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Poliovirus

Comment l’Afrique a éradiqué la poliomyélite

Dans un communiqué du 25 août, l’OMS a annoncé l’éradication de la souche sauvage responsable de la poliomyélite en Afrique. Principal foyer de contamination au début des années 2000, le Nigéria n’a plus connu de cas depuis quatre ans.

Comment l’Afrique a éradiqué la poliomyélite Teka77/iStock




L'ESSENTIEL
  • L'OMS a annoncé l'éradication du virus responsable de la poliomyélite, le dernier cas remontant à 2014.
  • Le virus continue cependant de circuler en Afghanistan et au Pakistan.
  • Si les souches sauvages ont été éradiquées par les différentes de campagne de vaccination, des souches vaccinales ayant muté peuvent encore se propager à travers les populations à risque.

C’est officiel : le continent africain a désormais éradiqué le poliovirus sauvage responsable de la poliomyélite. L’annonce a été faite par communiqué mardi 25 août par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui s’est félicitée de la nouvelle. “Maintenant que cette étape historique est franchie, 5 des 6 régions de l’OMS — représentant plus de 90 % de la population mondiale — sont désormais exemptes de poliovirus sauvage et l’éradication mondiale de la poliomyélite est de plus en plus proche", écrit l’agence sanitaire rattachée à l’ONU. “Grâce aux efforts déployés par les gouvernements, le personnel soignant et les communautés, plus de 1,8 million d’enfants ont été sauvés.”

Une maladie infectieuse très contagieuse

Due au poliovirus sauvage (PVS), la poliomyélite est une maladie infectieuse aiguë qui envahit le système nerveux de la moelle épinière et peut paralyser totalement un individu en quelques heures seulement. Touchant majoritairement les enfants de moins de 5 ans, la polio provoque, dans un cas sur 200, une paralysie irréversible, et pour 5 à 10% des patients paralysés, la maladie est fatale. Les premiers symptômes généralement constatés sont des vomissements, de la fièvre, des maux de tête, des douleurs dans les membres ou des raideurs dans la nuque.

La transmission de la maladie se fait principalement par la voie féco-orale, c’est-à-dire qu’une personne s’infecte lorsqu’elle met en contact avec sa bouche des choses ayant été souillées par des matières fécales (doigt, objet, nourriture). Une fois la personne contaminée, le virus se multiplie dans l’intestin.

N’existant à ce jour pas de traitement contre la poliomyélite, la seule manière d’agir contre le virus est la vaccination, mise au point dans les années 1950, alors que le virus était alors répandu dans le monde entier.

Si les pays développés ont rapidement mené des campagnes de vaccination qui ont permis une éradication rapide du virus, l’Afrique et l’Asie sont restés d’importants foyers infectieux jusque dans les années 2000.

Des campagnes mondiales de vaccination

Ainsi, en 1988, l’OMS dénombrait 350 000 cas à travers le monde. En 1996, l’Afrique comptait encore plus de 70 000 cas de poliomyélite et ce, malgré les campagnes de vaccination de grande envergure lancées à travers le continent à partir de 1988.

C’est grâce à ces dernières que le poliovirus a cependant fini par s’éteindre. Au total, 19 milliards de dollars ont été injectés sur 30 ans pour combattre la poliomyélite. “On est passé de 35 000 cas notifiés dans 125 pays endémiques en 1988, à 8500 cas dans 60 pays en 1994 et 784 cas dans 7 pays en 2003", détaille au Figaro le professeur Pierre Saliou, ancien président de l'Académie des sciences d'outre-mer et professeur agrégé du Val-de-Grâce.

Outre les deux vaccins existants, parfois difficilement acceptés par les populations locales, l’OMS a misé sur le traçage du virus dans les eaux usées. Une stratégie payante, notamment au Nigéria qui était encore, jusqu’en 2014, un des foyers endémiques de la poliomyélite. “Ce revirement a permis de limiter la circulation du virus avant même l'apparition de nouveaux cas. Seulement une personne infectée sur cent présente des symptômes de paralysie. Rien n'empêche que l'épidémie progresse à bas bruit, si on se contente de l'observation des malades", estime Maël Bessaud, chercheur au sein de l'unité Populations virales et pathogenèse à l'Institut Pasteur. Résultat : le dernier cas de poliomyélite sur le sol nigérien a été enregistré en 2014.

La lutte mondiale contre le poliovirus est cependant loin d’être terminée. Selon l’OMS, 29 cas de poliomyélite ont été recensés en Afghanistan depuis le début de l’année et 58 au Pakistan. De même, si les souches sauvages ont disparu en Afrique, des souches vaccinales ayant muté peuvent encore se propager dans le monde, “dans certains contextes", prévient l’OMS.

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