infection.” 

Seuls les virus de type A ont été responsables de pandémies grippales à ce jour

Chaque année, la grippe tue des milliers de personnes dans le monde. Les virus A et B de la grippe sont responsables des épidémies saisonnières chez l’homme mais seuls les virus de type A ont été responsables de pandémies à ce jour, selon Santé publique France. En moyenne, tous les ans, la maladie entraîne 10 000 décès en France, principalement chez les personnes âgées. En 2019, l’épidémie de grippe a été marquée par un nombre élevé d’hospitalisations après recours aux urgences pour syndrome grippal et de cas graves admis en réanimation, ainsi qu’une surmortalité en peu de temps. En cause : la co-circulation des virus A(H3N2) et A(H1N1) et un vaccin peu efficace.  

Quant à la maladie de Lassa, il s’agit d’une fièvre hémorragique virale aiguë d’une à quatre semaines, sévissant en Afrique occidentale. L’infection se fait par le contact avec des excréments ou l’urine d’un rongeur péri-domestique appelé Mastomys natalensis. Nombre de ces derniers vivent à proximité, voire à l'intérieur, des habitations dans les zones d'endémie. Si la maladie est souvent asymptomatique, une infection sur cinq entraîne une atteinte sévère de plusieurs organes tels que le foie, la rate et les reins. Malheureusement, il n’existe pour l’heure aucun vaccin contre cette maladie. Sa prévention passe principalement par une bonne hygiène afin d’éviter que les rongeurs ne pénètrent dans les maisons.

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