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L’hydroxychloroquine, définitivement hors jeu pour traiter la Covid-19 ?

Une méta-analyse de grande ampleur confirme l’inefficacité de l’hydroxychloroquine pour traiter la Covid-19. Son association avec l’azithromycine, préconisée par le professeur Didier Raoult, augmenterait même le risque de mortalité.

L’hydroxychloroquine, définitivement hors jeu pour traiter la Covid-19 ? amlanmathur/iStock




L'ESSENTIEL
  • L'association hydroxychloroquine-azithromycine est associée à un risque de mortalité accru chez les patients infectés de la Covid-19.
  • Les chercheurs ont examiné 839 publications scientifiques et ont retenu les 24 les plus sérieuses pour arriver à leurs conclusions.

Est-ce la fin du débat autour de la chloroquine ? Une importante méta-analyse réalisée par des chercheurs de l’Inserm a conclu sur l’inefficacité de l’hydroxychloroquine pour traiter la Covid-19 et sur une augmentation du risque de mortalité si celle-ci est associée à l’azithromycine, comme le suggère le professeur Didier Raoult. Cette étude a été publiée le 26 août dans la revue Clinical Microbiology and Infection.

La plus grande méta-analyse sur le sujet de l’hydroxychloroquine

Pour l’étude, les chercheurs ont comparé l’hydroxychloroquine avec ou sans azithromycine par rapport aux traitements standards pour soigner les patients atteints de la Covid-19. Les résultats ont révélé que l’association des deux médicaments conduit à un risque de mortalité plus élevé que les soins classiques. “Il s'agit en fait d'un risque relatif, un rapport de survenu du décès entre ceux qui reçoivent le traitement et ceux qui ne le reçoivent pas, avance Thibault Fiolet, doctorant en épidémiologie à l'Inserm/université Paris-Saclay et auteur principal de l’étude. Pour être plus précis, il faut calculer le risque absolu qui tient compte de la mortalité de base pour les patients hospitalisés tous traitements confondus. Dans ce cas le risque de mortalité pour les patients traités par hydroxychloroquine + azithromycine passe de 27% à 7%. L'effet est moindre mais toujours délétère.”

Pour arriver à ces résultats, les chercheurs ont mené d’importants travaux. “Dans cette analyse nous avons collecté et examiné 839 articles scientifiques parus ces derniers mois et retenu 29 en tenant compte de certains critères”, indique Mathieu Rebeaud, doctorant en biochimie à l'université de Lausanne (Suisse) et coauteur de la publication. Parmi les études retenues, cinq ont par la suite été exclues car elles présentaient des risques de biais trop importants pouvant nuire à l'analyse finale. Ce sont donc finalement 24 publications qui ont été étudiées, dont 17 qui ont comparé l’hydroxychloroquine et les soins standards et 7 qui les ont comparées à l’association hydroxychloroquine + azithromycine. Au total, elles ont concerné 12 000 patients traités à l’hydroxychloroquine, 8 000 soignés avec la combinaison des deux médicaments et 13 000 qui ont reçu des soins standards. “Ce sont les plus gros effectifs réunis dans une méta-analyse sur le Covid-19. Les méta-analyses précédentes rassemblaient moins de 6 ou 7 études”, confirme Thibault Fiolet.

Quelques limites mais une tendance

Les chercheurs admettent quelques limites à leur étude malgré tout. La plupart des études retenues sont observationnelles, donc réalisées après sur les données hospitalières et ne sont donc pas imperméables aux biais. Parmi eux, le fait que les patients n’ont pas reçu le traitement au même moment : certains l’ont reçu dès leur entrée à l’hôpital tandis que d'autres l'ont eu après plusieurs jours d’hospitalisation. Un autre biais peut concerner le fait qu’outre l’association hydroxychloroquine-azithromycine, d’autres médicaments ont pu leur être prescrit, comme des corticostéroïdes. Dans ces cas-là, difficile de savoir quelle molécule est responsable de l’augmentation des risques de mortalité.

Malgré ces limites, cette méta-analyse vient confirmer d’autres études, notamment une menée par l’Agence nationale de sécurité du médicament, sur les effets secondaires néfastes de ce traitement. L’OMS avait suspendu tous les essais cliniques dont elle est partenaire et les prescriptions de ce médicament ont été suspendues en France le 27 mai dernier.

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