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Superbactéries

Un vieux médicament boosté pour lutter contre une infection nosocomiale

Un espoir dans la lutte contre l'entérocoque résistant à la vancomycine, une des principales cause de maladie nosocomiale aux États-Unis. La piste qui repose sur la modification d'un médicament utilisé dans le glaucome pourrait aboutir à la création d'un nouveau traitement permettant d'éviter les milliers de décès.

Un vieux médicament boosté pour lutter contre une infection nosocomiale royaltystockphoto/istock




L'ESSENTIEL
  • Une équipe de recherche a mis au point un médicament pour traiter l'entérocoque résistant à la vancomycine (ERV), une bactérie antibiorésistante responsable d'infections nosocomiales.
  • Pour ce faire, ils ont modifié un vieux médicament et ont façonné de telle sorte que les molécules ne s'attaquent qu'à l'entérocoque résistant à la vancomycine dans des endroits précis du corps humain.

Un vieux médicament peut-il soigner une maladie nosocomiale ? C'est le pari qui semble avoir été réussi par une équipe de recherche américaine de l'Université de Purdue (Indiana, États-Unis). Dans une étude publiée le 28 juillet dernier dans la revue Journal de chimie médicinale, des équipes du Collège de pharmacie et du Collège de médecine vétérinaire de cette université montrent comment ils ont améliorer un échafaudage de molécules afin de lutter contre l'entérocoque résistant à la vancomycine (ERV), une des principales causes d'infections nosocomiales aux États-Unis. Chaque année, ces organismes infectent 20 000 personnes aux États-Unis, et 10% d'entre elles provoquent un décès.

Pour lutter contre ces "super-bactéries", résistantes à l'antibiotique vancomycine, ces scientifiques ont créé des molécules spécialement façonnées pour les détruire ou les contenir. Pour cela, ils ont modifié un médicament utilisé depuis plus de 80 ans pour traiter le glaucome, l'insuffisance cardiaque congestive et certains autres problèmes de santé. "La puissance de ces molécules et la possibilité d'en modifier les propriétés afin qu'elles ciblent les ERV dans différentes parties du corps ont rendu ce projet passionnant, assure Daniel Flaherty professeur adjoint de chimie médicinale et de pharmacologie moléculaire. Je crois que notre découverte pourrait aider à changer la façon dont les gens traitent l'ERV à l'avenir."

Un nouveau médicament contre les résistances aux antibiotiques

Un enjeu de santé publique puisque la résistance aux antibiotiques rend certaines infections intraitables. Or selon Mohamed Seleem, professeur de microbiologie et co-directeur de l'étude, les antibiotiques actuellement sur le marché détruisent trop de bactéries différentes à la fois. "Ces antibiotiques peuvent aussi détruire les bonnes bactéries, regrette le chercheur en microbiologie. Ensuite, quelqu'un peut développer le "Clostridium difficile", également connu sous le nom de "C. diff", qui tue environ 30 000 personnes chaque année aux États-Unis. Des scientifiques du monde entier travaillent sur de meilleures solutions, mais je pense que nous sommes loin de voir proliférer des antibiotiques à spectre étroit sur le marché."

Or il estime tout comme son collègue que leur médicament modifié pallie ce type de problème. "Nous pouvons former des molécules dont le but sera de traiter des infections systémiques mortelles à ERV, ou, par la manipulation de ses propriétés, les façonner de manière à ce qu'elles forment une enceinte de molécules qui ne se développe que dans le tractus gastro-intestinal pour réduire une colonisation de ERV, se réjouit Daniel Flaherty. En croisant plusieurs disciplines à l'Université de Purdue, nous avons été en mesure d'améliorer 600 fois l'efficacité de ce médicament par rapport aux débuts des traitements." Ils assurent également dans leur étude de pouvoir uniquement cibler les ERV ainsi que restreindre leur action à la circulation systémique [circulation sanguine entre le cœur et les organes, NDLR] ou dans le tractus gastro-intestinal, d'où proviennent toutes les infections à ERV. 1 patient hospitalisé sur 20 contracte une infection nosocomiale en France. 4 000 personnes en meurent, dans l'hexagone, chaque année.

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